« Le Roman réaliste en Angleterre avec Jane Austen » : différence entre les versions

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dimanche anglais dans le Hampshire par la paix, la fraîcheur
et la monotonie. Mais il n’y avait pas de danger qu’elle s’ennuyât
 
 
dans ce milieu somnolent dès que deux ou trois familles
étaient réunies, tout en causant ou en brodant, son observation
infatigable restait en éveil ; elle possédait en elle le plus sûr
préservatif contre l’ennui, l’intérêt que la vie inspire ; elle
s’amusait aux âmes, même aux plus médiocres : un vieux
maniaque, une bavarde, de jeunes folles lui fournissaient d’une
manière secrète et continue de délicates distractions. Elle
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chefs-d’œuvre. Mieux encore, le chef-d’œuvre écrit, elle n’en
attendait ni profit ni renommée, pleinement satisfaite de la
joie qu’elle s’était offerleofferte à elle-même. Mr. Austen envoya
''l’Abbaye de Northanger'' à un éditeur qui paya le manuscrit
deux cent cinquante francs, s’en repentit et l’oublia dans un
tiroir. ''Orgueil et parti pris'' ne tenta personne et ne parut
que quinze ans après avoir été acbevéachevé. Même ce n’est pas là ce
qu’il y a de moins curieux qu’un pareil livre, témoignant
d’une connaissance de l’âme si minutieuse et si profonde, soit
l’ceuvrel’œuvre d’une jeune fille de vingt et un ans, innocente, simple
et ne sachant guère que regarder.
 
Les tristesses vinrent pourtant : il fallut quitter le vieux
presby tèrepresbytère, s’exiler quelques mois à Bath et à Southampton ;
le père mourut, la famille se dispersa et l’œuvre fut interrompue.
Elle ne la reprit que bien plus tard, dans la maison
qui allait devenir son second foyer, à Charton-House, sur la
route de Winchester. C’est là que la célébrité vint enfin, bien
limitée encore et bien tranquille : ''l’Abbaye de Northanger'',
''Orgueil et parti pris'', ''Bon sens et sentimentalité'', ''Mansfield''
''Park'', ''Emma'', parurent successivement. Le prince régent
 
 
lui envoya des éloges, et le monde la connut. Jamais toutefois
il ne la prit et ne la gâta, comme quelques-unes
de ses contemporaines ; elle sortait peu et n’allait que là
où l’on demandait « Jane Austen » ; MmeM<small><small><sup>me</sup></small></small> de Staël ayant
désiré voir l’auteur d’Orgueild’''Orgueil et parti pris'', Jane Austen
refusa. En femme du monde qu’elle était, elle redoutait la
réputation de bas-bleu. Elle vieillit ainsi avec sa mère et sa
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qui ne la connaît pas ; son charme est si subtil et si continu
qu’on ne le goûte qu’en la lisant et en la relisant. On a déjà
vu que l’intrigue n’a pas d’importance chez elle : une ou deux
analyses sommaires le prouvent abondamment.
 
''Persuasion'' raconte l’histoire d’une jeune fille qui a refusé
d’épouser un jeune officier qu’elle aimait, parce qu’elle s’est
laissée influencer par son père et une vieille amie ; elle le
regrette en silence et à jamais, lorsqu’il revient huit ans après.
Il l’a oubliée, et même elle lui paraît bien vieillie lorsqu’il la