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firent passer la théorie de la connaissance avant la métaphysique. Si (pour parler avec Kant) on entend par dogmatisme une tendance à utiliser nos idées pour approfondir l’essence des choses, sans éprouver suffisamment les conditions et les limites de la connaissance, tandis que la philosophie critique éprouve précisément la faculté de connaître, avant de spéculer sur l’existence, la philosophie critique commence définitivement avec John Locke.
<section begin="s1"/>firent passer la théorie de la connaissance avant la métaphysique. Si (pour parler avec Kant) on entend par dogmatisme une tendance à utiliser nos idées pour approfondir l’essence des choses, sans éprouver suffisamment les conditions et les limites de la connaissance, tandis que la philosophie critique éprouve précisément la faculté de connaître, avant de spéculer sur l’existence, la philosophie critique commence définitivement avec John Locke.


Mais derrière cette opposition purement philosophique entre la philosophie dogmatique et la philosophie critique, il y a une opposition historique plus étendue. Les systèmes philosophiques ne sont pas le seul objet de la critique : l’examen critique se tourne contre toutes les autorités, contre toutes les puissances existantes. La notion de substance en philosophie, avait, ainsi que nous l’avons vu, un pendant dans l’autorité absolue en politique. Maintenant vient le siècle de l’émancipation, en même temps que celui de la critique. Le processus dont les monades de Leibniz sont les symboles : les individus rendus autonomes, ressort avec une sobre clarté dans le grand bilan de la pensée que fait Locke en réglant le compte des autorités et des traditions dans les domaines de la science, de l’éducation, de l’État et de l’Église. Leibniz et Wolff affirmaient le principe de raison suffisante et l’appliquaient. John Locke et ses successeurs soumirent à un examen approfondi tous les principes — et au bout du compte le principe même de raison suffisante.
Mais derrière cette opposition purement philosophique entre la philosophie dogmatique et la philosophie critique, il y a une opposition historique plus étendue. Les systèmes philosophiques ne sont pas le seul objet de la critique : l’examen critique se tourne contre toutes les autorités, contre toutes les puissances existantes. La notion de substance en philosophie, avait, ainsi que nous l’avons vu, un pendant dans l’autorité absolue en politique. Maintenant vient le siècle de l’émancipation, en même temps que celui de la critique. Le processus dont les monades de Leibniz sont les symboles : les individus rendus autonomes, ressort avec une sobre clarté dans le grand bilan de la pensée que fait Locke en réglant le compte des autorités et des traditions dans les domaines de la science, de l’éducation, de l’État et de l’Église. Leibniz et Wolff affirmaient le principe de raison suffisante et l’appliquaient. John Locke et ses successeurs soumirent à un examen approfondi tous les principes — et au bout du compte le principe même de raison suffisante.


À côté de la façon énergique dont on traite le problème de la connaissance, il s’accomplit un examen non moins énergique du problème de l’estimation des valeurs. L’éthique acquiert dans l’école anglaise une place plus indépendante qu’il ne se pouvait dans les grands systèmes dont l’intérêt propre détournait le regard bien au delà de la vie humaine. Grâce à la méthode empirique employée dans cette école, le fondement de l’éthique philosophique apparaît sous un jour plus complet.
À côté de la façon énergique dont on traite le problème de la connaissance, il s’accomplit un examen non moins énergique du problème de l’estimation des valeurs. L’éthique acquiert dans l’école anglaise une place plus indépendante qu’il ne se pouvait dans les grands systèmes dont l’intérêt propre détournait le regard bien au delà de la vie humaine. Grâce à la méthode empirique employée dans cette école, le fondement de l’éthique philosophique apparaît sous un jour plus complet.
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