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les forçats du mariage

reux : tu feras bien les choses, tu accorderas une lune de miel convenable à cette ingénue qui te donne ses millions. Doit-elle être laide, grands dieux pour avoir tant de millions que ça ! Pauvre lapin ! Toi qui aimes tant les jolies femmes, quelle pénitence !

Combien de temps va durer ton carême ? Six mois. C’est bien gentil. Ciel et terre ! Je frémis à la pensée que dans six mois il pourrait te pousser du ventre. C’est là, dit-on, l’effet le plus ordinaire, sinon le plus terrible, du mariage et de la vertu.

Qui m’eût dit, il y a deux mois seulement, que le brillant comte Robert, le plus corrompu et le plus séduisant des mauvais sujets, serait un jour marié, père de famille, deviendrait un noble potiron, serait député, sénateur ! car une fois dans la voie du ramollissement, on ne s’arrête plus. Tu verras que sous peu tu siégeras dans une Chambre quelconque. Si l’on m’avait prédit ces choses sinistres et invraisemblables, je les aurais accueillies comme si l’on m’eût annoncé à moi, Nana, que j’entrerais chez des béguines pour faire pénitence. Tu peux croire que ce prophète de malheur eût reçu au visage un bel éclat de rire, voire même une carafe.

Aujourd’hui, je ne ris plus, je pleure presque ; je serais inconsolable si je n’étais sûre que tu ne t’accommoderas pas longtemps au régime du con-