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CONC CONC CONC CONC


L’usage des concubines ramène, sous des formes déguisées, la polygamie. (A. Maury.)

— Fig. Objet dont on abuse sans ménagement : Rome républicaine répudia la liberté, pour devenir la concubine des tyrans. (Chateaub.)

— Dr. rom. Femme légitime, mais de condition inférieure k celle du mari,

Antonymes. Epouse, femme légitime.

CONCUÇAO, ville du Brésil, dans la province de Minas, créée en vertu d’une loi de 1851. Elle compte dans sa circonscription une population de 39, 564 habitants, qui sont généralement occupés aux mines d’or et de fer. Ce dernier métal, très-abondant dans la contrée et en même temps très-estimé, donne des revenus assez importants aux propriétaires des hauts fourneaux. Les travaux "d’extraction de l’or sont quelque peu négligés, par suite du progrès des entreprises agricoles, qui sont plus lucratives. Il y a aussi une fabrique de tissus de coton en pleine activité.

CONCUEILLIR v. a. ou tr. (kon-keu-llir ; Il mil. — du préf. con, et de*cueillir). Ramasser, il Diriger, conduire à un terme, il Vieux mot.

CONCULQUER v. a. ou tr. (kon-kul-kédu lat. conculcare; de cum, avec, et calcare, fouler aux pieds). Fouler aux pieds. Il Terrasser, anéantir. || Vieux mot.

CONCUPISCENCE s. f. (kon-ku-piss-san-se

— du lat. concupiscentia ; de cum, avec, et cupiscere, convoiter). Penchant à jouir des biens de la terre, et particulièrement des plaisirs sensuels ; La cOncupiscisnce, c’est un attrait qui nous fait incliner à la créature, au préjudice du Créateur. (Boss.) L’homme porte un fond malheureux de concupiscence. (Pasc.) La concupiscence a deux branches relatives à la double nature da l’homme : elle est orgueil et volupté. (Lann-nn.) La concupiscence de la chair pousse à la concupiscence des yeux. (P. Félix.) La concupiscence, c’est l’appétit gui nous vient de ta terre. (J. Sim.)

L’âpre stérilité de votre jouissance Altère votre soif et roidit votre peau, Et le vent furibond de la concupiscence Fait claquer votre chair ainsi qu’un vieux drapeau.

Baudelaire.

— Par ext. Ardeur, passion :

Nous aimons les bijoux avec concupiscence.

Heonard.

|| Inusité.

— Théol. Attrait naturel qui a quelque chose de sensible et d’égoïste : Aimer Dieu par rapport à notre félicité propire, c’est l’aimer d’un amour de concupiscence. (Fén.) La concupiscence, gui est l’amour-propre, peut être vaincue, mais non pas éteinte ni entièrement désarmée. (Boss.)

— Hist. sacr. Sépulture de concupiscence, Lieu du désert où furent enterrés 25, 000 Israélites morts pour avoir mangé trop de cailles.

— Encycl. Théol. La concupiscence est "définie, dans la Somme théologique de saintThonias d’Aquin, « désir d’un bien délectable (appetitus boni delectabilis). • Pour le langage ordinaire, cette définition était trop large ; l’auteur le comprit, et, pour la restreindre, il distingua le bien délectable à l’âme du bien délectable au corps, le bonum rationis du ooitum secundum sensum, et la concupiscence devint alors le désir d’un objet qui satisfait la sensualité, un appétit sensible (appetitus sensitivus), une passion spéciale (passio specialis), la passion de l’appétit sensible (passio appetitus sensitivi). Ainsi, d’après saint Thomas, la concupiscence n’est qu’un des modes de la sensualité. La définition du catéchisme. du concile de Trente est plus large et plus explicite:« La concupiscence, y est-il dit, est un certain mouvement et une certaine force de l’àine, laquelle pousse les hommes à rechercher des objets agréables qu’ils n’ont pas. »

Nous passerons rapidement en revue les opinions des stoïciens, des épicuriens et des chrétiens-sur la concupiscence. Aux yeux du stoïcien, l’homme est tout entier dans la raison, l’esprit (animas) ; le gœur, avec ses passions et ses appétits, ne compte que comme un adversaire contre lequel il faut lutter avec énergie, pour arriver à annihiler complètement son influence. On objecte k cette sévère doctrine qu’en réduisant le cœur à néant elle mutile le chef-d’œuvre de la divinité, et que cette mutilation rabaisse ce même homme qu’un prétend élever, car il ne peut être véritablement grand qu’à la condition d’être complet. Ajoutons qu’en condamnant ainsi la concupiscence le stoïcisme détruit un des mobiles les plus importants de l’activité humaine ; chaque corde qui vibre au fond de notre cœur a sa raison d’être ; chaque passion a un but déterminé qui, lorsqu’il est atteint, constitue un élément de bonheur.

