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alors obsédé par la présence d’un gros chat qui se montrait et disparaissait sans que je susse trop comment ; mais je ne fus pas longtemps dans l’erreur, et je reconnus que cette vision était produite par le dérangement des organes de la vue ou de l’imagination. Au bout de quelques mois, le chat disparut et fit place à un fantôme d’une nature plus relevée ; ce n’était rien moins qu’un huissier de la Chambre, costumé comme s’il eût été au service du lord-lieutenant d’Irlande. Ce fonctionnaire, portant l’habit de cour, les cheveux en bourse, une épée au côté, une veste brodée au tambour, et le chapeau sous le Bras, glissait à côté de moi comme une ombre. Soit dans ma propre maison, soit dans celle des autres, il montait l’escalier devant moi comme pour m’annoncer dans le salon. Mais cette apparition, comme la précédente, ne dura que quelques mois. L’huissier de la Chambre disparut et fut remplacé par une apparition horrible à la vue et désolante pour l’esprit… un squelette. Seul ou en compagnie, ce dernier fantôme ne me quitte jamais. C’est en vain que je me suis répété cent fois qu’il n’a pas de réalité, que ce n’est qu’une illusion causée par le désordre de mon imagination et le dérangement des organes de ma vue… Je sens trop sûrement que je mourrai d’un mal si cruel, quoique je ne croie aucunement à la réalité du spectre qui se présente à mes yeux. — Il paraît donc, lui dit le médecin, que ce squelette est toujours devant vos yeux ? — C’est mon malheureux destin de le voir sans cesse, répondit le malade. — En ce cas, continua le docteur, il est en ce moment présent pour vous ? — Oui. — Et dans quelle partie de la chambre croyez-vous le voir ? — Au pied de mon lit quand les rideaux sont un peu entr’ouverts, il se met entre les deux et remplit l’espace vide. — Pouvez-vous vous lever et prendre la place qui vous paraît occupée par le spectre, pour vous démontrer à vous-même que c’est une véritable illusion ? » Le pauvre homme soupira et secoua la tête négativement. — « Eh bien ! dit le docteur, nous essaierons d’un autre moyen. » Il quitta la chaise sur laquelle il était assis au chevet du lit, et se plaçant entre les rideaux entr’ouverts, lieu indiqué comme celui occupé par l’apparition, il lui demanda si le squelette était encore visible. — « Beaucoup moins, parce que vous vous trouvez entre le lit et moi ; mais je vois son crâne au-dessus de votre épaule. »

Le docteur tressaillit en entendant une réponse qui annonçait si distinctement que le spectre idéal était immédiatement derrière lui. Il eut recours à d’autres essais, et employa divers moyens de guérison, mais toujours sans succès. L’accablement du malade ne fit qu’augmenter, et il mourut en proie à son angoisse. (Walter Scott, Histoire de la Démonologie, cité par Brierre de Boismont, Des Hallucinations, p. 43-48.)


Hallucinations de l’ouïe. — Ces hallucinations sont, depuis les bruits les plus confus, simples bourdonnements, chuchotements, sons de cloches, bruit