« Le Roman réaliste en Angleterre avec Jane Austen » : différence entre les versions

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importance capitale ; son jugement étant limité, il ne conçoit
pas que ce qui lui est mauvais puisse être inoffensif pour
d’autres, et comme, d’autre part, il est plein d’une bien-bienveillance
veillance active, il aboutit à une tyrannie tendre, un peu rabâcheuse,
faite de dévouement et de timidité sénile. Il offre à ses
invités un œuf, « un de nos petits œufs, ») à la coque, préparé
par son cuisinier, car il ne garantirait pas certes n’importe
quel œuf à la coque, un demi-verre de vin, non, deux doigts
de vin trempé d’eau ; il les engage à risquer un « tout petit
morceau de tarte » et il les renverrait défaillants, si sa fille ne
remédiait pas à la prudence de son hospitalité. Après une
nourriture suspecte, ce que Mr. Woodhouse redoute le plus au
monde, ce sont les changements, quels qu’ils soient : sa fille
aînée est mariée, parfaitement heureuse, ce qui ne l’empêche
pas de n’en jamais parler que comme de la « pauvre Isabella ».
Le plus triste est que, toujours résigné dans son attitude et
dans ses paroles, il ne l’est jamais dans son cœur : il refait
constamment les mêmes questions superflues, répète les
mêmes plaintes affectueuses, soupire les mêmes désirs irréali-irréalisables,
sables, qu’il faut combattre avec les mêmes arguments, toujours
accueillis avec la même tristesse contenue, type achevé de ces
adorables vieillards, pleins de puérilité et de charme, qu’on a
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Mr. Bennett et Mrs. Bennett apparaissent si nettement dans
le premier chapitre d’Orgueild’''Orgueil et parti pris'', qu’on ne peut pas
se refuser le plaisir de cette citation :
 
« C’est une vérité universellement reconnue que tout célibataire
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de leurs filles.
 
Mon cher Mr. Bennet, lui disait un jour sa femme, savez-vous
que Netherfield Park est enfin loué ?
 
 
Mr. Bennett répondit qu’il n’en savait rien.
 
Mais je le sais, moi, car Mrs. Long sort d’ici et elle m’a
raconté tout au long ce qui en est.
 
Mr. Bennett ne répondit pas.
 
Est-ce que vous n’avez pas envie de savoir par qui c’est
loué ? s’écria sa femme avec impatience.
 
Vous avez envie de me le dire, vous, et je n’ai pas de
raisons pour ne pas vous écouter.
 
Cela suffisait comme invitation.
 
Eh bien, mon ami, vous saurez donc que Netherfield Park
est loué par un jeune homme très riche, qui est du nord de
l’Angleterre ; qu’il est arrivé ici en voiture lundi dernier ; qu’il
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prochaine.
 
Comment s’appelle-t-il ?
 
Bingley.
 
Est-il marié ou célibataire ?
 
Oh célibataire, mon ami, célibataire, bien entendu,
Célibataire et de bons revenus : quatre ou cinq mille livres de
rentes. Quelle bonne affaire pour nos petites !
 
Comment cela ? En quoi cela les intéresse-t-il ?
 
Mon cher Mr. Bennett, que vous êtes insupportable !
Vous comprenez bien que j’espère le marier à l’une de nos
filles.
 
Est-ce que c’est dans cette intention qu’il s’installe ici a?
 
Dans cette intention ? Vous êtes ridicule ! Naturellement
non, mais il peut très bien arriver qu’il tombe amoureux de
l’une ou de l’autre ; c’est pourquoi il faut que vous lui fassiez
votre visite le plus tôt possible.
 
Je n’en vois pas la nécessité. Allez-y donc vous-même,
vous et vos filles ; ou même, tenez, vous feriez mieux de les
envoyer toutes seules : j’ose dire que vous êtes aussi bien que
n’importe laquelle, et voyez-vous que Mr. Bingley aille vous
trouver la mieux de toutes
 
Mon ami, vous me flattez. J’ai certainement eu ma part