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tive, absolue, antérieure à toute autre) de les rapprocher d’une fin de
408 REVUE PHILOSOPHIQUE
qu’aucun d’eux, pris à part, n’est moralement obligé à poursuivre ? —

On me demandera quel est ce bien qui n’est pas le bonheur universel. Pour en déterminer l’idée, il faudrait des développements qui
tive, absolue, antérieure à toute autre) de les rapprocher d'une fin
dépasseraient les limites étroites d’un article ; mon seul but est ici
qu'aucun d'eux, pris à part, n'est moralement obligé à poursuivre? —
de combattre l’utilitarisme de {{M.|Sidgwick}} et de défendre la doctrine
On me demandera quel est ce bien qui n'est pas le bonheur univer-
sel. Pour en déterminer l'idée, il faudrait des développements qui
dépasseraient les limites étroites d'un article ; mon seul but est ici
de combattre l'utilitarisme de M. Sidgwick et de défendre la doctrine
intuitioniste, dont ses objections ne me paraissent pas avoir entamé
intuitioniste, dont ses objections ne me paraissent pas avoir entamé
la solidité.
la solidité.


Nous ne pouvons suivre notre auteur dans tous les détails de sa
Nous ne pouvons suivre notre auteur dans tous les détails de sa
critique : nous signalons cependant comme particulièrement remar-
critique : nous signalons cependant comme particulièrement remarquable le chapitre relatif à la justice. Rien de plus difficile que de
donner de ce concept une définition à la fois rigoureuse et complète,
quable le chapitre relatif à la justice. Rien de plus difficile que de
et d’en déterminer les éléments essentiels. Il est clair d’abord que
donner de ce concept une définition à la fois rigoureuse et complète,
la justice ne peut être confondue avec la légalité, car les lois peuvent être injustes. Un des éléments de la justice semble être l’impartialité ; pourtant il est des cas où nous ne pouvons, sans être injustes,
et d'en déterminer les éléments essentiels. Il est clair d'abord que
employer à l’égard de tous indifféremment le même traitement, et il
la justice ne peut être confondue avec la légalité, car les lois peu-
n’est pas aisé de marquer avec précision les conditions et les circonstances où la règle de l’impartialité doit être abandonnée. — Un
vent être injustes. Un des éléments de la justice semble être l'impar-
autre élément de la justice, c’est l’accomplissement des contrats, des
tialité; pourtant il est des cas où nous ne pouvons, sans être injustes,
engagements formels et explicites ; là-dessus, tout le monde est
employer à l'égard de tous indifféremment le même traitement, et il
d’accord, bien que la fidélité aux promesses puisse dans certains
n'est pas aisé de marquer avec précision les conditions et les cir-
cas, par des considérations supérieures d’utilité, cesser d’être obligatoire, ce qui paraît bien en contradiction avec le caractère absolu
constances où la règle de l'impartialité doit être abandonnée. — Un
que l’intuitionisme attribue aux prescriptions de la justice. Mais le
autre élément de la justice, c'est l'accomplissement des contrats, des
sens commun n’hésite pas à déclarer qu’il est juste de remplir nonseulement les engagements qui résultent de promesses formelles,
engagements formels et explicites; là-dessus, tout le monde est
d'accord, bien que la fidélité aux promesses puisse dans certains
cas, par des considérations supérieures d'utilité, cesser d'être obli-
gatoire, ce qui paraît bien en contradiction avec le caractère absolu
que l'intuitionisme attribue aux prescriptions de la justice. Mais le
sens commun n'hésite pas à déclarer qu'il est juste de remplir non-
seulement les engagements qui résultent de promesses formelles,
mais encore « les attentes qui se produisent naturellement chez nos
mais encore « les attentes qui se produisent naturellement chez nos
semblables en conséquence de Tordre social établi. » Et c'est ici que
semblables en conséquence de l’ordre social établi. » Et c’est ici que
les difficultés commencent, car, à un autre point de vue, cet ordre
les difficultés commencent, car, à un autre point de vue, cet ordre
social lui-même peut être condamné comme injuste. Cette condamna-
social lui-même peut être condamné comme injuste. Cette condamnation, la raison la prononce au nom d’un idéal de justice qui peut
revêtir différentes formes. Pour les uns, la justice sociale absolue,
tion, la raison la prononce au nom d'un idéal de justice qui peut
en opposition avec l’imperfection de l’ordre existant, doit se proposer
revêtir différentes formes. Pour les uns, la justice sociale absolue,
en opposition avec l'imperfection de l'ordre existant, doit se proposer
comme fin suprême la liberté individuelle. Mais une telle conception
comme fin suprême la liberté individuelle. Mais une telle conception
conduit à des conséquences absurdes. Elle implique en effet que
conduit à des conséquences absurdes. Elle implique en effet que
personne ne peut être soumis à une contrainte quelconque, même
personne ne peut être soumis à une contrainte quelconque, même
pour son bien : or ce principe, tout négatif, ne peut évidemment
pour son bien : or ce principe, tout négatif, ne peut évidemment
s'étendre aux enfants, aux idiots, aux fous. De plus, le mot liberté
s’étendre aux enfants, aux idiots, aux fous. De plus, le mot liberté
est équivoque : pris dans son acception la plus large, il semblerait
est équivoque : pris dans son acception la plus large, il semblerait
autoriser à l'égard d'autrui toute vexation qui ne serait pas propre-
autoriser à l’égard d’autrui toute vexation qui ne serait pas proprement une contrainte. Est-ce de cette liberté-là que l’on veut parler ?
ment une contrainte. Est-ce de cette liberté-là que l'on veut parler?

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