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Entre sept et huit heures un officier municipal entra dans le cabinet du conseil, où la famille royale était réunie. « Que veulent les séditieux ? lui dit avec vivacité l’un des ministres. — La déchéance, répondit le municipal. — Que l’assemblée prononce donc, réplique le ministre. — Mais, demanda la Reine, que deviendra le Roi ? » L’officier municipal garda un morne silence et se retira. Alors, parut à la tête du directoire du département le procureur général Rœderer[1], revêtu de son écharpe.

« Tout est perdu », me dit, les larmes aux yeux, un des membres de cette députation. Le Roi s’était retiré dans sa chambre à coucher : sa famille l’entourait. Rœderer ayant demandé à parler au Roi, je l’introduisis : « Le danger, dit-il à Sa Majesté, est au-dessus de toute expression, la défense est impossible. Dans la garde nationale, il n’est qu’un petit nombre sur qui l’on puisse compter ; le reste, intimidé ou corrompu, se réunira, dès le premier choc, aux assaillants. Réfugiez-vous, Sire, réfugiez-vous promptement

  1. Louis Rœderer, 1751-1835, ancien conseiller au Parlement de Metz, député du Tiers aux États Généraux, procureur à l’Assemblée nationale, rédacteur du Journal de Paris, où il défendit la cause de Louis XVI après le 10 août.