Texte établi par Vicomte du Couëdic de Kergoualer, Maurice Fleury, E. Paul (p. 5-6).


AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR


Je puis dire que les détails de mon séjour à Sainte-Hélène me sont aussi présents qu’au lendemain de mon retour. Aucun événement, aucune conversation, ni même aucun mot marquant de l’Empereur ne s’est effacé de ma mémoire.

Cela me suffisait, et mes notes éparses, n’étant destinées qu’à mes enfants, devaient rester en portefeuille. Certaines circonstances m’ont déterminée à en extraire quelques pages et à les faire imprimer dans l’intérêt de la vérité[1].

Je sais que l’on ne peut que glaner après la publication du Mémorial de M. de Las-Cases et celle du journal si véridique du docteur O’Meara, et je crains que le tableau sommaire que je retrace ne soit pas assez intéressant, d’autant plus que je me bornerai, quant à présent, à ne choisir dans mes notes que ce qui se rapporte exclusivement à la vie d’intérieur de l’Empereur. J’espère néanmoins que, tel quel, mon modeste opuscule ne sera pas inutile et qu’il contribuera à rectifier de faux jugements.

Obligée de me mettre en scène, puisque je n’interviens qu’à titre de témoin, je le ferai aussi sobrement que possible. Les menus détails qui me sont personnels m’ont paru indispensables pour peindre notre situation à Longwood, la vie que nous y menions, et offrir par là aux lecteurs, s’il y en a, une garantie d’authenticité.

Vassal Montholon[2]

Paris, mai 1840.

  1. Cette publication n’eut pas lieu. — Du C.
  2. Albine-Hélène de Vassal, fille de Jean-André de Vassal, chevalier, seigneur de Nesles, de la Fortelle, etc., receveur général des finances et trésorier des fortifications du Languedoc, du Roussillon et du comté de Foix (+ 1795), et d’Anne du Pas de Beaulieu, son épouse (+ 1812). Mme de Montholon était née à Paris vers 1780. Nous ne pouvons préciser la date, parce que l’acte de baptême, brûlé lors de l’incendie de l’Hôtel de Ville, en 1871, n’a pas été reconstitué.
    Depuis son retour à Paris, sous la Restauration, elle ne porta plus, dans le monde, que le titre de marquise ; mais nous avons cru devoir lui attribuer ici celui de comtesse de Montholon, qu’elle portait à Sainte-Hélène.