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{{p|7:1:2:1|}}{{T6|§ {{rom-maj|i}}{{e|er}}. — Époque des semailles.}}
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Nous ne parlerons pas ici des préparations auxquelles on a proposé de soumettre les plantes avant de les confier à la terre ; nous aurons soin de les indiquer lorsque nous traiterons de la culture spéciale. L’époque où l’on doit semer est subordonnée au climat, à la rusticité de la plante, au temps où l’on se propose d’en récolter les produits. On tomberait dans une grave erreur si l’on croyait qu’il y a pour chaque contrée une époque fixe pour la semaille. Les Anglais, qui ont sur ce sujet des idées très-saines, possèdent un adage qui devrait être répété par tous les cultivateurs : « ''Soyez plutôt hors du temps que de la température.'' » A l’époque ordinaire des semailles, l’inclémence de la saison ne laisse souvent aucun espoir de succès : alors, malheur au cultivateur qui, ne sachant pas se plier aux circonstances, s’obstine à exécuter cette opération dans un temps peu opportun. — Le moment des semailles d’automne est indiqué par des signes naturels qui sont les mêmes pour tous les climats. Je rapporte les paroles d’{{sc|Olivier de Serre}} sur cet objet : « Les premières feuilles des arbres tombant d’elles-mêmes nous donnent avis de l’arrivée de la saison des semences. Les araignées de terre aussi par leurs ouvrages nous sollicitent à jeter nos blés en terre ; car jamais elles ne filent eu automne que le ciel ne soit bien disposé à faire germer nos blés de nouveau semés, ce qu’on connaît aisément à la lueur du soleil qui fait voir les filets et toiles de ces bestioles traverser les terres en rampant sur les guérets. Instructions générales qui peuvent servir et être communiquées à toutes nations, propres à chaque climat, et indiquées par la nature qui, par ces choses abjectes, sollicite les paresseux à mettre la dernière main à leur ouvrage, sans user d’aucune remise ni longueur. » Ces préceptes sont excellents pour déterminer l’époque la plus favorable à la semaille des plantes hivernales. — Celles qui sont semées en une autre saison courent beaucoup plus de chances, et le cultivateur habile saisira aux cheveux l’occasion qui se présentera favorable. Il n’y a souvent au printemps qu’une semaine, qu’un jour propice, et il faut être préparé d’avance à en profiter. Il est même des circonstances où il vaut mieux semer en temps convenable, au risque de ne pas donner à la terre les préparations d’usage. Je ne connais pas de céréales qui exige un sol plus meuble que l’orge ; cependant il arrive souvent que pour procurer à la terre cette pulvérisation si utile, l’époque de la sémination se trouve ajournée indéfiniment ; les chaleurs de l’été surprennent la jeune plante dans son enfance, et sa végétation se trouve arrêtée instantanément. Ainsi, toutes les fois que pour donner au sol une meilleure façon on sera obligé d’outre-passer de beaucoup l’époque reconnue la plus convenable, on pourra être assuré d’une diminution notable dans les produits.
