Souvenirs poétiques de l’école romantique/Sonnet (Arvers)
Sonnet, Laplace, Sanchez et Cie, libraires-éditeurs, (p. 18-19).
II
SONNET
J’avais toujours rêvé le bonheur en ménage,
Comme un port où le cœur, trop longtemps agité,
Vient trouver, à la fin d’un long pèlerinage,
Un dernier jour de calme et de sérénité ;
Une femme modeste, à peu près de mon âge,
Et deux petits enfants jouant à son côté,
Un cercle peu nombreux d’amis du voisinage,
Et de joyeux propos dans les beaux soirs d’été.
J’abandonnais l’amour à la jeunesse ardente ;
Je voulais une amie, une âme confidente
Où cacher mes chagrins, qu’elle seule aurait sus.
Le ciel m’a donné plus que je n’osais prétendre ;
L’amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre,
Et l’amour arriva, qu’on ne l’attendait plus.