« Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/228 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
Wuyouyuan: split
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<nowiki />
<nowiki />


Télémaque répondit avec vivacité :
Télémaque répondit avec vivacité : Idoménée a perdu, par sa faute, le royaume de ses ancêtres en Crète ; et, sans vos conseils, il en aurait perdu un second à Salente.


J’avoue, reprit Mentor, qu’il a fait de grandes fautes ; mais cherchez dans la Grèce, et dans tous les autres pays les mieux policés, un roi qui n’en ait point fait d’inexcusables. Les plus grands hommes ont dans leur tempérament et dans le caractère de leur esprit, des défauts qui les entraînent ; et les plus louables sont ceux qui ont le courage de connaître et de réparer leurs égarements. Pensez-vous qu’Ulysse, le grand Ulysse, votre père, qui est le modèle des rois de la Grèce, n’ait pas aussi ses faiblesses et ses défauts ? Si Minerve ne l’eût conduit pas à pas, combien de fois aurait-il succombé dans les périls et dans les embarras où la fortune s’est jouée de lui ! Combien de fois Minerve l’a-t-elle retenu ou redressé, pour le conduire toujours à la gloire par le chemin de la vertu ! N’attendez pas même, quand vous le verrez régner avec tant de gloire à Ithaque, de le trouver sans imperfection ; vous lui en verrez, sans doute : La Grèce, l’Asie, et toutes les îles des mers, l’ont admiré malgré ces défauts ; mille qualités merveilleuses les font oublier. Vous serez trop heureux de pouvoir l’admirer aussi, et de l’étudier sans cesse comme votre modèle.
— Idoménée a perdu par sa faute le royaume de ses ancêtres en Crète, et, sans vos conseils, il en aurait perdu un second à Salente.


Accoutumez-vous donc, ô Télémaque, à n’attendre des plus grands hommes que ce que l’humanité est capable de faire. La jeunesse, sans expérience, se livre à une critique présomptueuse, qui la dégoûte de tous les modèles qu’elle a besoin de suivre, et qui la jette dans une indocilité incurable. Non-seulement vous devez aimer, respecter, imiter votre père, quoiqu’il ne soit point parfait ; mais encore vous devez avoir une haute estime pour {{tiret|Ido|ménée|}}
"J’avoue - reprit Mentor - qu’il a fait de grandes fautes ; mais cherchez dans la Grèce et dans tous les autres pays les mieux policés un roi qui n’en ait point fait d’inexcusables. Les plus grands hommes ont, dans leur tempérament et dans le caractère de leur esprit, des défauts qui les entraînent, et les plus louables sont ceux qui ont le courage de connaître et de réparer leurs égarements. Pensez-vous qu’Ulysse, le grand Ulysse, votre père, qui est le modèle des rois de la Grèce, n’ait pas aussi ses faiblesses et ses défauts ? Si Minerve ne l’eût conduit pas à pas, combien de fois aurait-il succombé dans les périls et dans les embarras où la fortune s’est jouée de lui ! Combien de fois Minerve l’a-t-elle retenu ou redressé, pour le conduire toujours à la gloire par le chemin de la vertu ! N’attendez pas même, quand vous le verrez régner avec tant de gloire à Ithaque, de le trouver sans imperfections : vous lui en verrez, sans doute. La Grèce, l’Asie, et toutes les îles des mers l’ont admiré malgré ces défauts ; mille qualités merveilleuses les font oublier. Vous serez trop heureux de pouvoir l’admirer aussi et de l’étudier sans cesse comme votre modèle.

Accoutumez-vous donc, ô Télémaque, à n’attendre des plus grands hommes que ce que l’humanité est capable de faire. La jeunesse, sans expérience, se livre à une critique présomptueuse, qui la dégoûte de tous les modèles qu’elle a besoin de suivre et qui la jette dans une indocilité incurable. Non seulement vous devez aimer, respecter, imiter votre père, quoiqu’il ne soit point parfait ; mais encore vous devez avoir une haute estime pour Idoménée,