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des dieux. Elle s’est aperçue que ses féries latines avaient été souillées par quelque vice de forme et elle a renouvelé le sacrifice. Pourtant les Étrusques ont encore la supériorité ; il ne reste qu’une ressource, s’emparer d’un prêtre étrusque et savoir par lui le secret des dieux. Un prêtre véien est pris et mené au Sénat : pour que Rome l’emporte, dit-il, il faut qu’elle abaisse le niveau du lac albain, en se gardant bien d’en faire écouler l’eau dans la mer. Rome obéit, on creuse une infinité de canaux et de rigoles, et l’eau du lac se perd dans la campagne.
volonté des dieux. Elle s’est aperçue que ses féries latines avaient été souillées par quelque vice de forme et elle a renouvelé le sacrifice. Pourtant les Étrusques ont encore la supériorité ; il ne reste qu’une ressource, s’emparer d’un prêtre étrusque et savoir par lui le secret des dieux. Un prêtre véien est pris et mené au Sénat : « pour que Rome l’emporte, dit-il, il faut qu’elle abaisse le niveau du lac albain, en se gardant bien d’en faire écouler l’eau dans la mer. » Rome obéit, on creuse une infinité de canaux et de rigoles, et l’eau du lac se perd dans la campagne.


C’est à ce moment que Camille est élu dictateur. II se rend à l’armée près de Veii. Il est sûr du succès ; car tous les oracles ont été révélés, tous les ordres des dieux accomplis ; d’ailleurs, avant de quitter Rome, il a promis aux dieux protecteurs des fêtes et des sacrifices. Pour vaincre, il ne néglige pas les moyens humains ; il augmente l’armée, raffermit la discipline, fait creuser une galerie souterraine pour pénétrer dans la citadelle. Le jour de l’attaque est arrivé ; Camille sort de sa tente ; il prend les auspices et immole des victimes. Les pontifes, les augures l’entourent ; revêtu du paludamentum, il invoque les dieux : Sous ta conduite, ô Apollon, et par ta volonté qui m’inspire, je marche pour prendre et détruire la ville de Veii ; à toi je promets et je voue la dixième partie du butin. Mais il ne suffit pas d’avoir des dieux pour soi ; l’ennemi a aussi une divinité puissante qui le protège. Camille l’évoque par cette formule : Junon Reine, qui pour le présent habites à Veii, je te prie, viens avec nous vainqueurs ; suis-nous dans notre ville ; que notre ville devienne la tienne. Puis, les sacrifices accomplis, les prières dites, les formules récitées, quand les Romains sont sûrs que les dieux sont pour eux et qu’aucun dieu ne défend plus l’ennemi, l’assaut est donné et la ville est prise.
C’est à ce moment que Camille est élu dictateur. Il se rend à l’armée près de Veii. Il est sûr du succès ; car tous les oracles ont été révélés, tous les ordres des dieux accomplis ; d’ailleurs, avant de quitter Rome, il a promis aux dieux protecteurs des fêtes et des sacrifices. Pour vaincre, il ne néglige pas les moyens humains ; il augmente l’armée, raffermit la discipline, fait creuser une galerie souterraine pour pénétrer dans la citadelle. Le jour de l’attaque est arrivé ; Camille sort de sa tente ; il prend les auspices et immole des victimes. Les pontifes, les augures l’entourent ; revêtu du ''paludamentum'', il invoque les dieux : « Sous ta conduite, ô Apollon, et par ta volonté qui m’inspire, je marche pour prendre et détruire la ville de Veii ; à toi je promets et je voue la dixième partie du butin. » Mais il ne suffit pas d’avoir des dieux pour soi ; l’ennemi a aussi une divinité puissante qui le protège. Camille l’évoque par cette formule : « Junon Reine, qui pour le présent habites à Veii, je te prie, viens avec nous vainqueurs ; suis-nous dans notre ville ; que notre ville devienne la tienne. » Puis, les sacrifices accomplis, les prières dites, les formules récitées, quand les Romains sont sûrs que les dieux sont pour eux et qu’aucun dieu ne défend plus l’ennemi, l’assaut est donné et la ville est prise.