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pour aller fouiller la terre qu’ils savent en contenir et bouleverser les céréales qui y sont ensemencées ; je citerai encore le fenouil d’eau (''{{lang|la|Phelandrium aquaticum}}''), que les vaches mangent volontiers, ainsi que la brouille (''{{lang|la|Festuca fluitans}}'')<ref>« Un étang ''brouilleux'' de 6 hectares et demi peut nourrir parfaitement 40 têtes de gros bétail » depuis le commencement du printemps jusqu’au milieu du mois de mai, et depuis la fin d’août jusqu’aux premiers froids. Au milieu de l’été les feuilles continuent à tapisser la surface des eaux, mais le bétail a cessé d’en être avide » (''Statistique de l’Ain'', p. 536.)</ref> ; enfin diverses espèces de souchets et de joncs, parmi lesquelles plusieurs peuvent alimenter le bétail, toutes fournir de la litière, quelques-unes servir dans les arts pour faire des nattes ou des paillassons, garnir des chaises, etc. Nous ne pouvons entrer dans des détails circonstanciés sur le meilleur système d’administration de ces terrains, non plus que sur les précautions sanitaires les plus importantes ; cela nous mènerait trop loin.
pour aller fouiller la terre qu’ils savent en
contenir et bouleverser les céréales qui y
sont ensemencées ; je citerai encore le fenouil
d’eau (''{{lang|la|Phelandrium aquaticum}}''), que les vaches
mangent volontiers, ainsi que la brouille
(''{{lang|la|Festuca fluitans}}'')<ref>« Un étang ''brouilleux'' de 6 hectares et demi peut nourrir parfaitement 40 têtes de gros bétail » depuis le commencement du printemps jusqu’au milieu du mois de mai, et depuis la fin d’août jusqu’aux premiers froids. Au milieu de l’été les feuilles continuent à tapisser la surface des eaux, mais le bétail a cessé d’en être avide » (''Statistique de l’Ain'', p. 536.)</ref> ; enfin diverses espèces
de souchets et de joncs, parmi lesquelles
plusieurs peuvent alimenter le bétail, toutes
fournir de la litière, quelques-unes servir
dans les arts pour faire des nattes ou des
paillassons, garnir des chaises, etc.
Nous ne pouvons entrer dans des détails
circonstanciés sur le meilleur système d’administration
de ces terrains, non plus que
sur les précautions sanitaires les plus importantes ;
cela nous mènerait trop loin.


{{c|B. ''Marais proprement dits''.}}
{{c|B. ''Marais proprement dits''.}}


Les marais peuvent être de diverses nature : argileux, sablonneux, calcaires, mixtes ou tourbeux. Nous n’avons à nous occuper ici que des terrains de la dernière espèce ; les autres, une fois desséchés, rentrent dans l’ordre des cultures ordinaires, avec cette modification, toutefois, que les détritus végétaux dont ils sont couverts <i>conservent une certaine acidité</i> qui tromperait les espérances de l’agriculteur s’il avait pu penser que ces détritus fussent un humus de la même nature que celui des bois ou prés desséchés. Les engrais calcaires, quelques autres agens physiques et chimiques sagement et économiquement employés, pourront diminuer et même faire disparaître à la longue cette acidité que leur état prolongé de submersion leur a fait contracter.
Les marais peuvent être de diverses nature :
argileux, sablonneux, calcaires, mixtes
ou tourbeux. Nous n’avons à nous occuper
ici que des terrains de la dernière espèce ;
les autres, une fois desséchés, rentrent dans
l’ordre des cultures ordinaires, avec cette modification,
toutefois, que les détritus végétaux
dont ils sont couverts <i>conservent une certaine
acidité</i> qui tromperait les espérances
de l’agriculteur s’il avait pu penser que ces
détritus fussent un humus de la même nature
que celui des bois ou prés desséchés.
Les engrais calcaires, quelques autres agens
physiques et chimiques sagement et économiquement
employés, pourront diminuer et
même faire disparaître à la longue cette acidité
que leur état prolongé de submersion
leur a fait contracter.


Mais si le ''sol'' est ''tout-à-fait tourbeux'', ce n’est qu’à la longue et par un traitement approprié à sa nature qu’il peut être rendu apte à nourrir un petit nombre de végétaux d’abord, et devenir ensuite avec le temps susceptible des plus riches cultures, la luzerne, la garance, la betterave.
Mais si le ''sol'' est ''tout-à-fait tourbeux'', ce
n’est qu’à la longue et par un traitement approprié
à sa nature qu’il peut être rendu
apte à nourrir un petit nombre de végétaux
d’abord, et devenir ensuite avec le temps
susceptible des plus riches cultures, la luzerne,
la garance, la betterave.


