Souvenirs de quarante ans/17
XV
Je reprends maintenant, mes chers enfants, mon récit au point où je l’avais laissé quand je suis retournée en arrière pour remplir des lacunes que j’avais laissées dans ce récit. Vous vous souveniez que, trois jours après notre sortie de la Force, il nous fallut fuir Paris, et que M. Hardy nous avait loué deux chambres à Vincennes. Ma mère et moi, sa femme de chambre et ma vieille bonne, nous nous cloîtrâmes dans cette étroite retraite.
Depuis ce triste séjour à Vincennes, je tiens pour certain qu’on peut vivre et même engraisser, sans avoir besoin pour cela d’air ni d’exercice, encore moins de bonheur.
Nous étions logées dans une rue écartée et étroite ; jamais nous n’ouvrions nos fenêtres ; nous ne mîmes pas une seule fois le pied dehors. Nous renouvelions l’air de nos chambres en ouvrant notre porte et en brûlant des fagots dans la cheminée.
Aucun rapport n’eut lieu entre nous et nos hôtes, qui étaient apparemment des gens à la dévotion de M. Hardy. Ma bonne allait acheter nos modestes provisions ; elle faisait notre petite cuisine, et ma plus grande distraction était de l’aider dans cette fonction et dans les soins de notre petit ménage.
Cette vie, qui dura près de six mois, était bien une vie de prison ; du moins notre prison était tranquille et nous n’avions pas de geôliers. Comment d’ailleurs songer à nous au milieu de tant de calamités publiques !
Ce fut là que la nouvelle de la mort du Roi vint jeter le désespoir dans nos cœurs. Bon et malheureux prince ! qui, en butte à tant de haines injustes, ne parvint à haïr personne, qui avait des intentions si droites et si pures, un si grand amour pour la France, qu’il l’aima jusque sur l’échafaud !
Beaucoup l’ont pleuré ; mais je vous laisse à juger si beaucoup avaient autant de motifs que nous de le pleurer.
Nous vivions ignorées du monde entier dans la retraite où nous étions comme ensevelies ; le seul moyen de vivre dans cette horrible époque, c’était de se faire oublier. Nous ne recevions ni lettres ni journaux. Une fois par décade M. Hardy nous venait voir, et nous voyions aussi l’homme d’affaires de ma mère avec la permission de M. Hardy. Ils nous apprenaient une partie des atrocités qui se commettaient dans Paris. C’est ainsi que nous passâmes les plus mauvais temps de la Terreur. Quoique si près de Paris, je ne puis dire que nous ayons assisté aux horreurs dont ils furent marqués ; nous les avons sues par ouï-dire.
M. Hardy avait pris sur nous un empire absolu : nous ne nous permettions que ce qu’il nous permettait ; nous nous abstenions de tout ce qu’il nous interdisait.
Enfin il crut que les dangers étaient diminués pour nous, que notre réclusion pouvait recevoir quelque adoucissement. Il nous choisit un autre logement à Vincennes, dans une grande rue, en bon air, et il nous fut permis, à la chute du jour, de nous promener sur la grande route. Nos voiles et nos tournures modestes nous firent prendre pour des religieuses ; ces religieuses présumées ne furent inquiétées par personne. Nous arrivâmes ainsi jusqu’au moment où M. Hardy ne vit plus d’inconvénient à ce que nous allassions nous retirer à la campagne.
Nous traversâmes Paris, et là nous eûmes la triste consolation de voir M. Edgeworth. Il nous parla des derniers moments du Roi, si courageux et si chrétien ; de cette messe dite au Temple, de cette suprême communion, et puis de ce lugubre trajet jusqu’à la place de l’échafaud. Nous versâmes avec M. Edgeworth bien des larmes.
Qu’elles étaient belles, ces paroles que le saint prêtre adressa au malheureux prince sur l’échafaud :
« FILS DE SAINT LOUIS, MONTEZ AU CIEL ! »
Qu’elles durent donner de courage à celui qui déjà tant de fois avait fait le sacrifice de sa vie ! Qu’elles durent lui donner de confiance, prononcées par cet homme d’une figure si calme, si noble, et sur le front duquel le sceau de la prédestination semblait écrit ! Le Roi a pu croire avoir un ange à ses côtés.
