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que. La constitution l’y destinât ; ils ont voulu que l’éducation, effaçant tout ce que les prestiges du trône ont pu lui inspirer de préjugés sur les droits prétendus de sa naissance, qu’elle lui fit connoître de bonne-heure, et l’égalité naturelle des hommes, et la souveraineté du peuple, qu’elle lui apprit à ne pas oublier que c’est du peuple qu’il tiendra le titre de roi, et que le peuple n’a pas même le droit de renoncer à celui de l’en dépouiller. Ils ont voulu que cette éducation le rendit également digne, par ses lumières et ses vertus, de recevoir avec résignation le fardeau dangereux d’une couronne, ou de la déposer avec joie entre les mains de ses fières qu’il sentit que le devoir et la gloire du roi, d’un peuple libre, est de hâter le moment de n’être plus qu’un citoyen ordinaire. Ils ont voulu que l’inutilité d’un roi, la nécessité de chercher les moyens de remplacer un pouvoir fondé sur des illusions, fut une des premières vérités offertes à sa raison, l’obligation d’y concourir lui-même un des premiers devoirs de sa morale et le désir de n’être plus affranchis du joug de la loi par une injurieuse inviolabilité, le premier sentiment de son cœur. Ils n’ignorent pas que dans ce moment il s’agit bien moins de former un roi que de lui apprendre savoir, à vouloir ne plus l’être.

Les hommes qui ont brisé les fers de la féodalité, et ceux de la superstition, qui nous ont affranchi de la tyrannie judiciaire set financière ; les rédacteurs de la première déclaration des droits dont l’Europe puisse s’honnorer, seront fidèles à leur gloire. Ils ne renouvelleront point librement ces lois honteuses, ces lâches apothéoses que la crainte des prétoriens arrachoient au sénat des empereurs ; s’ils gardent encore le silence, c’est que se regardant sur ces grands objets non comme les arbitres, mais comme les interprètes de la volonté nationale ; ils attendent pour lui obéir, qu’elle se soit hautement manifestée.



De l’Imp. du Cercle (illisible) Fruc. N° 4.