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rôle, pleine de charme, attirait à lui toutes les sympathies. En moins de rien, je fus séduit. Aller au Tchad, se lancer dans cet immense inconnu, si plein de dangers de toutes sortes, n’y avait-il pas de quoi tenter le jeune enthousiaste que j’étais ! Nous nous rencontrâmes, Crampel et moi, chez un ami commun, M. Dorlhac, receveur des postes à Libreville, et je lui demandai à l’accompagner. Dès les premiers mots, il accepta ; je serais chargé des observations astronomiques… Bref, il ne s’agissait plus que d’une chose, obtenir du ministre de la Marine l’autorisation de partir. Cela ne paraissait pas très commode et j’allais me décider à faire intervenir M. de Brazza, quand tout fut rompu.

Crampel, dans une des nombreuses causeries que nous avions, exprima un jour l’idée qu’un chef de mission devait toujours prendre conseil de son entourage et que si, à un moment donné, un Sénégalais même lui donnait un avis, il ne le dédaignerait pas.

Cette thèse me paraissait, à moi officier, tout à fait extraordinaire. J’estimai que, du moment qu’on était le chef, on devait savoir ce qu’on voulait et qu’on n’avait à prendre conseil de personne… Crampel s’obstina dans son opinion, moi dans la mienne, si bien que je me décidai à le laisser partir seul. J’avoue que j’en eus beaucoup de chagrin.

Peu de temps après, je fis la connaissance d’un agent du Congo, M. Fourneau, qui recevait de M. de Brazza une mission identique à celle de Crampel. Mais, au lieu de prendre l’Oubangui comme voie d’accès, il devait emprunter le cours de la Sanga, créer un poste au point terminus de la navigation de cette rivière, et s’en servir comme de base d’opérations pour pénétrer plus avant et entamer des négociations avec les peuplades musulmanes.

Ce plan, conçu par M. de Brazza lui-même, était parfait. Il ne manquait qu’une chose pour qu’il fût réalisable… des moyens… Fourneau n’était pas outillé pour réussir. Il lui aurait fallu une centaine de Sénégalais ; il n’en avait que trente. Il avait très