M. Edgeworth dit à ma mère qu’il avait été chargé par le Roi, dans ses derniers jours, de lui dire que, dans la crainte de la compromettre, il n’avait pas voulu, dans son testament, lui témoigner sa reconnaissance ; mais que cette reconnaissance était gravée dans son cœur.
Nous éprouvâmes de bien douloureuses émotions pendant le peu de moments que nous restâmes à Paris, et nous partîmes pour rejoindre mon frère, qui était retiré chez lui, à la campagne. Nous étions dans la première moitié de cette fatale année 1793, qui vit tant de crimes et de malheurs.
M. Hardy, débarrassé du soin de veiller sur nous, nous rendit encore un service. Ma sœur, madame de Charost, était allée conduire en Suisse une de ses amies, malade (la princesse de Talmont). Les événements du 10 août l’empêchèrent de revenir ; elle se trouvait émigrée sans le vouloir, et ne pouvait rentrer sans un grand danger. M. Hardy alla la chercher et la ramena au milieu de nous.
Tant d’événements, tant de catastrophes s’étaient succédé depuis notre séparation ! Nous nous revîmes avec bonheur. Nous passâmes en famille et aussi tranquillement que cela se pouvait à cette cruelle époque, c’est-à-dire sans être inquiétées, l’hiver de 1793 à 1794, et le printemps de cette dernière année. Mais quel funeste événement vint nous déchirer le cœur : la mort de la Reine ! Nous qui l’avions connue, aimée, qu’elle avait aimées ; nous qui avions vécu dans son intimité à Versailles, aux Tuileries, au Temple, qui savions tout ce que son cœur contenait de vertus royales et d’aimables qualités ! Nous étions avides de détails et, en même temps, nous craignions d’en demander. Ces détails étaient si cruels et si navrants ! Jusqu’au dernier moment la haine révolutionnaire avait suivi notre infortunée Reine.
Nous sûmes son attitude courageuse devant le tribunal révolutionnaire, son appel à toutes les mères, sa sortie de la Conciergerie en déshabillé blanc ; on n’avait pas même voulu lui accorder pour aller à l’échafaud le carrosse que la Convention envoya au Roi. C’est dans une ignoble charrette que la Reine de France est allée à l’échafaud, et les hurlements des furies de la guillotine ont salué son supplice. Mais qu’importent ces injures ! On n’a pu lui ôter ce cœur magnanime qui l’avait soutenue dans toutes ses épreuves, et elle est morte comme elle avait vécu, en reine. C’est ainsi que l’admiration se mêlait à la douleur que nous éprouvions pendant qu’on nous racontait ces détails. Mais la douleur était la plus forte.
Ajoutez à cela que nos craintes sur M. le Dauphin, ce noble et malheureux enfant livré aux mains les plus viles, nos inquiétudes pour Madame et pour Madame Élisabeth, remplissaient nos cœurs d’amertume.
Notre tranquillité personnelle prit fin au mois d’avril 1794. Je ne puis préciser la date du jour, mais je suis sûre que nous étions entrés dans ce mois, lorsqu’un jour, vers les neuf heures du matin, un domestique en émoi entra chez ma mère et lui apprit que des commissaires du Comité de sûreté générale demandaient à lui parler. Aussitôt averties, nous nous réunissons autour de ma mère pour entendre la signification de l’ordre qu’ils avaient de nous conduire dans les prisons de Paris : ma mère, mon frère, madame de Charost et moi. Ces commissaires étaient au nombre de quatre. La signification faite, deux de ces commissaires nous quittèrent pour aller au château de Courteille. Les deux autres procédèrent, en notre présence, à l’apposition des scellés dans chacune de nos chambres, puis ils hâtèrent le départ. En moins de deux heures nous étions en route. Ils avaient une voiture de poste ; nous en prîmes une seconde. Nous nous partageâmes entre ces deux voitures : mon frère et madame de Charost montèrent dans la première avec l’un des commissaires, ma mère et moi dans la seconde, avec l’autre.
