Texte de Wikisource mis en vedette le 29 novembre

Évariste Boulay-Paty, À l’Académie française 1827


Tel un miroir brillant, où le soleil rayonne,
Réfléchissant la flamme et l’éclair tour-à-tour :
À l’imprudent qui s’en étonne
Darde tous les rayons de l’œil brûlant du jour.
Ainsi, foyer de la lumière,
De la littérature entière
Concentrant le vaste reflet,
Votre regard soudain s’allume,
Et son éclat brûlant consume
L’audacieux qui l’oubliait.


Croyant que le talent dormait, alors qu’il veille
Rêveur, silencieux et le front incliné,
Ils avaient dit : Puisqu’il sommeille,
Qu’il dorme pour toujours ou s’éveille enchaîné !
Et leur main tenait, impunie,
La chaîne qui sur le Génie
Devait faire peser l’affront…
Mais, de sa couche souveraine,
En les écrasant de leur chaîne,
Le Génie a levé son front !

Son front brille aussi, lui, paré d’un diadême ;
Son front, en s’élevant, domine sur les rois ;
Et quand parle sa voix suprême,
Comme une voix d’en-haut ils écoutent sa voix.
Ils aiment ce flambeau rapide
Qu’agite le Génie avide,
Et qui sur eux vient rejaillir ;
Sur eux ils veulent qu’il s’appuie,
Car c’est guidés par le Génie
Qu’ils traverseront l’avenir !