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entre les savants de nationalités différentes, et que par suite les traductions en espéranto sont infiniment supérieures à celles dans les langues naturelles ».

Les savants de la délégation vont donc nous donner dans cette langue merveilleuse d’excellentes traductions des chefs-d’œuvre de toutes les langues, et notamment de la nôtre. Lorsqu’il les possédera, pourquoi un étranger se donnerait-il la peine d’apprendre notre langue si longue à acquérir, et si défectueuse ?

J’avoue que, pour ma part, n’étant nullement polyglotte, il me serait fort agréable de pouvoir, avec aussi peu de peine, goûter les chefs-d’œuvre de toutes les langues étrangères.

Quant à la traduction des ouvrages scientifiques, elle serait encore plus facile que celle des œuvres littéraires.

J’affirme donc, sans craindre d’être démenti par aucune personne impartiale, que si votre Espéranto était — ce qu’il n’est pas — une véritable langue, s’il possédait réellement les qualités que vous lui attribuez, si, comme vous y comptez, il devenait universel et obligatoirement enseigné dans le monde entier, la langue française devrait rentrer au dedans de ses frontières, comme le limaçon dans sa coquille. Et il en serait de même de toutes les langues vivantes, dont la vôtre est, nous dites-vous, la meilleure amie.

Mais le désastre, car c’en serait un, se bornerait-il là ? C’est douteux.

Je sais bien qu’il n’y a pas un délégué ou un espérantiste qui ne crie bien fort ou n’écrive en grosses lettres dans cette phrase : « La langue artificielle n’est pas appelée à remplacer dans la vie habituelle de chaque peuple les idiomes nationaux. » Est-ce bien pour tous l’idée de derrière la tête ?

Je ne ferai pas aux grands chefs l’injure de douter de leur sincérité, mais qu’ils me permettent de leur dire qu’en exprimant cette conviction, ils sont ou imprudents ou maladroits ou au moins bien aveugles. Je vais essayer de leur prouver que le désastre qu’ils préparent au dehors pourrait bien ne pas s’arrêter à nos frontières.

On a souvent observé que la France était un des pays dans lesquels l’unité de langage était la mieux réalisée. En effet, on compte, dit-on, environ, en Suisse 4 langues, en Alle-