Chemin faisant, ma mère s’informa du lieu où l’on devait nous mener. On nous dit que nous avions le choix de notre prison. Ma mère demanda à être conduite dans l’ancien couvent des Anglaises, situé rue Saint-Victor. Le commissaire répéta que nous étions libres de choisir, mais qu’il nous conseillait plutôt les Bénédictins anglais, comme la prison où l’on était le plus tranquille. On nous conduisit donc aux Bénédictins anglais, rue Saint-Jacques.
Nous n’avions guère eu le temps, ma mère et moi, de perdre l’habitude des prisons, car notre séjour à Vincennes pouvait être regardé comme une demi-captivité. Nous n’en étions pas moins affligées de perdre sitôt cette liberté si récemment recouvrée et ce bien-être moral que nous avions retrouvé dans la vie en famille. Mon frère et ma sœur entraient en prison pour la première fois. Tous quatre nous étions fort tristes. Pendant la formalité de l’écrou, on nous fit entrer dans une grande salle qui avait été, dans un meilleur temps, le réfectoire des bénédictins. Nous nous jetâmes sur des chaises sans échanger un seul mot.
Un homme petit, vieux, très-maigre, vêtu d’une camisole de nuit d’indienne, qui ne lui descendait qu’à mi-corps, couvert d’une coiffe de nuit, un balai à la main, était occupé à nettoyer la salle. Il s’approcha de nous d’un air entre la goguenardise et l’intérêt, et nous dit : « Mesdames, il y a huit jours j’étais comme vous, triste et silencieux ; il paraît que vous êtes des nôtres : dans huit jours vous aurez pris votre parti comme moi. » Il reprit son balai et continua à balayer.
Cette apostrophe bizarre, la tournure, l’air de bonhomie de celui qui nous l’avait adressée, nous arrachèrent malgré nous un sourire. Ma mère entra en conversation avec cet homme, qui se trouva être M. de Cassini, aimable, gai, instruit, et dont la société nous fut d’un grand secours pendant que nous fûmes enfermées avec lui sous les mêmes verrous.
Mon frère fut logé dans la chambre de M. Parker, ancien supérieur de la maison. Cet honnête, aimable et respectable homme, prisonnier dans son propre couvent, resta notre ami tant qu’il vécut.
Ma mère, ma sœur et moi, nous fûmes toutes trois mises dans une petite chambre au troisième, sous les toits ; nos trois lits de sangle ne nous laissaient pas grand’place pour nous retourner, mais, grâce à l’élévation de la mansarde, nous avions beaucoup d’air et une vue étendue.
Il est très-utile de juger les choses par comparaison ; les souffrances passées font ainsi quelquefois paraître plus légères les souffrances présentes : les souvenirs du Temple, de la Force, de Vincennes, nous firent trouver quelque agrément dans notre logement.
Il y avait déjà beaucoup de monde dans cette maison : hommes et femmes mangeaient en commun ; la nourriture n’avait rien de délicat. On prenait dans ce qu’il y avait de pis, dans les rebuts des boucheries et des paniers à légumes ; on ajoutait à cela du pain de munition de la plus mauvaise qualité. Il était vraiment difficile, malgré toute la sobriété possible, de se contenter d’un pareil menu. Heureusement, on nous permit de faire venir du dehors quelques légumes secs, du beurre et du lait ; on visitait ces provisions au greffe, après quoi nous les montions dans nos chambres.
Je m’instituai cuisinière de ma chambrée, et le repas du soir était un festin de ma façon. Seulement l’heure de ce repas ne fut pas toujours la même : il vint un moment où la lumière nous fut interdite, et je fus dans l’obligation d’allumer mon fourneau de terre assez à temps pour que nous pussions souper au jour.
