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la brise souffle du nord, placide et bien abrité, il invite le bateau qui fuit devant la tempête à lui demander protection et asile ; mais soudain le vent tourne, la rafale du sud-ouest fait rage, le bateau chasse sur ses ancres ; drossé vers la côte, il va se débattre et finir au milieu des brisants écumeux. Le sage navigateur évite ces parages funestes.
DE SHERLOCK HOLMES 9


Du côté de la mer, le pays n’offrait pas un aspect plus réjouissant. Une lande déserte roulait comme des ondes ses plis bruns ; un clocher marquait de loin en loin la place d’un antique village ; partout se rencontraient les vestiges d’une race évanouie qui avait laissé, en souvenir de son passage, d’étranges monuments de pierre, des tertres irréguliers contenant les cendres des morts, et de curieux travaux de retranchement, témoins des luttes préhistoriques. Le mystère et le charme lugubre de cet endroit, où l’âme de peuples oubliés flotte dans l’atmosphère, parlaient à l’imagination de mon ami, qui consacrait une bonne partie de son temps à de longues courses et à des méditations solitaires dans la lande. En outre, il s’était pris d’intérêt pour la vieille langue de Cornouailles ; il lui avait découvert une parenté avec le chaldéen et la faisait venir des Phéniciens qui se livraient au commerce de l’étain sur la côte. Ayant reçu tout un lot d’ouvrages philologiques, il se disposait à développer cette thèse, quand, tout d’un coup, à mon vif déplaisir et à sa joie manifeste, nous nous trouvâmes, jusque dans ce pays de songe, mêlés à un problème bien autrement sérieux et captivant, bien autrement ardu que tous ceux qui avaient fini par nous chasser de Londres ; nous fûmes arrachés à la paisible simplicité de notre vie, à notre routine salutaire, et précipités au milieu d’événements qui émurent non seulement la Cornouailles, mais tout
la brise souffle du nord, placide et bien abrité, il invite
le bateau qui fuit devant la tempête à lui demander
protection et asile ; mais soudain le vent tourne, la rafale
du sud-ouest fait rage, le bateau chasse sur ses ancres ;
drossé vers la côte, il va se débattre et finir au milieu
des brisants écumeux. Le sage navigateur évite ces
parages funestes.

Du côté de la mer, le pays n’offrait pas un aspect
plus réjouissant. Une lande déserte roulait comme des
ondes ses plis bruns ; un clocher marquait de loin en loin
la place d’un antique village ; partout se rencontraient
les vestiges d’une race évanouie qui avait laissé, en
souvenir de son passage, d’étranges monuments de
pierre, des tertres irréguliers contenant les cendres des
morts, et de curieux travaux de retranchement, témoins
des luttes préhistoriques. Le mystère et le charme
lugubre de cet endroit, où l’âme de peuples oubliés
flotte dans l’atmosphère, parlaient à l’imagination de
mon ami, qui consacrait une bonne partie de son temps
à de longues courses et à des méditations solitaires dans
la lande. En outre, il s’était pris d’intérêt pour la vieille
langue de Cornouailles ; il lui avait découvert une
parenté avec le chaldéen et la faisait venir des Phéniciens
qui se livraient au commerce de l’étain sur la
côte. Ayant reçu tout un lot d’ouvrages philologiques,
il se disposait à développer cette thèse, quand, tout
d’un coup, à mon vif déplaisir et à sa joie manifeste,
nous nous trouvâmes, jusque dans ce pays de songe,
mêlés à un problème bien autrement sérieux et captivant,
bien autrement ardu que tous ceux qui avaient
fini par nous chasser de Londres ; nous fûmes arrachés
à la paisible simplicité de notre vie, à notre routine
salutaire, et précipités au milieu d’événements qui
émurent non seulement la Cornouailles, mais tout