« Les Chats d’Ulthar » : différence entre les versions

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Il y avait, dans ce convoi singulier, un petit garçon qui n’avait ni père ni mère, juste un petit chat noir à chérir. La peste ne l'avait guère épargné, pourtant elle lui avait laissé cette petite chose touffue pour atténuer sa peine ; et quand on est si jeune, on peut trouver un grand apaisement dans les espiègleries d’un chaton noir. Alors le garçon que ceux à la peau sombre appelaient [[:w:Ménès_(pharaon)|Ménès]] souriait plus souvent qu’il ne pleurait lorsqu’il jouait avec son adorable chat, assis sur les marches d’une ces roulotte aux peintures étranges.
 
 
Au troisième matin du séjour des voyageurs à Ulthar, [[:w:Ménès_(pharaon)|Ménès]] ne retrouvait pas son chat ; et, alors qu’il sanglotait sur la place du marché, certain villageois lui racontèrent les rumeurs autour du vieil homme et de sa femme, et des bruits entendus lors de la nuit. Ainsi, lorsqu’il entendit ces choses, ses sanglots furent remplacés par la méditation, puis par des prières. Il allongea ses bras vers le soleil et pria dans une langue qu’aucun villageois ne pouvait comprendre ; et même, les villageois n’essayèrent pas de comprendre, tant leur attention était portée sur le ciel et les formes fantasques que les nuages épousaient. C’était très particulier, mais alors que le jeune homme relâchait sa requête, il semblait se former au-dessus de ténébreuses et nébuleuses silhouettes exotiques ; de créatures hybrides couronnées de disques ornés de cornes. La Nature regorge de telles illusions qui impressionnent les imaginatifs.
 
 
Cette nuit-là, les vagabonds quittèrent Ulthar, et on ne les y revit jamais. Les villageois s'inquiétèrent alors en découvrant que, dans tout le village, on ne trouvait plus un chat. De chaque foyer, le chat de la famille s’était évanoui ; des chats grands comme petits, noirs, gris, rayés, jaunes et blancs. Le Vieux Kranon, le bourgmestre, jura que les gens basanés avaient enlevé les chats afin de se venger de la mort du chat de [[:w:Ménès_(pharaon)|Ménès]] ; et il maudit la caravane ainsi que le jeune garçon. Mais Nith, le frêle notaire, déclara que le vieux paysan et sa femme étaient bien plus suspects ; car leur haine des chats était notoire et toujours plus virulente. Toutefois, personne n’alla se plaindre du sinistre couple ; même lorsque le jeune Atal, le fils de l’aubergiste, jura qu’il avait vu au crépuscule les chats d’Ulthar sur ce champ enclavé sous les arbres, faisant la ronde doucement et solennellement autour de la masure, en rangs par deux, comme s’ils célébraient un rite animal inconnu. Les villageois ne savaient pas jusqu’à quel point ils pouvaient croire un si jeune garçon ; et comme ils craignaient que le couple malfaisant n’ait jeté aux chats un sort funeste, ils préférèrent ne pas blâmer le vieux paysan avant qu’ils ne puissent le rencontrer en dehors de son champ sombre et repoussant.
 
 
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Cela fut l’occasion de nombreuses discussions de la part des magistrats d’Ulthar. Zath, le médecin légiste, se disputait à longueur de journée avec Nith, le frêle notaire ; et Kranon, Shang et Thul étaient assaillis de questions. Même le jeune Atal, le fils de l’aubergiste, fut interrogé attentivement, et on lui donna une friandise en guise de récompense. Ils discutèrent du vieux paysan et de sa femme, de la caravane des voyageurs mystérieux, du petit [[:w:Ménès_(pharaon)|Ménès]] et de son chat noir, de l’incantation de [[:w:Ménès_(pharaon)|Ménès]] et du ciel pendant celle-ci, de ce que firent les chats la nuit où la caravane partit, et de ce qui fut trouvé dans la chaumière sous les arbres sombres, dans l’abject jardin.