« Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, IV.djvu/197 » : différence entre les versions

StarLord77 (discussion | contributions)
Aucun résumé des modifications
StarLord77 (discussion | contributions)
Aucun résumé des modifications
 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 2 : Ligne 2 :
trouvent nécessairement placés sur des plateaux assez élevés au-dessus du fond des bassins des rivières qui les bordent, et dans lesquels ils versent leurs eaux. Lorsque les étangs se succèdent en suivant la pente générale du plateau, sans verser dans des rivières latérales, il faut que le sol ait au moins, de pente, la somme des hauteurs de toutes leurs chaussées, ce qui donnerait déjà, pour une vingtaine seulement d’étangs qui se suivraient, 150 à 200 pieds de pente ; mais il en est assez peu qui soient placés de cette manière, et leur nombre se trouverait toujours très circonscrit si le plateau n’était coupé par de petites rivières. Les bassins de ces rivières servent de débouchés à d’autres petits bassins tertiaires où sont placés les étangs ; alors une moindre pente générale est nécessaire pour un même nombre d’étangs ; mais le plateau cependant doit avoir une assez forte pente et être très élevé au-dessus du grand bassin dont il suit le cours. Les pays d’étangs en France sont donc, contrairement à l’opinion générale et qui domine dans le rapport de la commission de l’an {{rom-maj|iv }}, les plus élevés après les pays montagneux ; cette différence de niveau du plateau où sont placés les étangs avec les plaines de littoral qui l’environnent suffit pour que le climat y soit naturellement un peu plus froid.
trouvent nécessairement placés sur des plateaux assez élevés au-dessus du fond des bassins des rivières qui les bordent, et dans lesquels ils versent leurs eaux. Lorsque les étangs se succèdent en suivant la pente générale du plateau, sans verser dans des rivières latérales, il faut que le sol ait au moins, de pente, la somme des hauteurs de toutes leurs chaussées, ce qui donnerait déjà, pour une vingtaine seulement d’étangs qui se suivraient, 150 à 200 pieds de pente ; mais il en est assez peu qui soient placés de cette manière, et leur nombre se trouverait toujours très circonscrit si le plateau n’était coupé par de petites rivières. Les bassins de ces rivières servent de débouchés à d’autres petits bassins tertiaires où sont placés les étangs ; alors une moindre pente générale est nécessaire pour un même nombre d’étangs ; mais le plateau cependant doit avoir une assez forte pente et être très élevé au-dessus du grand bassin dont il suit le cours. Les pays d’étangs en France sont donc, contrairement à l’opinion générale et qui domine dans le rapport de la commission de l’an {{rom-maj|iv }}, les plus élevés après les pays montagneux ; cette différence de niveau du plateau où sont placés les étangs avec les plaines de littoral qui l’environnent suffit pour que le climat y soit naturellement un peu plus froid.


{{p|9:3:5|}}{{T5|§ {{rom-maj|v }}. — De la nature de sol propre à l'établissement des étangs, et de l'imperméabilité du sol.}}
{{p|9:3:5|}}{{T6|§ {{rom-maj|v }}. — De la nature de sol propre à l’établissement des étangs, et de l'imperméabilité du sol.}}