En face de ce système se place l’épicurisme, qui proclame que le premier devoir de l’homme est de vivre conformément à la nature, vivere naturœ convenienter, dit Horace, un de ses représentants les plus aimables. Que faut-il entendre ici par le mot nature ? Sans doute p cœur agissant de concert avec la raison, dans un parfait équilibre. Mais cet équilibre est-il facile à conserver ? L’expérience a prouvé que non. Il est bien rare que l’homme placé entre deux objets ne compare fias et ne préfère pas. C’est ce qui arriva aux épicuriens. L’école stoïcienne avait donné à


la raison la prédominance ; l’épicurisme en fit de même pour la concupiscence. Tout appétit du cœur, tout désir devait recevoir sa satisfaction ; la concupiscence régnait en souveraine. La théorie ne s’exprimait pas peut-être avec cette brutalité ; mais la pratique poussait logiquement les choses, et faisait de l’homme un pourceau du troupeau d’Épicure (Epicuri de grege porcus), ainsi qu’Horace se qualifie lui-même.

À son avènement, Jésus trouva le monde partagé entre ces deux doctrines, mais d’une manière fort inégale. L’épicurisme avait la prépondérance ; c’était contre lui avant tout qu’il importait de réagir. Ainsi s’expliquent les condamnations presque toujours trop rigoureuses que le christianisme naissant porta contre la concupiscence. Le non concupisces prit une importance et une étendue qu’on ne lui avait pas connues jusqu’alors. Saint Paul proclame la concupiscence'la racine de tous les maux ; saint Jacques la dépeint comme la cause unique du péché ; enfin, saint Jean ramène tout ce qui est mal dans le monde k la concupiscence, qu’il distingue en concupiscence de la chair et en concupiscence des yeux. Cette distinction existait déjà dans les deux derniers préceptes du Décalogue.

Neuvième précepte. Tu ne convoiteras pas la maison de ton voisin.

Dixième précepte. Tu ne désireras pas la femme de ton prochain.

Cette lutte contre la concupiscence, commencée par les Apôtres, fut vigoureusement continuée par les Pères de l’Église. Saint Augustin, saint Jérôme, saint Grégoire le Grand et tant d’autres ne la ménagent pas. Enfin, ce sujet a inspiré au dernier des Pères de l’Église, k notre grand Bossuet, un de ses plus beaux morceaux d’éloquence.

Aux yeux de la théologie chrétienne, la concupiscence mauvaise est issue du péché ; identique avec la notion de la. chair, loi des organes opposée à la loi de raison, elle est née du détournement libre de la volonté, et est devenue, dans la nature humaine corrompue, la source du péché. Telle est la doctrine un saint Paul. Mais cette concupiscence mauvaise n’est qu’un des modes de la concupiscence en général, dont les mouvements et les tendances restent moralement indifférents tant qu’ils ont une direction et une destination conformes k la nature, et ne prennent une signification morale, un caractère moralement mauvais, qu’autant qu’ils rompent l’équilibre en se soustrayant k la souveraineté de la raison (Cathéchisme romain). Bonne dans le premier cas, la concupiscence devient mauvaise dans le second. Dès que l’équilibre est rompu, la concupiscence, selon la formule de l’école, augmente la volonté et diminue la liberté. Le feu des passions donne à la première plus de facilité, de promptitude et de force pour l’action ; mais, en revanche, le trouble inséparable des passions soustraites à l’autorité de ta raison nuit à la liberté, qui ne peut exister complète et entière sans le calme et la réflexion. Aussi les actes accomplis sous l’influence des passions sont-ils d’autant moins imputables que le trouble a été plus grand et la liberté plus entravée ; car il faut, pour que l’homme soit responsable de ses actions, qu’il y ait de sa part plein consentement, complacentia.

