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Déraocrite, frappé du caractère subjectif et variable de nos sensations, et ayant, en observateur de génie, et le premier peut-être,
LÉVÊQUE. — L'ATOMISME GREC ET LA MÉTAPHYSIQUE 385
signalé ce caractère, tente de rompre avec la perception sensible,

celle-ci fait comme la raison lorsqu’on essaye de l’évincer : elle revient, rentre chez elle et reprend au moins une partie de ses droits.
Déraocrite, frappé du caractère subjectif et variable de nos sensa-
tions, et ayant, en observateur de génie , et le premier peut-être ,
signalé ce caractère, tente de rompre avec la perception sensible,
celle-ci fait comme la raison lorsqu'on essaye de l'évincer : elle re-
vient, rentre chez elle et reprend au moins une partie de ses droits.
De là les tourments de Démocrite, et ses gémissements, et çà et là
De là les tourments de Démocrite, et ses gémissements, et çà et là
de sa part des paroles désespérées. Il y a donc des moments où l'on
de sa part des paroles désespérées. Il y a donc des moments où l’on
dirait que, de guerre lasse, il cède aux exigences de la perception
dirait que, de guerre lasse, il cède aux exigences de la perception
sensible. Alors, que lui accorde-t-il?
sensible. Alors, que lui accorde-t-il ?


Quelque chose, sans doute; peu de chose néanmoins. Il ne prend
Quelque chose, sans doute ; peu de chose néanmoins. Il ne prend
guère les sensations que comme un point de départ. Elles cachent,
guère les sensations que comme un point de départ. Elles cachent,
dit-il, la connaissance vraie. Ce n'est qu'un voile qu'il faut se hâter
dit-il, la connaissance vraie. Ce n’est qu’un voile qu’il faut se hâter
de déchirer. Ce voile, cependant, en même temps qu'il cache la
de déchirer. Ce voile, cependant, en même temps qu’il cache la
vérité rationnelle, avertit qu'il cache ce que l'esprit doit découvrir,
vérité rationnelle, avertit qu’il cache ce que l’esprit doit découvrir,
et par là éveille l'esprit et met en branle ce que Démocrite nomme
et par là éveille l’esprit et met en branle ce que Démocrite nomme
la faculté plus subtile. Il arrive même à la sensation de révéler à
la faculté plus subtile. Il arrive même à la sensation de révéler à
Leucippe et à Démocrite telle réalité évidente, par exemple le mou-
Leucippe et à Démocrite telle réalité évidente, par exemple le mouvement.
vement.


Soit, mais il importe ici de considérer ce qui est chez Démocrite
Soit, mais il importe ici de considérer ce qui est chez Démocrite
comme l'habitude de son intelligence. «Ilfault, — dit Montaigne, —
comme l’habitude de son intelligence. « Il fault, — dit Montaigne, —
pour juger bien à poinct d'un homme, principalement contreroller
pour juger bien à poinct d’un homme, principalement contreroller
ses actions communes, et le surprendre en son à tous les iours. » —
ses actions communes, et le surprendre en son à tous les iours. » —
Or, quoiqu'il ne soit pas facile, après la perte de ses ouvrages, de
Or, quoiqu’il ne soit pas facile, après la perte de ses ouvrages, de
surprendre Démocrite dans son « à tous les jours », les textes qui
surprendre Démocrite dans son « à tous les jours », les textes qui
ont échappé au temps laissent assez voir de quel côté il penche tou-
ont échappé au temps laissent assez voir de quel côté il penche toujours et tombe le plus souvent. La connaissance sensible lui est un
point d’appui, mais il ne s’en sert que pour s’élancer aussitôt aux
jours et tombe le plus souvent. La connaissance sensible lui est un
notions rationnelles. Et dès qu’il a posé ces notions comme seules
point d'appui, mais il ne s'en sert que pour s'élancer aussitôt aux
notions rationnelles. Et dès qu'il a posé ces notions comme seules
vraies, ce sont autant de cadres dans lesquels la réalité rentre de gré
vraies, ce sont autant de cadres dans lesquels la réalité rentre de gré
ou de force. Le monde que les yeux de Démocrite ont vu est formé
ou de force. Le monde que les yeux de Démocrite ont vu est formé
d'éléments invisibles. Les corps qui ont frappé ses sens reposent
d’éléments invisibles. Les corps qui ont frappé ses sens reposent
sur un fond de réalité qui n'a rien de sensible. La matière étendue
sur un fond de réalité qui n’a rien de sensible. La matière étendue
que ses mains ont touchée n'est qu'un agrégat de particules aussi
que ses mains ont touchée n’est qu’un agrégat de particules aussi
peu étendues que possible, dépouillées de toutes les propriétés de la
peu étendues que possible, dépouillées de toutes les propriétés de la
matière, ne gardant que ce qu'il leur faut de solidité pour s'entre-
matière, ne gardant que ce qu’il leur faut de solidité pour s’entrechoquer mutuellement et se résister les unes aux autres ; à ce point
choquer mutuellement et se résister les unes aux autres; à ce point
que leur résistance se comprend aussi bien de nos jours comme un
que leur résistance se comprend aussi bien de nos jours comme un
antagonisme de forces immatérielles que comme un effet de deux
antagonisme de forces immatérielles que comme un effet de deux
solidités étendues qui se rencontrent et se repoussent.
solidités étendues qui se rencontrent et se repoussent.


Ainsi, tantôt Démocrite supprime, àvatpst, comme dit Sextus, les
Ainsi, tantôt Démocrite supprime, {{grec}}, comme dit Sextus, les
choses sensibles et la valeur de la connaissance sensible ; — tantôt
choses sensibles et la valeur de la connaissance sensible ; — tantôt
il admet la connaissance sensible, mais à titre de pure apparence, et
il admet la connaissance sensible, mais à titre de pure apparence, et
tome v. — 1878. 25

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