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le 21 mai, pour visiter les nids en construction de l’Anthophore, ainsi que je l’ai raconté. Si j’avais presque la certitude de réussir tôt ou tard au sujet des Sitaris, qui s’y trouvent excessivement abondants, je n’avais que bien peu d’espoir pour les Méloés, qui sont fort rares, au contraire, dans les mêmes nids. Cependant les circonstances m’ont favorisé plus que je n’aurais osé espérer, et après six heures d’un travail où la pioche jouait un grand rôle, j’étais possesseur, à la sueur de mon front, d’un nombre considérable de cellules occupées par les Sitaris, et de deux autres cellules appartenant aux Méloés.

Si mon enthousiasme n’avait pas eu le temps de se refroidir par la vue, renouvelée à chaque instant, de jeunes Sitaris campés sur un œuf d’Anthophore, flottant au centre de la petite mare de miel, il aurait pu se donner libre carrière à la vue du contenu de l’une de ces cellules. Sur le miel, noir et liquide, flotte une pellicule ridée ; et sur cette pellicule se tient immobile un pou jaune. La pellicule, c’est l’enveloppe vide de l’œuf de l’Anthophore ; le pou, c’est une larve de Méloé.

L’histoire de cette larve se complète maintenant d’elle-même. Le jeune Méloé abandonne le duvet de l’abeille au moment de la ponte ; et puisque le contact du nid lui serait fatal, il doit, pour s’en préserver, adopter la tactique suivie par le Sitaris, c’est-à-dire se laisser couler à la surface du miel avec l’œuf en voie d’être pondu. Là, son premier travail est de dévorer l’œuf qui lui sert de radeau, comme l’atteste l’enveloppe vide sur laquelle il est encore ; et c’est après ce repas, le seul qu’il prenne tant qu’il conserve sa forme