Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4/Six semaines en corse (1887) Le tour de l’île en calèche/Le mouflon de Sartène


SIX SEMAINES EN CORSE
(1887)
LE TOUR DE L’ÎLE EN CALÈCHE



LE MOUFLON DE SARTÈNE


Remémorez-vous, pour comprendre ce qui suit, les trois caractéristiques de l’île de Corse : Napoléon, la vendetta et le mouflon. De ces particularités, les poètes ont assez abondamment parlé, surtout de la première et personne n’ignore, au moins, que le vainqueur d’Austerlitz ne « frisait » pas. C’est d’ailleurs un « auguste barbier » qui nous l’assure. Pour la vendetta, nous avons Colomba, de Prosper Mérimée, où, sur ce sujet, tout est dit. Colomba, que nous écrivions : Colom’mbâ, comme Salam’mbô, pour taquiner Flaubert, peut épargner, à ceux qui craignent la mer, la traversée dans l’île du banditisme, et lire ce chef-d’œuvre, c’est aller de Corte à Sartène dans un fauteuil. Reste le mouflon.

Le mouflon, ou mouton de l’Arche, est une bête étrange. Au lieu de laine il a des poils, et porte au front des cornes tirebouchonnantes où Buffon, Linné et tous les naturalistes perdent leur latin et leurs lunettes. Car ce n’est pas une chèvre. Ce n’est pas un mouton non plus. Alors qu’est-ce que c’est ? Moi, j’en rêvais depuis Enguerrande, qui se passe en Corse. On a de ces obsessions d’autant plus tenaces qu’elles sont plus absurdes. Celle du mouflon me hantait, et j’allais de l’un à l’autre, disant à tous et partout : « Avez-vous vu un mouflon ? » comme La Fontaine demandait : « Avez-vous lu Baruch ? » qui, entre parenthèses, n’était pas le prophète juif, disciple de Jérémie, mais Baruch Spinoza, l’auteur de l’Éthique. Mais personne n’avait vu de mouflon et j’en traînais une languissante vie.

Il advint que, poussé par le besoin prosaïque de me repaître j’entrai un jour au Café de la Paix pour y déjeuner, et que, le garçon m’ayant invité à lui définir par son nom le plat qu’il me plaisait de manger, je lui lançai lapsusivement : — « Une côtelette de mouflon grillée. »

— Bien, monsieur, fit-il, sans s’étonner, et après une consultation à voix basse avec un maître d’hôtel grave comme Royer-Collard, il revint et dit : — Il ne nous en reste plus. Puis il ajouta : — On nous en demande rarement, du reste. — Comme je lui faisais remarquer la contradiction de ses deux propositions restauratoires, un client voisin prit part au dialogue par un franc éclat de rire.

C’était un charmant cinquantenaire, aux traits réguliers et fins, à l’expression bénigne, à la tournure d’officier, et sans nul doute un boulevardier de la bonne époque du nombril, soit de l’impériale.

— Je vous demande pardon, fit-il, de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais mon excuse est d’être corse, et votre côtelette de mouflon m’a évoqué la terre natale. J’ai reçu la vie à Sartène où le mouflon existe. Non seulement j’en ai chassé, tué au vol et mangé au pot (c’est exécrable !), mais j’en ai apprivoisé. Croyez bien cependant que s’il y en avait sur le menu du Café de la Paix, vous en verriez en ce moment dans mon assiette à la place de ces goujons de Seine dont la friture est une spécialité de la maison et que je me permets de signaler à votre gastronomie exercée.

Enfin ! je le tenais et l’avais devant les yeux l’homme qui avait vu le mouflon ailleurs qu’en gravure dans les livres de zoologie ! Le mouflon n’était pas un « chastre » de Méry. Il en avait tué, mangé et domestiqué. — Ah ! monsieur, vous venez de rendre la paix, dans ce café qui lui est consacré, à l’âme perplexe de…

— …Caliban, acheva-t-il comme dans les romans dialogués du père Dumas, et il me tendit en même temps sa carte de visite.

Il n’est parisien de mon âge qui n’ait connu et par conséquent aimé, cet affable et jovial Vincent Bonnaud, l’oncle même du chansonnier Dominique Bonnaud, qui était le secrétaire particulier du prince Roland Bonaparte. Au bout de dix minutes nous fûmes verre à verre, nos atomes s’étaient accrochés et une vive amitié s’était entre nous nouée, que la mort seule délia.

— Comment se fait-il, lui demandai-je, que ni Napoléon ni Mérimée, l’un dans le Mémorial, l’autre dans Colomba, n’aient rien dit, puisqu’il existe, de l’animal type de la Corse ?

— Parce que l’un le prenait pour une chèvre et l’autre pour un mouton. Il n’est ni l’un ni l’autre, acceptez-en ma parole d’honneur.

— Qu’est-il donc ?