Lorsque sous la couche tourbeuse on trouve de la bonne terre, ce qu’il y a de mieux à faire c’est d’exploiter la tourbe pour alimenter les foyers ou les usines du voisinage, s’il y a une consommation suffisante. On connaît les procédés d’extraction, la fabrication des mottes, etc., nous n’en parlerons pas, mais nous devons mentionner le ''procédé pour carboniser la tourbe'' introduit dans les marais de Bourgoin par le général Evain, aujourd’hui ministre de la guerre en Belgique, alors employé de M. Lapierre, adjudicataire de ces marais. C’est une sorte d’alambic à l’aide duquel on sépare, de la tourbe par la distillation, la partie bitumineuse,et l’on convertit le surpl us en morceaux de charbons propres à être employés dans les fabriques d’acier, comme le goudron obtenu peut l’être dans la marine. Il existe aux environs de Paris (à Croï) un grand établissement où ce procédé est, dit-on, en pleine activité. (Voir le livre des ''Arts agricoles'', où cet objet sera traité dans un article spécial.)
Lorsque sous la couche tourbeuse on
trouve de la bonne terre, ce qu’il y a de
mieux à faire c’est d’exploiter la tourbe
pour alimenter les foyers ou les usines du
voisinage, s’il y a une consommation suffisante.
On connaît les procédés d’extraction,
la fabrication des mottes, etc., nous n’en parlerons
pas, mais nous devons mentionner le
''procédé pour carboniser la tourbe'' introduit
dans les marais de Bourgoin par le général
Evain, aujourd’hui ministre de la guerre en
Belgique, alors employé de M. Lapierre, adjudicataire
de ces marais. C’est une sorte
d’alambic à l’aide duquel on sépare, de la
tourbe par la distillation, la partie bitumineuse,
et l’on convertit le surpl us en morceaux
de charbons propres à être employés dans les
fabriques d’acier, comme le goudron obtenu
peut l’être dans la marine. Il existe aux environs
de Paris (à Croï) un grand établissement
où ce procédé est, dit-on, en pleine
activité. (Voir le livre des ''Arts agricoles'', où
cet objet sera traité dans un article spécial.)


Comme on n’a pas toujours à sa portée une ville où le besoin de combustibles fasse rechercher la tourbe, et comme d’ailleurs, même dans ce cas, il serait la plupart du temps trop long d’attendre la consommation de toute la couche tourbeuse pour tirer du sol un produit agricole, il faut tâcher de ''faire croître une végétation avantageuse'' sur ces tourbes elles-mêmes. Le plus simple de tous les moyens, c’est de les rendre à l’état marécageux ; mais, outre que le produit des marais est bien mince, ce serait perpétuer des foyers d’infection. Il vaut mieux, quand on est convenablement placé pour cela, recourir au moyen employé par les Hollandais dans plusieurs de leurs principaux ''polders''. Le sol est divisé par de larges fossés en lanières étroites et longues, légèrement relevées en ados sur le milieu. Chacune de ces lanières reçoit au printemps et jusqu’à l’automne le nombre de bœufs ou de vaches qu’elle peut nourrir ; ces animaux n’en sortent ni nuit ni jour, ils se gardent seuls, grâce à la largeur des fossés dont le fond vaseux est un obstacle suffisant pour les vaches de ce pays naturellement paresseuses et sédentaires, accoutumées d’ailleurs par des corrections et des entraves à ne pas sortir de leurs ''domaines'' respectifs, où du reste elles se trouvent trop bien pour tenter fortune ailleurs. Chacune de ces lanières contient de 3 à 4 et jusqu’à 7 et 8 vaches, d’après son étendue et d’après la plus ou moins grande abondance et la qualité de l’herbe. Les propriétaires soigneux font ''épargir'' fréquemment la fiente de ces animaux, afin qu’il ne se forme pas d’inégalités et que le sol soit uniformément amendé partout ; ils font aussi arracher les chardons avec un ''échardonnoir'', espèce de grandes tenailles en bois, très-commode pour cet objet (''fig''. 135). [[File:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I (page 154) - Fig 135.jpg|center|500px]]
Comme on n’a pas toujours à sa portée
une ville où le besoin de combustibles fasse
rechercher la tourbe, et comme d’ailleurs,
même dans ce cas, il serait la plupart
du temps trop long d’attendre la consommation
de toute la couche tourbeuse
pour tirer du sol un produit agricole, il faut
tâcher de ''faire croître une végétation avantageuse''
sur ces tourbes elles-mêmes. Le plus
simple de tous les moyens, c’est de les rendre
à l’état marécageux ; mais, outre que le
produit des marais est bien mince, ce serait
perpétuer des foyers d’infection. Il vaut
mieux, quand on est convenablement placé
pour cela, recourir au moyen employé par
les Hollandais dans plusieurs de leurs principaux
''polders''. Le sol est divisé par de larges
fossés en lanières étroites et longues, légèrement
relevées en ados sur le milieu. Chacune
de ces lanières reçoit au printemps et
jusqu’à l’automne le nombre de bœufs ou de
vaches qu’elle peut nourrir ; ces animaux
n’en sortent ni nuit ni jour, ils se gardent
seuls, grâce à la largeur des fossés dont le
fond vaseux est un obstacle suffisant pour
les vaches de ce pays naturellement paresseuses
et sédentaires, accoutumées d’ailleurs
par des corrections et des entraves à ne pas
sortir de leurs ''domaines'' respectifs, où du
reste elles se trouvent trop bien pour tenter
fortune ailleurs. Chacune de ces lanières
contient de 3 à 4 et jusqu’à 7 et 8 vaches,
d’après son étendue et d’après la plus ou
moins grande abondance et la qualité de
l’herbe. Les propriétaires soigneux font
''épargir'' fréquemment la fiente de ces animaux,
afin qu’il ne se forme pas d’inégalités
et que le sol soit uniformément amendé partout ;
ils font aussi arracher les chardons
avec un ''échardonnoir'', espèce de grandes
tenailles en bois, très-commode pour cet
objet (''fig''. 135).
[[File:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I (page 154) - Fig 135.jpg|center|500px]]