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{{tiret2|ar|rêtait}} le roi, c’est qu’il craignait la sévérité de Philoclès. J’avoue y disait-il, que je ne puis m’empêcher de craindre un peu son retour, quoique je l’aime et que je l’estime. Je suis depuis ma tendre jeunesse accoutumé à des louanges, à des empressements et à des complaisances que je ne saurais espérer de trouver dans cet homme. Dès que je faisais quelque chose qu’il n’approuvait pas, son air triste me marquait assez qu’il me condamnait. Quand il était en particulier avec moi, ses manières étaient respectueuses et modérées, mais sèches.
le roi, c’est qu’il craignait la sévérité de Philoclès.


Ne voyez-vous pas, lui répondit Mentor, que les princes gâtés parla flatterie trouvât sec et austère tout ce qui est libre et ingénu ? Ils vont même jusqu’à s’imaginer qu’on n’est pas zélé pour leur service, et qu’on n’aime pas leur autorité, dès qu’on n’a point l’âme servile, et qu’on n’est pas prêt à les flatter dans l’usage le plus injuste de leur puissance. Toute parole libre et généreuse leur parait hautaine, critique et séditieuse. Ils deviennent si délicats, que tout ce qui n’est point flatteur les blesse et les irrite. Mais allons plus loin. Je suppose que Philoelès est effectivement sec et austère : son austérité ne vaut-elle pas mieux que la flatterie pernicieuse de vos conseillers ? trouverez-vous un homme sans défonts ? et le défont de vous dire trop hardiment la vérité n’est-il pas celui que vous devez le moins craindre ? que dis-je ! n’est-ce pas un défaut nécessaire pour corriger les vôtres, et pour vaincre ce dégoût de la vérité où la flatterie vous a fait tomber ? Il vous faut un homme qui n’aime que la vérité et vous ; qui vous aime mieux que vous ne savez vous aimer vous-même ; qui vous dise la vérité malgré vous ; qui force tous vos retranchements : et cet homme nécessaire, c’est PhiIodés. Souvenez-vous qu’un prince est trop heureux quand
"J’avoue - disait-il - que je ne puis m’empêcher de craindre un peu son retour, quoique je l’aime et que je l’estime. Je suis, depuis ma tendre jeunesse, accoutumé à des louanges, à des empressements et à des complaisances, que je ne saurais espérer de trouver dans cet homme. Dès que je faisais quelque chose qu’il n’approuvait pas, son air triste me marquait assez qu’il me condamnait. Quand il était en particulier avec moi, ses manières étaient respectueuses et modérées, mais sèches.

Ne voyez-vous pas - lui répondit Mentor - que les princes gâtés par la flatterie trouvent sec et austère tout ce qui est libre et ingénu ? Ils vont même jusqu’à s’imaginer qu’on n’est pas zélé pour leur service et qu’on n’aime pas leur autorité, dès qu’on n’a point l’âme servile et qu’on n’est pas prêt à les flatter dans l’usage le plus injuste de leur puissance. Toute parole libre et généreuse leur paraît hautaine, critique et séditieuse. Ils deviennent si délicats, que tout ce qui n’est point flatteur les blesse et les irrite. Mais allons plus loin. Je suppose que Philoclès est effectivement sec et austère : son austérité ne vaut-elle pas mieux que la flatterie pernicieuse de vos conseillers ? Ou trouverez-vous un homme sans défauts, et le défaut de vous dire trop hardiment la vérité n’est-il pas celui que vous devez le moins craindre ? Que dis-je ? n’est-ce pas un défaut nécessaire pour corriger les vôtres et pour vaincre le dégoût de la vérité, où la flatterie vous a fait tomber ? Il vous faut un homme qui n’aime que la vérité et vous, qui vous aime mieux que vous ne savez vous aimer vous-même, qui vous dise la vérité malgré vous, qui force tous vos retranchements, et cet homme nécessaire, c’est Philoclès. Souvenez-vous qu’un prince est trop heureux quand