Nous ne parlerons pas ici des préparations auxquelles on a proposé de soumettre les plantes avant de les confier à la terre ; nous aurons soin de les indiquer lorsque nous traiterons de la culture spéciale. L’époque où l’on doit semer est subordonnée au climat, à la rusticité de la plante, au temps où l’on se propose d’en récolter les produits. On tomberait dans une grave erreur si l’on croyait qu’il y a pour chaque contrée une époque fixe pour la semaille. Les Anglais, qui ont sur ce sujet des idées très-saines, possèdent un adage qui devrait être répété par tous les cultivateurs : « ''Soyez plutôt hors du temps que de la température.'' » A l’époque ordinaire des semailles, l’inclémence de la saison ne laisse souvent aucun espoir de succès : alors, malheur au cultivateur qui, ne sachant pas se plier aux circonstances, s’obstine à exécuter cette opération dans un temps peu opportun. — Le moment des semailles d’automne est indiqué par des signes naturels qui sont les mêmes pour tous les climats. Je rapporte les paroles d’{{sc|Olivier de Serre}} sur cet objet : « Les premières feuilles des arbres tombant d’elles-mêmes nous donnent avis de l’arrivée de la saison des semences. Les araignées de terre aussi par leurs ouvrages nous sollicitent à jeter nos blés en terre ; car jamais elles ne filent en automne que le ciel ne soit bien disposé à faire germer nos blés de nouveau semés, ce qu’on connaît aisément à la lueur du soleil qui fait voir les filets et toiles de ces bestioles traverser les terres en rampant sur les guérets. Instructions générales qui peuvent servir et être communiquées à toutes nations, propres à chaque climat, et indiquées par la nature qui, par ces choses abjectes, sollicite les paresseux à mettre la dernière main à leur ouvrage, sans user d’aucune remise ni longueur. » Ces préceptes sont excellents pour déterminer l’époque la plus favorable à la semaille des plantes hivernales. — Celles qui sont semées en une autre saison courent beaucoup plus de chances, et le cultivateur habile saisira aux cheveux l’occasion qui se présentera favorable. Il n’y a souvent au printemps qu’une semaine, qu’un jour propice, et il faut être préparé d’avance à en profiter. Il est même des circonstances où il vaut mieux semer en temps convenable, au risque de ne pas donner à la terre les préparations d’usage. Je ne connais pas de céréales qui exige un sol plus meuble que l’orge ; cependant il arrive souvent que pour procurer à la terre cette pulvérisation si utile, l’époque de la sémination se trouve ajournée indéfiniment ; les chaleurs de l’été surprennent la jeune plante dans son enfance, et sa végétation se trouve arrêtée instantanément. Ainsi, toutes les fois que pour donner au sol une meilleure façon on sera obligé d’outre-passer de beaucoup l’époque reconnue la plus convenable, on pourra être assuré d’une diminution notable dans les produits.


Si nous examinons la question dans ses rapports avec l’économie rurale et la chimie agricole, nous verrons : 1° que, pour les semailles d’automne, ''les terres argileuses doivent être ensemencées avant celles dont la nature est calcaire ou siliceuse''. Les terrains de ce dernier genre se laissent encore travailler à l’arrière-saison, même lorsque les pluies ne laissent entre elles que de courts intervalles, parce qu’ils laissent abondamment échapper l’humidité dont ils se sont emparés. L’argile, au contraire, où l’évaporation est beaucoup plus lente, devient plastique, boueuse et difficile à cultiver. Les hommes, les animaux sont excédés de fatigue, les instrumens fonctionnent mal ou se brisent, et il n’est que trop commun de voir une semaille, ainsi exécutée, anéantir toute espèce de succès ; 2° Qu’on doit encore ''semer les premières les terres les plus éloignées'' des bâtimens d’exploitation, afin de pouvoir saisir, pour celles qui sont plus rapprochées, les courts
Si nous examinons la question dans ses rapports avec l’économie rurale et la chimie agricole, nous verrons : 1° que, pour les semailles d’automne, ''les terres argileuses doivent être ensemencées avant celles dont la nature est calcaire ou siliceuse''. Les terrains de ce dernier genre se laissent encore travailler à l’arrière-saison, même lorsque les pluies ne laissent entre elles que de courts intervalles, parce qu’ils laissent abondamment échapper l’humidité dont ils se sont emparés. L’argile, au contraire, où l’évaporation est beaucoup plus lente, devient plastique, boueuse et difficile à cultiver. Les hommes, les animaux sont excédés de fatigue, les instrumens fonctionnent mal ou se brisent, et il n’est que trop commun de voir une semaille, ainsi exécutée, anéantir toute espèce de succès ; 2° Qu’on doit encore ''semer les premières les terres les plus éloignées'' des bâtimens d’exploitation, afin de pouvoir saisir, pour celles qui sont plus rapprochées, les courts