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ces désordres accidentels qui disparaissent après quelque temps d’épreuve. Évidemment il tient à des causes générales, et il constate, dans les populations, des sentiments qu’il peut n’être pas inutile d’étudier et d’apprécier.

M. de Grimaldi, dans son mémoire sur le mouvement qui porte la population de la montagne à chercher des moyens d’existence hors des lieux où elle a longtemps vécu, a indiqué les causes d’un désordre fâcheux pour le présent et redoutable pour l’avenir. Il a expliqué par des faits incontestables, et par des nécessités réelles, ces déplacements qui ne sont ni dans la nature de l’homme, ni dans les mœurs de notre patrie. Un sentiment naturel fixe en effet l’homme à l’endroit où il a vu sa famille se former, grandir et continuer son industrie ou en créer une nouvelle. Le cœur s’attache instinctivement aux lieux qui lui rappellent des souvenirs ; et quand une nécessité impérieuse l’oblige à les abandonner, il y a en lui comme un déchirement dont chacun, à des degrés différents, a éprouvé la douleur. D’un autre côté, les habitudes sont puissantes. Les populations de la France ont toujours été étroitement attachées au sol, et s’il est dans certaines parties, des familles qui abandonnent, pour exercer une industrie particulière, leurs villages ou leurs campagnes, l’absence n’est dans leur pensée que passagère, et le terme en est toujours fixé au moment même du départ. Pour que ce double lien soit rompu, il faut donc des causes puissantes. Celles qui tiennent au climat, à l’infertilité du sol, à l’insuffisance des moyens d’existence, expliquent sans doute ces changements si radicaux de position pour un grand nombre de familles qui appartiennent à l’arrondissement de Castres. Elles ne peuvent s’appliquer au même fait qui se produit dans toutes les parties de la France avec une intensité au moins égale.

Ce fait est constant, et il préoccupe à juste titre les économistes. Aussi, a-t-on recherché les moyens de le combattre, ou de le ramener à de moindres proportions. Peut-être s’est-on trop exclusivement préoccupé des causes physiques et des