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MADELON.

lon. Otez-en deux ou trois semaines de bise cuisante ou de neige silencieuse, et la saison terrible ne sera plus qu’une transition. Longtemps avant que les feuilles ne soient tombées, on voit paraître les bourgeons de l’an prochain. Ils grossissent lentement, mais sans cesse, dans leur étui fourré comme une pelisse, imperméable comme une toile gommée. Dès la fin de novembre, les tulipes sortent de terre. Elles savent qu’elles auront le nez gelé plus d’une fois avant Pâques, mais tant pis ! Les groseilliers, les lilas, les spirées sont aussi de braves petites plantes, toujours prêtes à risquer une feuille dehors, à la grâce de Dieu. La ronce tenace ne fait pas encore de nouveau feuillage, mais elle se cramponne à l’ancien : vous la voyez toute verte et riante sur les rampes abritées. Et le chêne drapé comme un vieil hidalgo dans son manteau couleur amadou, jure qu’il n’abandonnera point,cette défroque, à moins que le printemps ne vienne l’habiller de neuf. Rien n’est mort, rien n’est même endormi ; toutes les forces de la nature, refoulées par le froid, attendent un rayon de soleil pour se dégager et s’épandre. Qu’il nous vienne deux jours de beau temps, et quelques violettes dresseront la tête ; les insectes tapis sous l’écorce rugueuse des vieux arbres dégourdiront leurs membres roidis ; on entendra chanter le pinson, le mésange et le rouge-gorge familier ; le troglodyte, cette muscade ailée qui s’escamote perpétuellement elle-même, voltigera dans les aubépines du chemin.

M. Honnoré ne perdait jamais une occasion de promener ses élèves et de leur faire la classe eu plein air. De ses deux fils, l’un avait quinze ans, l’autre quatorze ; les deux aines de M. de Guernay étaient déjà de grands garçons de neuf et de huit ans. Il fallait que le temps fût bien froid pour que le savant et vertueux païen renfermât son pâtit monde autour d’un livre d’histoire ou d’un album d’architecture. Aussitôt qu’on pouvait sor-