Une autre argutie de l’école, c’est la distinction de la concupiscence antécédente et de la concupiscence conséquente. La concupiscence est antécédente, lorsque seâ mouvements sont tellement prompts, tellement vifs, et naissent d’une manière si subite, qu’ils précipitent irrésistiblement la volonté et lui font perdre la

liberté de ses déterminations ; ces mouvements prennent alors le nom de motus primoprimi. Origène enseigne qu’ils ne peuvent être comptés parmi les péchés ; la théologie a adopté cette opinion, en déclarant qu’ils ne sont pas du ressort de la responsabilité morale. La concupiscence est conséquente lorsque la volonté, restant maîtresse d’elle-même, se livre aux mouvements éveillés dans le cœur, et se laisse entraîner aux appétits qui la sollicitent. Dans ce cas, les mouvements prennent le nom de motus secundi ou secundo-primi. Origène établit qu’ils sont du ressort de la responsabilité morale, ce qu’admettent également tous les théologiens.

Quant k la distinction de la concupiscence de la chair et de la concupiscence des yeux, le Catéchisme du concile de Trente explique la différence qui sépare ces deux modes. « L’une, y est-il dit (la concupiscence des yeux), a encore en vue exclusivement ce qui est utile et profitable ; l’autre tend vers le plaisir et la jouissance. Celui qui convoite un fonds de terre ou une maison cherche plus le profit et l’utilité que le plaisir ; celui qui convoite la femme de son voisin brûle du désir de la jouissance et non du profit. » Saint Augustin se prononce dans le même sens.

Pour résumer en quelques mots la doctrine catholique, qui tient le milieu entre le système stoïcien et le système épicurien, il sufrira de dire que la concupiscence n’y est pas considérée comme essentiellement mauvaise ; que le principe sensuel et égoïste qui en constitue le caractère pernicieux y est la suite du péché d’Adam. Ainsi, d’après le Catéchisme du concile de Trente, les mouvements de la concupiscence ne sont pas toujours moralement mauvais ; ils ne revêtent ce caractère que par suite du péché originel, en outre-passant les bornes de leur destination naturelle, et


prenant une direction contraire k l’esprit, k la raison. Dans l’âme régénérée par le baptême, la concupiscence dépouille le caractère sensuel qui était la suite de l’infection du péché originel ; mais elle reste encore comme un ferment de péché, une occasion de combat et de triomphe pour ceux qui, aidés par la grâce de Jésus-Ohrist, lui résisteront jusqu’à la lin. Telle est la doctrine enseignée par le concile de Trente, le cardinal Bellarmin et les papes Pie V et Grégoire XIII. Les protestants considèrent la concupiscence, dans les descendants d’Adam, comme un péché.

La doctrine catholique serait assurément la plus belle et la plus rationnelle de celles que nous avons exposées ; malheureusement ces théories des théologiens, qui corrigeaient habilement la sévère doctrine du Maître, ont été corrigées elles-mêmes par une application plus rigoureuse des paroles du Sauveur. La théologie avait méconnu le fameux castra teipsum ; la piété y est revenue, h’Imitation, le Combat spirituel sont devenus des interprétations infaillibles, ou peu s’en faut, de l’Évangile. Or, quelle doit être nécessairement l’influence de l’Imitation de JésusChrist sur quiconque voudra méditer cet ouvrage et régler sa conduite sur les principes qu’il renferme ? Kien de désolant comme ce vide que l’auteur s’applique à faire dans le cœur humain. L’amour de la science y est condamné comme toutes les autres affections —, le travail lui-même, ce principe essentiel de la vie des sociétés, n’y obtient pas un éloge. Et le Combat spirituel ne tend-il pas, lui aussi, k déraciner du cœur de l’homme toutes les passions, tous les mouvements qui ne se rapporteraient pas directement à Dieu ? En fait de concupiscence, on dirait que l’Église n’autorise que les aspirations mystiques de sainte Thérèse. On peut le dire sans hésiter, une société qui serait condamnée à suivre ces maximes mourrait bientôt de consomption ; et si le moyen âge a résisté, c’est grâce à une admirable logique de la nature, qui nous force nous-mêmes à être illogiques et inconséquents avec nos principes, lorsqu’ils nous conduiraient k triompher d’elle et à l’étouffer en nous. Tel est le sort fatal de toute doctrine opposée aux lois éternelles du bon sens et de la raison ; elle peut ralentir le progrès en lui retirant la coopération que la volonté suprême nous appelait à lui prêter; elle peut voiler un instunt l’empreinte que le sceau de Dieu avait marquée en nous, elle ne l’efface jamais. Tôt ou tard, la nature reprend ses droits, et l’homme tout entier, ses organes, son esprit, sa concupiscence, reprennent dans l’ensemble de l’œuvre divine le rôle qu’ils avaient un instant mis en oubli.

