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l’arrêta : la pensée de Claire venait de se dresser tout à coup dans sa conscience. Il repoussa Germaine avec rudesse. Il ne voulut pas qu’elle fût sa maîtresse.

Les espoirs de Claire se pulvérisaient. Plusieurs fois, cependant, elle accompagna son frère jusque dans la demeure de sa rivale. Elle s’y montrait gaie, vive, spirituelle, comme d’habitude, faisant sur elle-même un de ces efforts qui causent à l’organisme une véritable douleur physique. Quand elle riait, elle avait la sensation d’une boule de plomb qui lui serait descendue dans la gorge. Son grand ami lui échappait, et elle souffrait d’autant plus cruellement qu’elle le voyait se désintéresser de l’œuvre de sa vie au moment même où elle allait être attaquée avec une violence extrême. Jusque-là, elle avait été heureuse de vivre à l’ombre de ce grand homme, créateur d’un monde nouveau et plus pur, satisfaite de rester vierge pour lui, de s’émouvoir sous son regard, de tressaillir à son approche. C’était bien fini, maintenant. Valmont allait devenir une ville banale comme toutes les autres, et elle, une vieille fille séchée par l’âge et la déception.

Pour faire bonne contenance, la brave enfant, elle simulait l’amitié la plus sincère pour Germaine. Elle la visitait souvent, pre-