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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

Poivre, qui hantaient certaines régions d’Asie Mineure, de Grèce et d’Albanie. C’est toujours le peuple malicieux et ingénieux des tout petits. Ils seraient donc presque à leur place dans cette forêt d’Athènes où Shakespeare les fait évoluer.

Figurez-vous une vision de clair de lune. Titania passe en robe diaphane, sans courber la pointe des herbes étincelantes de rosée. Ses sujets ont des occupations dignes de leur merveilleuse petite reine, de minuscules et minutieuses occupations. « Je vais partout, dit une fée de sa suite, plus rapide que la sphère de la lune, et je sers la reine des fées, pour humecter la verdure de ses perles de rosée… Il faut que j’en cherche des gouttes ici, et que je suspende une perle à l’oreille de chaque fleur. » Le roi et la reine de cette cour fantastique, Obéron et Titania, se rencontrent, suivis de leur aérien cortège.

Nous savons où le poète a trouvé son roi Obéron, c’est l’exquis roi fée de nos vieilles et héroïques chansons carolingiennes. Il ne fait avec Titania qu’un ménage médiocre, nous semble-t-il, à condition, toutefois, que l’on puisse juger d’un ménage de féerie. Ah ! l’Obéron des chansons de geste était plus grave, plus doux, plus sage, plus beau, plus mystérieux que celui de Shakespeare. Titania, la volage épouse d’Obéron, avec son caractère d’inconstance et d’infidélité, défrayait aussi depuis quelque temps les récits de la littérature populaire. On avait chanté ses amours avec un ménestrel enlevé par elle au royaume de féerie. Mais c’est de Shakespeare que lui vient le meilleur de sa renommée littéraire.

Il la fait évoluer dans un Bois près d’Athènes, mais ce n’est plus le bois de Colone ombragé d’oliviers et fleuri de narcisses, le bois classique aux