CONCUPISCENT, ENTE adj. (kon-ku-pisssan, an-te — rad. concupiscence). Qui a de la concupiscence : Une âme concupiscente. Elle avait l’œil vibrant, le teint animé, si concupiscente enfin que la ieunesse de Chartes ne put s’empêcher de voir tout cela. '(V. Soulié.) Il Inspiré par la concupiscence : La jeune fille avait fini par considérer toutes les concupiscentes fadaises que sa présence soulevait comme des formalités d’usage. (J. Noriac.) || Ce mot est de d Alembert.

CONCUPISCIBLE adj. (kon-ku-piss-si-ble

— rad. concupiscence). Ane. philos. Inspiré par le désir de la possession —. Les philosophes appellent appétit concupiscible celui où domine le désir. (Boss.) Les anciens philosophes, en analysant l’âme humaine, y admettaient trois facultés : la concupiscible, l’irascible et la raisonnable. (B. de St-P.)

CONCURÉ s. m. (kon-ku-ré-du préf. con, et de curé). Celui qui est curé en même temps qu’un autre, qui exerce avec un autre les fonctions de curé dans une même paroisse. || Vieux mot.

CONCURREMMENT adv. (kon-kur-ra-man

— rad. concurrent). En concurrence, d’une façon rivale : La plus petite chose faite en commun lie entre eux les hommes ; la plus petite chose poursuivie concurremment les divise. (De Bunald.)

—Ensemble, de concert : Il faut que le criminel, concurremment avec la loi, se choisisse des juges. (Montesq.) On ne peut faire marcher concurremment l’histoire de toutes les religions. (B. Constant.) Les nations ne perfectionnent jamais leur état mental sans perfectionner concurremment leur étal social. (E, Littré.)

CONCURRENCE s. f. (kon-kur-ran-se-du lat. concurrere, concourir). Compétition, prétentions rivales à un même objet : Être en concurrence. Ne sout-ce pas de fatales concurrences qui entretiennent entre les familles des défiances, des haines, des animosités éternelles ? (Bourdal.) Une rivalité quelconque stimule les âmes vulgaires, mais un esprit délicat souffre d’une indigne concurrence, « j. Sand.) En tout, la concurrence est le plus efficace des stimulants. (Baudrillart.) Le suffrage universel est et doit être le régime de la concurrence s’élevant jusqu’au gouvernement de l’État. (E. de Gir.)

Vous voyez toutefois qu’en cette concurrence Un monarque entre nous met quelque différence.

Corneille.

— Fig. Rivalité morale : Nul intérêt n’était jamais entré, dans sa grande âme, en concurrence avec la vérité. (Mass.) L’émulation,


cette concurrence des âmes, est l’aiguillon de la perfectibilité. (Portalis.)

En concurrence, Douteux, incertain, mis’en question :

Grâce & Dieu, mon bonheur n’est plus en concurrence.

Molière.

Il Inus.

Jusqu’à concurrence de Jusqu’à ce que telle limite soit atteinte : Vous aurez à payer

cinquante francs par mois, jusqu’à concurrence d’une somme de dix mille francs.

