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– Mais la mettre au couvent à quinze ans… Pauvre petite !

– Allons donc ! parce que la mère vous a pris la moitié de votre vie et de votre jeunesse, ne faut-il pas que la fille vous prenne l’autre ? Croyez-moi, Armand, à trente-cinq ans, êtes-vous encore fait pour plaire ? Une fois cette fillette au couvent, vous vous marierez très bien. Et je sais une fille d’entrepreneur, élevée au Sacré-Cœur et richement dotée, qui sera contente de devenir comtesse de bon aloi et d’avoir pour mari un joli garçon.

– Pauvre Edmée ! si gaie, si enfant encore ! et qui semble si bien faite pour prendre sa part de la vie !

– Oui ! oui ! et pour vous donner du tintouin aussi.

– C’est ma fille, après tout !

– Votre fille !… votre fille !… Enfin, elle porte votre nom !

– Clémence ! La mère est morte ?

– Oui, mon cher Armand ; et Dieu la reçoive en miséricorde !

Il y eut un moment de silence. Le père semblait soucieux, hésitant ; mais, pour un observateur, il eût été trop clair que la destinée de la petite Edmée était fixée, et que les scrupules de conscience qui la protégeaient encore seraient vite vaincus.

Madame de Clérac reprit :

– Cette enfant porte votre nom, elle n’a pas de fortune. Pouvez-vous lui en donner ? Non ! n’est-ce pas ? Ce n’est pas avec la place de deux mille huit cents francs qui vous permet de vivre en province que vous la doterez ? Eh bien, quand elle aura vingt ans, qu’en ferez-vous Tenez ! je n’y puis penser sans frémir. Jamais vous ne trouverez à vous marier avantageusement ayant auprès de vous ce minois et cette grande fille sans dot. Pour elle, le monde, c’est la misère, le malheur !… Eh ! grand