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autrui, est celle de l’amour ou bienveillance universels. Elle nous
CARRAU. — MORALISTES ANGLAIS CONTEMPORAINS 415

autrui, est celle de l'amour ou bienveillance universels. Elle nous
impose « un effort constant pour accroître dans la mesure de notre
impose « un effort constant pour accroître dans la mesure de notre
pouvoir le bien-être et le bonheur de tous les hommes ». Elle est obli-
pouvoir le bien-être et le bonheur de tous les hommes ». Elle est obligatoire, car, dit Clarke, « s’il y a une différence naturelle et nécessaire entre le bien et le mal, s’il est convenable et raisonnable de
faire le bien, déraisonnable de faire le mal ; si ce qui est le plus
gatoire, car, dit Clarke, « s'il y a une différence naturelle et néces-
saire entre le bien et le mal, s'il est convenable et raisonnable de
grand bien, c’est ce qu’il est le plus convenable et le plus raisonnable
de préférer : — alors, de même que la bonté de Dieu s’étend universellement sur toutes ses œuvres dans la création tout entière en
faire le bien, déraisonnable de faire le mal; si ce qui est le plus
faisant toujours ce qui est absolument le meilleur pour l’ensemble ;
grand bien, c'est ce qu'il est le plus convenable et le plus raisonnable
de même chaque créature raisonnable doit, dans la situation qu’elle
de préférer : — alors, de même que la bonté de Dieu s'étend univer-
sellement sur toutes ses œuvres dans la création tout entière en
faisant toujours ce qui est absolument le meilleur pour l'ensemble ;
de même chaque créature raisonnable doit, dans la situation qu'elle
occupe et selon la mesure de son pouvoir et de ses facultés, faire
occupe et selon la mesure de son pouvoir et de ses facultés, faire
tout le bien possible à ses semblables. Le moyen le plus certain, le
tout le bien possible à ses semblables. Le moyen le plus certain, le
plus direct, le plus efficace pour atteindre ce but, c'est l'amour et la
plus direct, le plus efficace pour atteindre ce but, c’est l’amour et la
bienveillance universels. »
bienveillance universels. »


M. Sidgwick s'efforce de montrer que la règle de bienveillance
{{M.|Sidgwick}} s’efforce de montrer que la règle de bienveillance
universelle que Kant à son tour déduit, assez péniblement du reste,
universelle que Kant à son tour déduit, assez péniblement du reste,
de son principe formel énoncé plus haut, est au fond l'équivalent
de son principe formel énoncé plus haut, est au fond l’équivalent
de la seconde règle de Glarke. Il les accepte l'une et l'autre, comme
de la seconde règle de Clarke. Il les accepte l’une et l’autre, comme
bonnes et solides, avec cette réserve toutefois qu'aux mots bien uni-
bonnes et solides, avec cette réserve toutefois qu’aux mots ''bien universel'' on substitue expressément ceux de ''bonheur universel''. Et il
versel on substitue expressément ceux de bonheur universel. Et il
conclut que la formule la plus satisfaisante à laquelle puisse aboutir
conclut que la formule la plus satisfaisante à laquelle puisse aboutir
la méthode intuitioniste n'est autre chose que le principe fonda-
la méthode intuitioniste n’est autre chose que le principe fondamental de l’utilitarisme. Supposons qu’il n’existe au monde qu’une
mental de l'utilitarisme. Supposons qu'il n'existe au monde qu'une
seule créature raisonnable et libre : quelle autre fin pourrait-elle
seule créature raisonnable et libre : quelle autre fin pourrait-elle
concevoir que son propre bonheur? Mais* pour tout individu sem-
concevoir que son propre bonheur ? Mais, pour tout individu semblable à moi, son propre bonheur sera désirable au même titre. Le
blable à moi, son propre bonheur sera désirable au même titre. Le
bonheur est donc désirable pour chacun. Maintenant, de ce que je
bonheur est donc désirable pour chacun. Maintenant, de ce que je
suis moi, il ne s'ensuit pas, aux yeux de ma raison, que mon bon-
suis ''moi'', il ne s’ensuit pas, aux yeux de ma raison, que mon bonheur soit absolument plus précieux, plus sacré que celui d’autrui :
tous les bonheurs, pourrait-on dire, ont même valeur absolue. D’où
heur soit absolument plus précieux, plus sacré que celui d'autrui :
cette conséquence que ma raison n’ayant aucun motif pour préférer
tous les bonheurs, pourrait-on dire, ont même valeur absolue. D'où
tel bonheur à tel autre, la seule fin raisonnable de mon activité, c’est
cette conséquence que ma raison n'ayant aucun motif pour préférer
le bonheur universel. Or c’est là le premier principe de l’utilitarisme, formulé, comme on vient de le voir, par les maîtres mêmes
tel bonheur à tel autre, la seule fin raisonnable de mon activité, c'est
de la morale intuitive, Clarke et Kant.
le bonheur universel. Or c'est là le premier principe de l'utilita-
risme, formulé, comme on vient de le voir, par les maîtres mêmes
de la morale intuitive, Glarke et Kant.

Ces conclusions de M. Sidgwick sont, à coup sûr, originales ; on
n'avait pas jusqu'ici, au moins à notre connaissance, fondé l'uti-
litarisme sur la méthode intuitive, ni fait de Kant et de Glarke des
utilitaires sans le vouloir. Mais, malgré la pénétration de son ana-
lyse, nous doutons que l'auteur ait réussi à prouver sa thèse. —
Écartons les considérations théologiques : nous ne savons rien des


Ces conclusions de {{M.|Sidgwick}}} sont, à coup sûr, originales ; on
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n’avait pas jusqu’ici, au moins à notre connaissance, fondé l’utilitarisme sur la méthode intuitive, ni fait de Kant et de Clarke des
utilitaires sans le vouloir. Mais, malgré la pénétration de son analyse, nous doutons que l’auteur ait réussi à prouver sa thèse. —
Écartons les considérations théologiques : nous ne savons rien des