On jouissait dans l’intérieur de la maison de la plus grande liberté. C’était, il est vrai, la liberté en prison, mais du moins on pouvait se voir, se visiter. En vérité, le commissaire du Comité de sûreté générale nous avait rendu un grand service en nous conseillant cette prison de préférence aux autres. Il y avait entre la plupart des prisonniers une bienveillance, une union presque fraternelle. Cependant nous fûmes avertis que nos paroles, nos soupirs, pouvaient trouver des surveillants et des interprètes dangereux ; il y avait dans la prison ce que l’on appelait des moutons ; c’étaient des espions chargés de recueillir les paroles imprudentes qui pouvaient compromettre les prisonniers. Leurs dénonciations étaient par conséquent fort à craindre, car elles pouvaient devenir le point de départ d’un acte d’accusation.
Chacun, sur ses gardes, ne se livrait qu’à bonnes enseignes. Du reste, notre vie était si à découvert, que l’on ne pouvait rien y trouver de suspect.
M. de Cassini, dont je vous ai parlé plus haut, s’était fabriqué, au moyen d’un paravent, sur un palier de l’escalier, un petit réduit où il dessinait. Il dessinait très-bien, on venait le voir ; bientôt on lui demanda place près de lui, et il se forma une petite académie de dessin dont il était le chef ; mon frère, ma sœur et moi y fûmes admis.
Nous avions la jouissance d’un petit jardin. MM. Aynar, de Lyon, au moyen de deux cordes et d’une planche, avaient élevé une escarpolette : j’étais jeune, j’en essayai, et ce petit exercice fut quelquefois une récréation pour moi.
Le temps s’écoulait assez doucement, mais bientôt l’horizon se rembrunit encore. Depuis que nous étions renfermés dans la prison de l’ancien couvent des Bénédictins anglais, nous y avions vu entrer beaucoup de monde ; nous étions plus de trois cents prisonniers, et personne n’avait encore été appelé devant le fatal tribunal. Mais on commença à parler de complots ; le régime de la prison devint plus rigoureux ; plusieurs d’entre nous furent enlevés et conduits à l’échafaud... Nous apprîmes que Madame Élisabeth, cette princesse d’une vertu angélique, venait d’y monter.
Cette funeste nouvelle rouvrit dans nos cœurs la blessure qu’y avaient laissée la mort du Roi et celle de la Reine. On nous répéta ses dernières paroles au tribunal révolutionnaire ; elles nous firent verser bien des larmes : « Toutes ces questions sont inutiles, vous voulez ma mort ; j’ai fait à Dieu le sacrifice de ma vie, et je suis prête à mourir, heureuse d’aller rejoindre mes respectables parents que j’ai tant aimés sur la terre. » Dans la charrette, elle consola et exhorta à la mort, avec une sérénité d’âme admirable, les vingt-quatre personnes qu’on avait associées à son supplice. On eut la cruauté de l’exécuter la dernière. Ainsi tout ce qui était entré au Temple semblait voué à la mort ! À chaque victime qui était frappée, nous voyions avec une terreur croissante le glaive se rapprocher de la tête de Madame Royale, maintenant demeurée seule dans cette prison où elle était entrée avec toute sa famille, car depuis longtemps le Dauphin était séparé d’elle. Auguste et malheureux enfant, quelle devait être sa destinée !
À partir de ce moment, tout fut changé dans notre manière de vivre. L’inquiétude remplaça la tranquillité, la terreur entra dans les cœurs. Nos craintes devinrent bien plus vives encore quand on nous avertit que le nom de ma mère avait été prononcé par une de ces bouches d’où sortaient les arrêts de mort.
Nous crûmes notre dernier jour arrivé ; nous nous préparions, nous nous encouragions ; nous allâmes jusqu’à chercher des renseignements sur la manière dont le supplice avait lieu. Résignées à notre sort, nous nous occupions, en l’attendant, à préparer des vêtements qui dispensassent le bourreau de mettre la main sur nous.
