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s’y sont établis immobiles. Ainsi tout leur paraît bon pour quitter le séjour provisoire où ils attendent ; sans distinction d’espèce, de genre, de classe, ils s’attachent au premier être vivant que le hasard met à leur portée. On conçoit alors comment ces jeunes larves ont pu être observées sur une foule d’insectes différents, en particulier sur les espèces printanières de diptères et d’hyménoptères butinant sur les fleurs ; on conçoit encore la nécessité de ce nombre prodigieux de germes pondus par une seule femelle de Méloé, puisque l’immense majorité des larves qui en proviendront prendra infailliblement une fausse voie et ne pourra parvenir aux cellules des Anthophores. L’instinct est ici en défaut et la fécondité y supplée.

Mais il reprend son infaillibilité dans une autre circonstance. Les Méloés, on vient de le voir, passent sans difficulté de la fleur sur les objets à leur portée, quels qu’ils soient, glabres ou velus, vivants ou inanimés : cela fait, ils se comportent bien différemment suivant qu’ils viennent d’envahir soit le corps d’un insecte, soit tout autre objet. Dans le premier cas, sur un diptère et un papillon velus, sur une araignée et un coléoptère glabres, les larves restent immobiles après avoir gagné le point qui leur convient. Leur désir instinctif est donc satisfait. Dans le second cas, au milieu du duvet du drap et du velours, au milieu des filaments soit du coton, soit de la bourre de gnaphale, et enfin sur la surface glabre d’une paille et d’une feuille, elles trahissent la connaissance de leur méprise par leurs continuelles allées et venues, par leurs efforts pour revenir sur la fleur imprudemment abandonnée.

Comment donc reconnaissent-elles la nature du