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légitime du trône d’Écosse.
légitime du trône d’Écosse.


<poem>Oui, ma vie aux regards n’a pas craint paraître ;
<poem>Oui, ma vie aux regards n’a pas craint de paraître ;
On la voit, on la juge, on l’accuse peut-être ;
On la voit, on la juge, on l’accuse peut-être ;
Mais je n’ai pas, du moins, pour couvrir ses erreurs,
Mais je n’ai pas, du moins, pour couvrir ses erreurs,
Cherché d’un faux dehors les voiles imposteurs :
Cherché d’un faux dehors les voiles imposteurs :
Je n’ai point d’un vain masque osé tromper la terre.
Je n’ai point d’un vain masque osé tromper la terre.
Malheur, malheur & vous, si d’une vie austère
Malheur, malheur à vous, si d’une vie austère
Vous venant quelque jour arracher le manteau,
Vous venant quelque jour arracher le manteau,
La Vérité sur vous fuit luire son flambeau l
La Vérité sur vous fait luire son flambeau !
Le fruit ''de'' l’adultère
. . . . Le fruit de l’adultère

Profane insolemment le trône d’Angleterre ;
Profane insolemment le trône d’Angleterre ;
Le noble peuple anglais, par la fraude trompé,
Le noble peuple anglais, par la fraude trompé,
Gémit depuis vingt ans sous un sceptre usurpé.
Gémit depuis vingt ans sous un sceptre usurpé.
Si le ciel était juste, indigne souveraine.
Si le ciel était juste, indigne souveraine,
Vous seriez à mes pieds, et je suis votre reine !
Vous seriez à mes pieds, et je suis votre reine !</poem>


Dès lors, l’arrêt est irrévocable, et dans l’acte
Dès lors, l’arrêt est irrévocable, et dans l’acte
suivant on assiste aux hypocrisies dont Elisabeth
suivant on assiste aux hypocrisies dont Élisabeth
fait précéder la signature de la sentence
fait précéder la signature de la sentence de mort :
de mort


A gouverner l’État, Melvil, j’ai pu prétendre.
<poem>À gouverner l’État, Melvil, j’ai pu prétendre,
Tant que j’eus seulement des bienfaits a répandre.
Tant que j’eus seulement des bienfaits à répandre.
Mais avec mes bienfaits mon règne doit finir ;
Mais avec mes bienfaits mon règne doit finir ;
Je ne sais plus régner, alors qu’il faut punir)
Je ne sais plus régner, alors qu’il faut punir !</poem>


Mais lorsque les ministres se sont retirés pour
Mais lorsque les ministres se sont retirés pour
laisser la reine eu référer à Dieu, toute sa
laisser la reine en référer à Dieu, toute sa haine éclate librement :
haine éclate librement :


Je suis, a-t-elle dit, le fruit de l’adultère 1
<poem>Je suis, a-t-elle dit, le fruit de l’adultère !
J’usurpe insolemment le trône d’Angleterre I
J’usurpe insolemment le trône d’Angleterre !
Malheureuse I Ta mort eclairoira mes droits.
Malheureuse ! Ta mort éclaircira mes droits.
Quand tu ne seras plus, qu’on n’aura plus de choix.
Quand tu ne seras plus, qu’on n’aura plus de choix,
Le doute disparaît ; je règne alors sans crime.
Le doute disparaît ; je règne alors sans crime.</poem>


Cependant, lorsque s’ouvre le cinquième acte,
Cependant, lorsque s’ouvre le cinquième acte, une chance de salut reste encore à Marie. Mortimer peut venir la sauver. Il est vrai qu’elle n’y compte pas ; elle ne songe plus qu’à mourir chrétiennement, et, parée au
jour de sa mort comme au jour de sa grandeur, elle dit adieu à tous ses serviteurs, en laissant à chacun des gages de son souvenir. Bientôt l’heure a sonné ; Mortimer est tombé
une chance de salut reste encore à Marie.
aux pieds de la tour, assassiné par les sbires d’Élisabeth, et Marie n’a plus qu’à se rendre au lieu du supplice. Elle part, mais ses regards s’arrêtent sur Leicester. Elle le contemple
Mortimer peut venir la sauver. Il est vrai
qu’elle n’y compte pas ; elle ne songe plus
qu’à mourir chrétiennement, et, parée au
jour de sa mort comme au jour de sa grandeur,
elle dit adieu à tous ses serviteurs, en
laissant à chacun des gages de son souvenir.
Bientôt l’heure a sonné ; Mortimer est tombé
aux pieds de la tour, assassiné par les sbires
d’Elisabeth, et Marie n’a plus qu’à se rendre
au lieu du supplice. Elle part, mais ses regards
s’arrêtent sur Leicester. Elle le contemple
un moment, puis, d’une voix doucement
un moment, puis, d’une voix doucement
émue, sans sa plaindre, sans l’accuser :
émue, sans se plaindre, sans l’accuser :
« Comte, » lui dit-elle,
« Comte, » lui dit-elle,


