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Même au milieu de la fête, Kháyyám n’était pas dupe de son tapage. Il pouvait tantôt gémir et tantôt sourire de ce qu’il croyait la fin ; il pouvait s’élever contre l’hypocrisie et la cruauté du sort, mais il n’avait pu détruire en lui cette notion qu’un maître dominait quelque part dont il ne voyait que le visage austère ; il sentait la réalité de la douleur aussi bien que celle de la mort.

Et l’amour n’attendrit qu’à peine de son sourire ses mélancoliques chansons. Il en voyait trop la fin qui est de nous duper pour un but qui nous laisserait indifférents, si les lois naturelles ne nous y menaient en nous grisant d’un vin factice. Mieux vaut le vin véritable et parfumé, et Kháyyám ne chante que celui-là. Il vous en tympanise, et nous finissons par comprendre qu’il s’agit d’une ivresse spéciale, celle qui recrée le monde, le Rêve. S’il voulait oublier, grâce à lui, la mort, ce n’était pas que l’inconnu l’épouvantât, mais bien qu’il fallait abandonner les joies