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cé à plaire ; elle portait invariablement à la ville une robe de cachemire noir, s’étant vouée au demi-deuil, et à la campagne des robes d’indienne ; pour aller dans le monde une robe de velours noir lui suffisait l’hiver, et l’été une robe de barège ou de mousseline.
Du 1er janvier au 1er avril, grâce à cette organisation économique, elle faisait une figure modeste, mais suffisante, dans le faubourg Saint-Germain ; et, d’avril à décembre, elle vivait noblement en son pigeonnier. Quelquefois elle était invitée à passer un mois chez des amis, et cette année-là elle trouvait moyen d’aller aux eaux, en juillet.
Quant à M. Le Dam d’Anjault, frère de madame de Clérac, que nous avons vu, veuf et encore joli garçon, à trente-cinq ans, nous le trouvons, au moment où commence ce récit, chef de bureau à la préfecture de X., avec deux mille quatre cents francs d’appointements « pour tout potaige ».
Né d’une famille noble qui n’avait eu de bien qu’une chétive part du milliard des émigrés, il était destiné à relever cette famille dont tous les efforts s’étaient réunis pour lui faire donner de l’éducation.
À vingt ans il était bachelier ; grâce à un frère moins heureusement doué que lui, qui était parti comme soldat à sa place, il se trouvait quitte du service militaire. Sa sœur, madame de Clérac, mariée à un vieux chevalier de Saint-Louis, pouvait alors lui offrir à Paris une chambrette, le sel et le pain. On lui dit qu’il fallait en profiter pour faire son droit, puisqu’en cette société révolutionnaire, on ne pouvait plus parvenir à rien sans avoir un diplôme et sans passer une thèse. Quand il serait reçu, on lui aurait, grâce à des protections, soit une sous-préfecture, soit une place d’auditeur au Conseil d’État, et on le marierait richement.