« Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 1.djvu/16 » : différence entre les versions

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Raskolnikoff sortit fort troublé. En descendant l’escalier, il s’arrêta plusieurs fois, comme vaincu par la violence de
ses émotions. Enfin, arrivé dans la rue, il s’écria : « Ô mon
Dieu ! que tout cela soulève le cœur ! Se peut-il, se peut-il
que je… Non, c’est une sottise, une absurdité ! ajouta-t-il
résolument. Et une idée si épouvantable a pu me venir à l’esprit ? De quelle infamie faut-il que je sois capable ? Cela est odieux, ignoble, repoussant !… Et pendant tout un mois, je… »


Raskolnikoff sortit fort troublé. En descendant l’escalier, il s’arrêta plusieurs fois, comme vaincu par la violence de ses émotions. Enfin, arrivé dans la rue, il s’écria : « Ô mon Dieu ! que tout cela soulève le cœur ! Se peut-il, se peut-il que je… Non, c’est une sottise, une absurdité ! ajouta-t-il résolûment. Et une idée si épouvantable a pu me venir à l’esprit ? De quelle infamie faut-il que je sois capable ? Cela est odieux, ignoble, repoussant !… Et pendant tout un mois, je… »
Mais les paroles et les exclamations étaient impuissantes à exprimer l’agitation qu’il éprouvait. La sensation d’immense dégoût qui avait commencé à l’oppresser tandis qu’il
se rendait chez la vieille, atteignait maintenant une intensité telle, qu’il ne savait que faire pour échapper à ce supplice. Il cheminait sur le trottoir comme un homme ivre, ne remarquant pas les passants et se heurtant contre eux. Dans la rue suivante, il reprit ses esprits. En regardant autour de lui, il s’aperçut qu’il était près d’un cabaret ; un escalier situé en contre-bas du trottoir donnait accès dans le sous-sol de cet établissement. Raskolnikoff en vit sortir au même instant deux ivrognes qui se soutenaient l’un l’autre, tout en se disant des injures.


Mais les paroles et les exclamations étaient impuissantes à exprimer l’agitation qu’il éprouvait. La sensation d’immense dégoût qui avait commencé à l’oppresser tandis qu’il se rendait chez la vieille, atteignait maintenant une intensité telle, qu’il ne savait que faire pour échapper à ce supplice. Il cheminait sur le trottoir comme un homme ivre, ne remarquant pas les passants et se heurtant contre eux. Dans la rue suivante, il reprit ses esprits. En regardant autour de lui, il s’aperçut qu’il était près d’un cabaret ; un escalier situé en contre-bas du trottoir donnait accès dans le sous-sol de cet établissement. Raskolnikoff en vit sortir au même instant deux ivrognes qui se soutenaient l’un l’autre, tout en se disant des injures.
Le jeune homme hésita à peine une minute, puis il descendit l’escalier. Jamais encore il n’était entré dans un cabaret, mais en ce moment la tête lui tournait, et il était en outre tourmenté par une soif ardente. Il avait envie de boire de la bière fraîche, d’autant plus qu’il attribuait sa
faiblesse au vide de son estomac. Après s’être assis dans un coin sombre et malpropre, devant une petite table poisseuse, il se fit servir de la bière et en but un premier verre avec avidité.


Le jeune homme hésita à peine une minute, puis il descendit l’escalier. Jamais encore il n’était entré dans un cabaret, mais en ce moment la tête lui tournait, et il était en outre tourmenté par une soif ardente. Il avait envie de boire de la bière fraîche, d’autant plus qu’il attribuait sa faiblesse au vide de son estomac. Après s’être assis dans un coin sombre et malpropre, devant une petite table poisseuse, il se fit servir de la bière et en but un premier verre avec avidité.
Aussitôt un grand soulagement se manifesta en lui, ses

idées s’éclaircirent : « Tout cela est absurde », se dit-il,
réconforté, « et il n’y avait pas là de quoi se troubler ! C’est
Aussitôt un grand soulagement se manifesta en lui, ses idées s’éclaircirent : « Tout cela est absurde », se dit-il, réconforté, « et il n’y avait pas là de quoi se troubler ! C’est