Comte de Leicester, vous me tenez parole,
<poem>Comte de Leicester, vous me tenez parole.
four quitter ma prison, j’attendais votre appui.
Pour quitter ma prison, j’attendais votre appui.
. . . . . . .

Adieu ; vivez heureux. Plein d’espérances vaines,
MARI
Vous avez à la fois voulu plaire à deux reines,

Adieu ; vivez heureux. Plein d’espérances vaines.
Vous avez a la fois voulu plaire a, deux reines,
Trahi le cœur aimant pour le cœur orgueilleux.
Trahi le cœur aimant pour le cœur orgueilleux.
Aux pieds d’Elisabeth, adorez sa puissance,
Aux pieds d’Élisabeth, adorez sa puissance,
Et puisse son amour n’être pas ma vengeance !
Et puisse son amour n’être pas ma vengeance !</poem>


Leicester reste accablé de douleur et de remords ;
Leicester reste accablé de douleur et de remords ; et quand Seymours, son confident, vient lui apprendre que tout est fini, il tombe expirant dans ses bras. À l’époque où ''Marie Stuart'' fut représentée, la lutte s’annonçait
entre l’ancienne et la nouvelle école, et le succès enthousiaste qu’obtint Lebrun fut considéré
et quand Seymours, son confident,
vient lui apprendre que tout est fini, il tombe
expirant dans ses bras. À l’époque où ''Marie''
''Stuart'' fut représentée, la lutte s’annonçait
entre l’ancienne et la nouvelle école, et le
succès enthousiaste qu’obtint Lebrun fut considéré
comme une victoire du progrès sur la
comme une victoire du progrès sur la
routine. Malgré ses timidités, cette pièce était
routine. Malgré ses timidités, cette pièce était jugée d’une audace toute romantique.
jugée d’une audace toute romantique.


'''Marie Stuart en Écosse''', Opéra-Comique en
'''Marie Stuart en Écosse''', Opéra-Comique en trois actes, paroles de Planard, musique de
M. Fétis (théâtre Feydeau, 30 août 1823). Le sujet est tiré de l’''Abbé'', de Walter Scott ; mais
trois actes, paroles de Planard, musique de
M. Fétis (théâtre Feydeau, 30 août 1823). Le
sujet est tiré de ''Y Abbé'', de Walter Scott ; mais
les auteurs ont modifié quelques circonstances
les auteurs ont modifié quelques circonstances
et jusqu’aux noms des personnages, ce
et jusqu’aux noms des personnages, ce
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ne sont pas tout à fait les mêmes ; le
ne sont pas tout à fait les mêmes ; le
château qui renferme la reine ne s’appelle
château qui renferme la reine ne s’appelle
plus Lochleven, mais Douglas ; l’Écosse est
plus Lochleven, mais Douglas ; l’Écosse est toujours le théâtre de l’action, et le voisinage
toujours le théâtre de l’action, et le voisinage
de Kinross le lieu principal de la scène. Marie
de Kinross le lieu principal de la scène. Marie
Stuart entretient des intelligences avec
Stuart entretient des intelligences avec
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écuyer, envoyé par le conseil secret pour la
écuyer, envoyé par le conseil secret pour la
servir ou plutôt pour surveiller ses actions.
servir ou plutôt pour surveiller ses actions.
Lady Douglas, hautaine et méchante, RandaL,
Lady Douglas, hautaine et méchante, Randal, espèce de concierge intendant, sont les
espèce de concierge intendant, sont les
geôliers de l’infortunée Marie. Mais ce vieux
geôliers de l’infortunée Marie. Mais ce vieux
porte-clefs aime à boire ; lady Douglas n’est
porte-clefs aime à boire ; lady Douglas n’est
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défaut du poème, écrit avec une pureté toute
défaut du poème, écrit avec une pureté toute
littéraire, est d’être un peu sévère pour un
littéraire, est d’être un peu sévère pour un
opéra-comique. La partition reste le chefd
opéra-comique. La partition reste le chef-d’œuvre de M. Fétis. Nous citerons l’ouverture ; l’air : ''Je suis votre souveraine'', au premier
acte ; la romance en trio : ''J'ai vu le beau pays de France'', un vrai joyau musical, et une
œuvre de M. Fétis. Nous citerons l’ouverture ;
l’air : ''Je suis votre souveraine'', au premier
acte ; la romance en trio : ''J ai vu le beau''
''pays de France'', un vrai joyau musical, et une
ronde au deuxième acte ; et au troisième,
ronde au deuxième acte ; et au troisième,
l’invocation : ''O céleste justice !''
l’invocation : ''O céleste justice !''


