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du canon où dû tonnerre, tris d’animaux, roulements de tambour, jusqu’à la voix la plus nette et là mieux définie. — Souvent c’est une vraie discussion qui s’établit entre l’halluciné et la voix. Un prêtre s’entendait insulter la nuit par son domestique couché dans une pièce voisine, qui lui criait à l’oreille : « Athée ! » Chaque fois le prêtre répondait : « Tu mens, je suis chrétien ! » Cela durait jusqu’au malin. L’endroit d’où sortent ces voix est très variable : elles descendent du ciel, viennent du plafond ou du plancher, sortent de la muraille, de la cheminée, ou se font entendre dans les différentes parties du corps même de l’halluciné. Le fameux Berbiguier de Terre-Neuve du Thym, surnommé le fléau des farfadets, qui a publié le récit de ses hallucinations en trois volumes (1821), entendait la voix de Pinel dans sa cheminée. « J’ai connu, dit le docteur Christian, un aliéné qui entendait des injures dans la tête de ses voisins ; il était devenu très dangereux pour son entourage. » Généralement les hallucinés de l’ouïe n’entendent que des injures, des paroles blessantes, des menaces. Il y a cependant des exceptions.

Pendant plus d’un an, on a vu errer dans les rues de Paris un artisan se croyant poursuivi par des individus qui l’appelaient voleur, lui adressaient des injures, etc. Exaspéré par leurs machinations, il aiguisa un bout de fleuret qu’il portait toujours sur lui. Un jour, il rencontra sur son escalier un négociant qu’il connaissait à peine de vue, et, sans provocation aucune, il le frappa au ventre de son instrument et le blessa mortellement en s’écriant : « Tu paieras pour les autres. » Il fut enfermé à Bicêtre.

Dans l’une des émeutes qui ensanglantèrent Paris en 1831, la femme d’un ouvrier, enceinte de huit mois, cherchant à rentrer chez elle, voit son mari tomber mortellement frappé par une balle. Un mois plus tard, elle accouche heureusement ; mais, le dixième jour après l’accouchement, le délire éclate. Dès le début, la malade entend le bruit du canon, des feux de peloton, le sifflement des balles. Elle se sauve dans la campagne, espérant, en s’éloignant de Paris, se soustraire aux bruits qui la poursuivent. Depuis dix ans, six accès semblables ont eu lieu, et toujours les mêmes hallucinations se sont renouvelées dès le début du délire. Constamment la malade s’est sauvée dans la campagne pour éviter le bruit du canon, des coups de fusil, des carreaux brisés par les balles. Plusieurs fois, dans la précipitation de sa fuite, elle est tombée à l’eau. Deux fois, elle s’y est jetée volontairement pour échapper au supplice de ces bruits qui lui rappelaient la mort de son mari et lui faisaient croire aux plus grands malheurs. (Mémoire de M. J. Baillarger, sur les Hallucinations, dans les Mémoires de l’Académie royale de Médecine, t. XII, p. 279.)


Hallucination du Tasse. — Le Tasse avait souvent parlé à son ami Manso de ce génie familier qui venait le visiter ; et, comme celui-ci refusait