« Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/266 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
Wuyouyuan: split
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
lieu d’exil. Hégésippe, surpris de cet ordre, ne put s’empêcher de pleurer de joie. C’est maintenant, dit-il au roi, que vous allez charmer vos sujets. Ces deux hommes ont causé tous vos malheurs et tous ceux de vos peuples ; il y a vingt ans qu’ils font gémir tous les gens de bien, et qu’à peine ose-t-on même gémir, tant leur tyrannie est cruelle ; ils accablent tous ceux qui entreprennent d’aller à vous par un autre canal que le leur. Ensuite Hégésippe découvrit au roi un grand nombre de perfidies et d’inhumanités commises par ces deux hommes, dont le roi n’avait jamais entendu parler, parce que personne n’osait les accuser. Il lui raconta même ce qu’il avait découvert d’une conjuration secrète pour faire périr Mentor. Le roi eut horreur de tout ce qu’il voyait.
lieu d’exil. Hégésippe, surpris de cet ordre, ne put s’empêcher de pleurer de joie.


Hégésippe se hâta d’aller prendre Protésilas dans sa maison : elle était moins grande, mais plus commode et plus riante que celle du roi ; l’architecture était de meilleur goût ; Protésilas. l’avait ornée avec une dépense tirée du sang des misérables. Il était alors dans un salon de marbre, auprès de ses bains, couché négligemment sur un lit de pourpre avec une broderie d’or ; il paraissait las et épuisé de ses travaux ; ses yeux et ses sourcils montraient je ne sais quoi d’agité, de sonore et de farouche. Les plus grands de l’État étaient autour de lui, rangés sur des tapis, composant leur visage sur celui de Protésilas, dont ils observaient jusqu’au moindre clin d’œil. À peine ou vrai-il la bouche, que tout le monde se récriait pour admirer ce qu’il allait dire. Un des principaux de la troupe lui racontait avec des exagérations ridicules ce que Protésilas lui-même avait fait pour le roi. Un autre lui assurait que Jupiter, ayant trompé sa mère, lui avait donné la vie, et qu’il était fils du père des dieux. Un poète venait de lui
C’est maintenant - dit-il au roi - que vous allez charmer vos sujets. Ces deux hommes ont causé tous vos malheurs et tous ceux de vos peuples : il y a vingt ans qu’ils font gémir tous les gens de bien et qu’à peine ose-t-on même gémir, tant leur tyrannie est cruelle ; ils accablent tous ceux qui entreprennent d’aller à vous par un autre canal que le leur.

Ensuite Hégésippe découvrait au roi un grand nombre de perfidies et d’inhumanités commises par ces deux hommes, dont le roi n’avait jamais entendu parler, parce que personne n’osait les accuser. Il lui raconta même ce qu’il avait découvert d’une conjuration secrète pour faire périr Mentor. Le roi eut horreur de tout ce qu’il voyait.

Hégésippe se hâta d’aller prendre Protésilas dans sa maison, elle était moins grande, mais plus commode et plus riante que celle du roi ; l’architecture était de meilleur goût ; Protésilas l’avait ornée avec une dépense tirée du sang des misérables. Il était alors dans un salon de marbre auprès de ses bains, couché négligemment sur un lit de pourpre avec une broderie d’or ; il paraissait las et épuisé de ses travaux ; ses yeux et ses sourcils montraient je ne sais quoi d’agité, de sombre et de farouche. Les plus grands de l’État étaient autour de lui rangés sur des tapis, composant leurs visages sur celui de Protésilas, dont ils observaient jusqu’au moindre clin d’œil. A peine ouvrait-il la bouche, que tout le monde se récriait pour admirer ce qu’il allait dire. Un des principaux de la troupe lui racontait avec des exagérations ridicules ce que Protésilas lui-même avait fait pour le roi. Un autre lui assurait que Jupiter, ayant trompé sa mère, lui avait donné la vie et qu’il était fils du père des dieux. Un poète venait de lui