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à Rhode-Island, afin de diriger les préparatifs de l’établissement du collège. Mais une grande déception lui était réservée. La promesse ne fut pas tenue, et au bout de trois ans de séjour en Amérique il dut revenir (1731). Il ne se consola jamais de l’échec de ses grandes espérances. Depuis cette époque il vit la vie sous de plus sombres couleurs. — Les souvenirs de la belle nature qui s’offrait à ses yeux à Rhode-Island se trouvent dans la riche mise en scène du dialogue Alciphron (1732), dans lequel il reprit sa polémique contre les libres penseurs, tout en cherchant en même temps à donner un exposé clair et populaire de ses idées philosophiques. Il émet dans cet ouvrage, sur les difficultés communes à la religion naturelle et à la religion révélée, une idée analogue à celle que son ami Butler développa en détail peu d’années après dans l’Analogy. Il dirige sa polémique contre deux types différents de libres penseurs, contre ceux de l’espèce de Mandeville, aussi bien que contre ceux de l’espèce de Shaftesbury, et il triomphe en montrant qu’ils se prennent aux cheveux quand le représentant de Mandeville déclare que la religion naturelle est une chose incomplète, si elle n’est pas soutenue par la religion surnaturelle. — Les dialogues de Berkeley offrent même aujourd’hui un grand intérêt pour la discussion des problèmes philosophiques et théologiques, ainsi que pour leur belle langue et la perfection de leur forme dialoguée.

Nommé évêque de Cloyne, dans le sud de l’Irlande (depuis 1734), Berkeley se montra également père spirituel zélé, philanthrope et patriote. Il était estimé et aimé non seulement des protestants, mais encore des catholiques (qui formaient presque les 5/6 de la population de son évêché). Il préconisa l’admission des catholiques à l’Université. Dans son Querist (1735-1737), il agita une foule de problèmes sociaux et de questions relatives au patriotisme irlandais. La médecine n’était pas elle-même étrangère à son activité. Il croyait avoir trouvé dans « l’eau de goudron » une panacée contre diverses maladies, et il cherche à en expliquer la raison dans un de ses derniers ouvrages (Siris, 1744) ; cet ouvrage est en même temps remarquable en raison de la tendance mystique et platonicienne de sa pensée. Les derniers ouvrages sortis de sa main sont