Un jour, nous crûmes que ces préparatifs allaient nous devenir utiles : la charrette couverte qui emmenait les victimes désignées était à la porte de la maison ; la voix du guichetier nous appelle... nous eûmes un moment de grande terreur. Heureusement que bientôt nous sûmes qu’il était question seulement de transférer ailleurs toutes les femmes prisonnières dans la maison, et que nous faisions par conséquent partie, ma mère, ma sœur et moi, du convoi qui allait partir.
Ainsi, après cinq mois de séjour, il nous fallut quitter cette prison. Nous ne nous en éloignâmes pas sans regret ; nous ne la quittions que pour passer dans une prison nouvelle ; notre captivité changeait de séjour sans finir, et par-dessus tout nous avions la douleur d’être séparées de mon frère, qui devait rester aux Bénédictins anglais.
Les motifs de cette translation nous étaient inconnus : pourquoi nous enlever de là pour nous transférer ailleurs ? L’incertitude de notre destination nous fit une triste impression. On nous mena à la prison nommée Port-Libre, nom dérisoire quand on le rapproche de l’usage auquel était employé l’édifice auquel on le donnait. Port-Libre était l’ancien Port-Royal des Champs, rue de la Bourbe.
Le premier spectacle qui s’offrit à nos yeux en traversant la route de Port-Royal fut le départ d’une bande de malheureux condamnés à périr, et parmi lesquels nous reconnûmes le comte de Thiars, vieillard à cheveux blancs, qui marchait d’un pas ferme et avec courage, mais dont la pâleur indiquait que l’âme faisait un violent effort pour surmonter la défaillance du corps.
Ils montèrent pour aller au supplice dans cette même voiture qui nous avait amenées, et les chambres qui nous furent données étaient celles qu’ils venaient de quitter !...
Ces premiers moments ajoutèrent beaucoup à nos tristes pensées ; bientôt nous pûmes comprendre que, pour nous, le danger s’était beaucoup rapproché. On était au plus fort de la Terreur. La Commune de Paris était maîtresse. L’échafaud, comme on l’a dit, était en permanence, et le tribunal révolutionnaire lui envoyait fournée sur fournée. Tous les jours un grand nombre des malheureux prisonniers étaient enlevés : nous pensions que notre tour ne pouvait tarder. Nous l’attendions avec résignation. Nous séquestrant de la foule de nos compagnons d’infortune, qui étaient au nombre de plus de cinq cents, nous n’avions de rapports qu’avec mesdames de Lambert et de la Rochefoucauld, et M. d’Aubusson, dont la société nous fut une consolation.
Enfin, l’arrivée imprévue d’un prisonnier dont le nom était pour les honnêtes gens un sujet d’horreur et d’épouvante nous apprit que le moment du péril était passé... Couthon, le fameux Couthon, l’impitoyable Couthon, vient d’être écroué au Port-Libre, parmi nous... La nouvelle en circule bientôt, tout le monde se hâte, se presse pour s’assurer du fait. Était-ce bien possible ? Couthon, le proscripteur de Lyon ! on ne pouvait y croire... Et pourtant rien n’était plus vrai. Couthon était prisonnier, et Robespierre avait tourné contre lui-même ses mains homicides.
La Révolution avait trop tendu le ressort de la Terreur, une réaction était inévitable. On avait usé le crime comme moyen de gouvernement, et, quoique les adversaires de Robespierre ne fussent guère plus humains que lui, et que leur principal motif pour le tuer fût le désir d’échapper à la mort dont il les menaçait, ils furent obligés d’adopter une politique de clémence et d’humanité.
La journée du 9 thermidor devait ouvrir les portes des prisons ; nous vîmes sortir beaucoup de monde avant qu’on nous apportât l’ordre de notre élargissement. Enfin la liberté nous fut rendue.
Deux mois de prison à la Bourbe ou Port-Libre, cinq mois de prison aux Bénédictins anglais, complétèrent sept mois de prison à ajouter à ceux que nous avions déjà subis.
Mon frère recouvra en même temps que nous la liberté, et ma sœur, madame de Charost, nous recueillit dans sa maison.