— Comm. et écon. politiq. Rivalité entre entrepreneurs, fabricants ou commerçants, pour l’exécution des travaux ou lu vente des produits : Libre concurrence. Soutenir la concurrence. C’est la concurrence qui met un juste prix aux marchandises. (Montesq.) Concurrence est quelquefois richesse, mais le plus souvent c’est misère et désolation. (De Custine.) Concurrence, ce n’est qu’absence d’oppression. (F, Bastiat.) La concurrence des travailleurs a réduit tous les salaires. (A. Blanqui.) La concurrence est pour le peuple un système d’extermination. (L. Blanc.) La concurrence, c’est l’enfantement progressif et perpétuel de la misère. (L. Blanc.) La libre concurrence des travailleurs est plus utile à la production que le travail soumis à des restrictions et à des gênes. (Rossi.) La concurrence fait le bon marché. (Mich. Chev.) La concurrence finit par détruire tout ce qu’elle fonde. (E. de Gir.) La concurrence, analysée dans son principe, est une inspiration de la justice, et cependant la conxurrence, dans ses résultats, est injuste. {Proudh.) La concurrence est la toi même du marché, le condiment de l’échange, le sel du travail. (Proudh.) Ce qui fait l’ouvrier habile, c’est la liberté et la concurrence. (J. Simon.)

— Jurispr. Égalité de droits : Ces deux créanciers, par la date de leurs créances, viennent en concurrence.

— Liturg. Concurrence d’office. Se dit lorsque avec les secondes vêpres d’une fête double concourent les premières vêpres d’une autre fête double qui doit se célébrer le jour suivant.

Encycl. Econ. politiq. Pris dans son sens le plus étendu, le mot concurrence exprime la rivalité des efforts tentés dans une même voie par divers individus qui, chacun pour son compte, tendent à un même but. Restreinte a son acception économique, la concurrence n’est autre chose que la pratique de la liberté industrielle et commerciale sans contrôle et sans limites. Elle s’exerce d’individu à individu, de nation à nation, d’une industrie à une autre, du capital au travail, puis entre les travailleurs comme entre les capitalistes eux-mêmes. Elle revêt donc un caractère universel. Sur un sujet aussi vaste, il a été publié des volumes par milliers, dans lesquels ont été émises des théories diamétralement opposées. L’école de Quesnay, de Turgot et d’Adam Smith, continuée par J.-B. Say, Rossi, Bastiat, etc., célèbre la concurrence comme la grande loi des harmonies sociales. Tout au contraire, les écoles plus modernes d’Owen, de Fourier, de Saini-Simon, de Pierre Leroux et de Louis Blanc ne voient dans la concurrence qu’une sorte de boîte de Pandore d’où se seraient échappés tous les maux, et qui ne contiendrait pas même au fond le dernier des biens, l’espérance. Puis, entre ces systèmes exclusifs, sont venus se placer une foule de bons esprits et surtout de grands cojurs, tels que Eugène Buret, Viileneuve-Bargemont, Villerme, Dupont-Whita, etc., qui, sans méconnaître les dangers de la concurrence illimitée, en adoptent le principe et s’elforcent d’en atténuer les conséquences. Dans notre cadre restreint, nous n’avons pas la prétention d’analvser une k une des opinions si multiples et si diverses. Nous ne pouvons que résumer, avec les principaux faits k l’appui, les systèmes qui se combattent encore sur cet immense champ de bataille, et donner nos propres conclusions.

La liberté industrielle et commerciale est le dogme économique des sociétés modernes. Elle ne date pas de très-loin. L’antiquité ne l’a pas connue. Pour arriver k ce progrès, car c’en est un et des plus notables, l’humanité a dû traverser successivement le régime des castes, de l’esclavage, du servage et des corporations, qui subsiste encore en Asie, dans quelques parties de l’Amérique du Sud, et même k quelques pas de nos frontières. Des deux principes constamment qn lutte dans la vie sociale, savoir l’autorité collective et la liberté individuelle, c’est toujours le premier qui domine au début, où il se produit sous la forme brutale de la violence et de l’oppression. La liberté ne se dégage que lentement des étreintes du despotisme, et c’est dans ce sens historiquement vrai qu’on a pu dire que la liberté couronne le faîte des édifices que le temps a consolidés.

« Je ne connais, disait un grand potentat de nos jours, Ni-.olas Ier, que deux principes de gouvernement : pour les peuples mineurs, un despotisme intelligent ; pour les peuples majeurs, la liberté. » Or l’émancipation des peuples, comme leur éducation, est le fruit du temps. Tout en critiquant l’état social de l’antiquité, nous devons tenir compte de cet élément indispensable, le temps. Les castes de la Chine, de l’Inde et de l’Égypte ont eu leur raison d’être. Aux yeux du penseur, elles avaient le tort grave de parquer les classes de la société dans des cadres de fer dont au