Il est encore une condition tout-à-fait indispensable pour l’établissement des étangs dans un pays ; c’est que la couche inférieure du sol ou du sous-sol soit peu perméable. Si ce sous-sol se laisse facilement traverser par l’eau, il est évident que pendant l'été, lorsque les pluies tombent à de longs intervalles, l’infiltration, aidée de l’évaporation produite par de longues journées de chaleur, diminue la masse des eaux de manière à faire périr le poisson et à mettre quelquefois l’étang à sec. Cette condition du sous-sol imperméable appartient presque exclusivement à une nature de terrain très abondamment répandue sur la surface du globe : elle est désignée dans beaucoup de pays sous le nom de ''terre à bois'', parce que ce produit y réussit assez ordinairement : dans l’Ain, Saône-et-Loire, le Jura, et dans beaucoup d’autres lieux, elle porte le nom de ''terrain blanc'' ou ''terre blanche'', ''blanche terre'' ; c’est la ''boulbenne'' ou ''bolbine'' du Midi, le ''gault'' dans quelques endroits, et souvent le ''diluvium'' pour beaucoup de géologues. Elle est composée de sable fin siliceux et d’argile, mêlés ensemble d’une manière intime ; elle offre plus ou moins de ténacité, suivant que le sable est plus ou moins fin, ou que l’argile s’y trouve en plus ou moins grande proportion. Lorsque la surface arrive à un état sablonneux, le plus souvent encore le sous-sol renferme assez d’argile pour ne point se laisser pénétrer par les eaux ; comme il ne contient point de parties calcaires, l'eau ne peut point le déliter, c’est-à-dire séparer ses parties, et par suite traverser facilement ses couches inférieures. Ce sol, amené à l’état sec, reprend ensuite à la pluie une proportion d’eau considérable ; mais lorsqu’il en est saturé, tout ce qui tombe de plus reste en plus grande partie à sa surface ou s’en écoule, ce qui forme tout son avantage pour les étangs ; il est très long à sécher, parce qu’il ne peut perdre d’une manière bien sensible son humidité ou l’eau de sa surface que par l’évaporation ou la transpiration des plantes qui le couvrent. La couche supérieure repose presque toujours sur un sable argileux, coupé de veines rougeâtres moins pénétrables encore par l’eau que le sol de la surface.
Il est encore une condition tout-à-fait indispensable pour l’établissement des étangs dans un pays ; c’est que la couche inférieure du sol ou du sous-sol soit peu perméable. Si ce sous-sol se laisse facilement traverser par l’eau, il est évident que pendant l’été, lorsque les pluies tombent à de longs intervalles, l’infiltration, aidée de l’évaporation produite par de longues journées de chaleur, diminue la masse des eaux de manière à faire périr le poisson et à mettre quelquefois l’étang à sec. Cette condition du sous-sol imperméable appartient presque exclusivement à une nature de terrain très abondamment répandue sur la surface du globe : elle est désignée dans beaucoup de pays sous le nom de ''terre à bois'', parce que ce produit y réussit assez ordinairement : dans l’Ain, Saône-et-Loire, le Jura, et dans beaucoup d’autres lieux, elle porte le nom de ''terrain blanc'' ou ''terre blanche'', ''blanche terre'' ; c’est la ''boulbenne'' ou ''bolbine'' du Midi, le ''gault'' dans quelques endroits, et souvent le ''diluvium'' pour beaucoup de géologues. Elle est composée de sable fin siliceux et d’argile, mêlés ensemble d’une manière intime ; elle offre plus ou moins de ténacité, suivant que le sable est plus ou moins fin, ou que l’argile s’y trouve en plus ou moins grande proportion. Lorsque la surface arrive à un état sablonneux, le plus souvent encore le sous-sol renferme assez d’argile pour ne point se laisser pénétrer par les eaux ; comme il ne contient point de parties calcaires, l'eau ne peut point le déliter, c’est-à-dire séparer ses parties, et par suite traverser facilement ses couches inférieures. Ce sol, amené à l’état sec, reprend ensuite à la pluie une proportion d’eau considérable ; mais lorsqu’il en est saturé, tout ce qui tombe de plus reste en plus grande partie à sa surface ou s’en écoule, ce qui forme tout son avantage pour les étangs ; il est très long à sécher, parce qu’il ne peut perdre d’une manière bien sensible son humidité ou l’eau de sa surface que par l’évaporation ou la transpiration des plantes qui le couvrent. La couche supérieure repose presque toujours sur un sable argileux, coupé de veines rougeâtres moins pénétrables encore par l’eau que le sol de la surface.


On peut citer, comme type de son imperméabilité, quelques cantons du Gers où, dans les années de grande abondance, on conserve le vin dans des trous faits dans le sol. Il est toutefois remarquable que, pour que cette imperméabilité s’exerce, il faut que le sol soit préalablement saturé d’eau ; et puis ce vin sans doute ne reste pas en terre pendant l’été, et il est défendu de l’évaporation par des couvercles.
On peut citer, comme type de son imperméabilité, quelques cantons du Gers où, dans les années de grande abondance, on conserve le vin dans des trous faits dans le sol. Il est toutefois remarquable que, pour que cette imperméabilité s’exerce, il faut que le sol soit préalablement saturé d’eau ; et puis ce vin sans doute ne reste pas en terre pendant l’été, et il est défendu de l’évaporation par des couvercles.