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à ses idées religieuses. Peu d’années après l’apparition de ces œuvres, il alla à Londres, coudoya les cercles littéraires et commença à combattre les libres penseurs dans des articles qui paraissaient dans la revue de Steele, « The Guardian ». Sa polémique a un caractère enfantin et naïf ; il s’étonne par exemple (dans les Remarks on Collins Discourse of Freethinking) que les libres penseurs ne cherchent pas dans les jouissances sensuelles une compensation à la félicité surnaturelle, et qu’ils vivent presque toujours loin du monde et tout entiers à leurs études ! (Lorsque Berkeley déclare dans un autre passage de ces articles : « Si je ne croyais pas en l’immortalité, j’aimerais mieux être une huître qu’un homme ! » il se trouve par conséquent en contradiction avec lui-même, en tant qu’il ne dit pas que l’huître a en partage des jouissances sensuelles toutes particulières.) Les libres penseurs, dit-il, proclament publiquement qu’ils ont moins de raison d’être vertueux que les autres hommes. Mais c’est mal connaître la force de la passion, que de croire que la beauté de la vertu soit un contre-poids suffisant à l’heure de la tentation ! — Après avoir publié un brillant exposé populaire de ses idées philosophiques sous forme de dialogue (Dialogues between Hylas and Philonous, 1713), il passa plusieurs années à voyager en France et en Italie. Son journal de voyage nous montre des yeux et une intelligence ouverts à la nature, à l’histoire et aux questions sociales. À son retour, il accepta une fonction ecclésiastique en Irlande, mais il ne put y rester bien longtemps. Il perdit l’espoir de réaliser son projet, de ramener les hommes de la vieille Europe au naturel et à la simplicité de la pensée et de la vie. Il trouvait l’Europe trop affaiblie par l’âge. Il attendait du jeune et vierge pays situé au delà de l’Atlantique un âge d’or pour la foi, la science et l’art comme pour la vie. À cela se joignait son zèle pour la propagation du christianisme parmi les païens et un goût romantique pour la libre nature. Il épancha ce désir dans une poésie (Du projet de transplanter les arts et les sciences en Amérique). Il conçut le dessein de créer dans les Bermudes une institution pour former des missionnaires américains. Après avoir obtenu de l’État au prix de longs efforts la promesse qu’il le soutiendrait dans cette entreprise, il s’établit