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L’AVIATEUR INCONNU

l’amour authentique. Habituée au masque, tu te détour­nes du visage en te disant : Je ne le connais pas !

La jolie Anglaise parut frappée de la comparaison qui renfermait un jugement si sévère. Elle rêva un moment, puis, d’une voix altérée :

— C’est vrai, prononça-t-elle, je constate aujourd’hui l’erreur d’éducation qui consiste, pour les femmes, à écouter trop complaisamment les hommages, à y répondre sur le même ton badin, si bien, qu’à force de tourner autour de l’amour, nous finissons, nous autres flirteuses, par en connaître — ou croire en connaître toutes les faces. Nous sommes pareilles à des oisives qui tromperaient l’ennui en étudiant de beaux livres de botanique, tout pleins d’images de fleurs superbes et qui, le jour où elles sont mises en présence des fleurs vivantes, ont peine à les reconnaître. Comment faire, darling, pour chasser de mon esprit le faux rayonnement de l’erreur, pour avoir la vraie lumière ? Comment distinguer l’amour du plaisir ?

— À mon tour de te répondre : « Patience ! » dit Elvire. Si Henri de Jarcé est épris de toi, il saura t’inspirer confiance ! Mais, d’abord, toi-même, as-tu pour lui de l’inclination ?

— Il est charmant !

— C’est une réponse de flirteuse et non d’amoureuse, Flossie !

— Ah ! ne me replonge pas dans mon dédale, s’exclama miss Standill. Je fais tout ce que je peux pour m’en évader et tu veux que j’y retourne !

Elvire eut alors cette réflexion savoureuse :

— Quelle situation extraordinaire ! Voici la nièce qui entreprend d’instruire sa tante des choses de l’amour ! C’est le monde renversé !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une huitaine de jours s’écoula sans amener parmi les hôtes de la villa Cypris aucun changement digne d’être enregistré. À coup sur, la vie n’y était point monotone, tout au moins pour ceux qui se préparaient à accomplir l’acte le plus sacré qui soit, en d’autres termes pour Elvire et Jean-Louis. Aux yeux de ceux-ci, évidemment, chaque journée apportait une féerie plus radieuse, chaque instant était riche de charme et d’émotion. Mais le