« Page:Gozlan - Le Dragon rouge, 1859.djvu/52 » : différence entre les versions

(Aucune différence)

Version du 30 novembre 2020 à 06:47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


V


Un heureux contre-poids à tant de faux principes professés par le comte de Canilly, c’était la confiance affectueuse de Casimire dans les conseils du jeune commandeur de Courtenay. Elle oubliait les enseignements de son père ; elle se raréfiait dès quelle écoutait les paroles franches de cette âme saine comme l’air de la mer. Le commandeur n’approuvait pas qu’on fît de la vie un antre où chacun cherche à égorger son ennemi. Ce mot d’ennemi lui était à peine connu ; il ne consentait à voir que des adversaires dans les hommes dont les intérêts différaient des siens ; aussi n’aimait-il pas M. de Canilly, quoiqu’il reconnût en lui une grande science de pénétration, malheureusement poussée trop loin. Il souffrait beaucoup de lui voir prendre tant d’ascendant sur l’esprit de Casimire ; il craignait que sa vie entière ne se ressentit des effets de cette tutelle. « Non, disait-il à Casimire dans leurs charmants entretiens qui prenaient de jour en jour une couleur plus tendre ; non, le monde n’est pas, comme on voudrait vous le persuader, une société de trompeurs et de trompés. Il existe peut-être des âmes malheureuses tourmentées du désir de mal faire, mais elles forment le petit nombre, et le meilleur moyen de déjouer leurs embûches, c’est encore d’être bon ; il faut l’être constamment, à tout prix, ne s’éclairer que de la bonté dans