'''Marie Stuart''', opéra en cinq actes, paroles
'''Marie Stuart''', opéra en cinq actes, paroles de M. Théodore Anne, musique de Niedermeyer,
de M. Théodore Anne, musique de Niedermeyer,
représenté à l’Académie royale de
représenté à l’Académie royale de
musique le 6 décembre 1844. Cet ouvrage
musique le 6 décembre 1844. Cet ouvrage
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par l’auteur du livret. On pourrait lui reprocher
par l’auteur du livret. On pourrait lui reprocher
toutefois de n’avoir pas tenu assez
toutefois de n’avoir pas tenu assez
compte du portrait traditionnel de Bothweil,
compte du portrait traditionnel de Bothwell,
en représentant ce soldat violent comme un
en représentant ce soldat violent comme un
élégant seigneur soupirant la romance. La
élégant seigneur soupirant la romance. La musique est soignée, pleine de délicatesse et
musique est soignée, pleine de délicatesse et
d’expression. Les situations sont rendues avec
d’expression. Les situations sont rendues avec
intelligence et avec une distinction qui ne se
intelligence et avec une distinction qui ne se
dément jamais. Tout le rôle de Marie Stuart,
dément jamais. Tout le rôle de Marie Stuart,
admirablement interprété par Mme Stolz, est
admirablement interprété par {{Mme}} Stolz, est
rempli de mélodies touchantes. Nous signalerons
rempli de mélodies touchantes. Nous signalerons
le duo qu’elle chantait avec Gardoni,
le duo qu’elle chantait avec Gardoni,
alors débutant ; les adieux de Marte Stuart,
alors débutant ; les adieux de Marie Stuart,
au premier acte ; la villanelle sur un motif
au premier acte ; la villanelle sur un motif
écossais, dans le second acte ; le duo avec
écossais, dans le second acte ; le duo avec
Gardoni au troisième ; quant aux ensembles,
Gardoni au troisième ; quant aux ensembles,
il faut remarquer d’abord le chœur : ''Partons'',
il faut remarquer d’abord le chœur : ''Partons, mylord, à cheval !'' au premier acte ; la scène
''mylord, à cheval !'' au premier acte ; la scène
des conjurés, sans accompagnement, au troisième ;
des conjurés, sans accompagnement, au troisième ;
enfin la scène d’abdication et l’entrevue
enfin la scène d’abdication et l’entrevue des deux reines, au cinquième acte. Baroilhet et {{Mlle}} Nau complétaient un quatuor
qui a laissé un bon souvenir de cette phase de notre histoire académique.
des deux reines, au cinquième acte. Baroilhet

et M’e Nau complétaient un quatuor
qui a laissé un bon souvenir de cette phase
de notre histoire académique,
<section end="MARIE STUART, reine de France, puis reine d’Écosse, fille de Jacques V, roi d’Écosse, et de Marie de Guise" />
<section end="MARIE STUART, reine de France, puis reine d’Écosse, fille de Jacques V, roi d’Écosse, et de Marie de Guise" />