— Il est les deux à la fois, ou plutôt c’est le mouton originel et préhistorique, celui d’avant le déluge, le prédiluvien, l’anticomestible, la première pensée, le prototype. Je ne sais pas si vous êtes darwiniste ? Mais on peut avoir observé, sans l’être, que la laine, c’est l’esclavage, et le poil, la liberté. Vous voyez cela même parmi les hommes. N’allez pas croire que le mouflon soit hybride, bigénère, mulet ou jumart, de deux espèces, mais si la Corse disparaissait, il serait déjà paléontologique. Grâce à Dieu elle ne saurait disparaître, elle est le chef-d’œuvre du globe terraqué, l’île de paradis et de rêve. Vous devriez venir y passer six semaines avec moi, souligna-t-il.

— Pourquoi faire ?

— Pour la connaître d’abord et en parler moins déraisonnablement que dans votre poème…

Enguerrande, rougis-je.

— Oui, et ensuite pour voir le mouflon. Oh ! l’étonnante bête, grosse à peu près comme un chevreuil, de forme élégante autant que lui, avec une charmante peau de satin moucheté, et agile à faire damner des clowns. Comme il perche sur les cimes les plus hautes, vous pensez si on l’approche à l’aise. Notre Napoléon lui-même, qui avait pourtant l’œil de l’aigle, n’en avait probablement jamais pu distinguer dans le maquis et Mérimée non plus, quoique excellent bonapartiste. Figurez-vous que, de rocher en rocher, si on le poursuit, il se laisse tomber sur les cornes, pique une tête, fait la culbute et s’enfonce. On ne l’abat que dans le laps de ce saut périlleux. Il faut être bon tireur.

— Vous l’êtes ?

— Infaillible ! Aussi, moi, je l’ai vu. J’en ai même boulotté, vous dis-je. Rien de plus coriace. On n’en aurait pas voulu pendant la retraite de Russie. Ceux qui nient son existence sont les mauvais chasseurs. Êtes-vous chasseur ?

— Faut-il tout vous dire ?

— Allez, allez.

— Eh bien, voici. Mais ce sera un peu long peut-être.

— Caliban est toujours trop bref. Je vous écoute.

— La vénerie, qui, à elle seule, est déjà tout un art et chanté par des tas de poètes, serait le plus beau des sports s’il ne contredisait point l’institution de la Société Protectrice des Animaux. Il n’est guère possible, en effet, d’accorder leurs deux principes antagonistes et le casuiste le plus subtil y perdrait son latin ergotatoire. Qu’on l’explique comme on voudra, la chasse est à base de meurtre.

Ses défenseurs ne laissent pas de soutenir que le meurtre, ici, n’est que le prétexte de l’exercice, et, quand ils veulent rire, l’accident, il n’en va pas moins que c’est pour tuer qu’on se guêtre et qu’on s’arme, et non pas pour faire prendre l’air à son chien. Connaissez-vous beaucoup de chasseurs qui se lèvent à quatre heures du matin et partent à travers les javelles dans le but de rentrer bredouilles ? Je croirai au pacifisme des tueurs de lièvres et de perdrix quand, au lieu d’un fusil à deux coups et d’une carnassière, ils se muniront d’un riflard et d’un canevas à tapisserie pour copier des fleurs dans la campagne.

Un bétophile est un bétophile, et je ne sache pas qu’il y ait, depuis Noé et son arche, deux façons d’aimer les bêtes, car ceux qui les aiment à la broche, en civet, en pâté, aux choux et bardées de lard, les aiment mortes, voire faisandées, et dans cet état elles sont notoirement insensibles aux caresses.

Jamais encore on ne me convaincra que le chasseur, cher aux caricaturistes, qui flanque deux charges de petit plomb dans le derrière innocent de son chien, n’en vient à cette extrémité que pour épargner une lapine, mère de famille en train d’initier sa progéniture aux douceurs du serpolet embué de rosée. On ne quitte pas pour ça son lit dès l’aurore. On ne verse pas soixante francs au gouvernement, fût-ce à celui de son choix, pour s’exposer à d’aussi héroïques méprises cynégétiques. Je le donne au général de Grammont lui-même, guerrier qui nous décrocha, en 1849, la loi timbrée à son nom. Entre la lapine et le chien, ce tueur d’hommes n’aurait pas lâché le coup, et voilà qui est aimer les bêtes.

Pour les besoins de la cause on divise les animaux en deux groupes : ceux dits domestiques, qui nous servent ; et les autres libres, qui nous fuient. Qui ose les en blâmer lève la main ! Le fablier est plein de dialogues échangés à ce sujet entre les deux types, et le loup, chien sauvage, y dit d’assez bonnes choses au chien, loup domestique. Or, la division est parfaitement arbitraire, et le sieur de Buffon, tout grand naturaliste qu’il est, prend sur lui de l’attribuer à la nature. Rien ne prouve qu’il y ait des bêtes propres à la servitude, ni le chat, ni le chien, ni le cheval, ni le chameau, ni la vache, ni la poule, ni le porc ni le mouton lui-même. Subjugués, oui, par une suite séculaire de perfidies, d’abus de confiance, de violences lâches, et réduits au commerce de l’homme, seule bête féroce que Dieu ait faite et signée telle, voilà ce que l’on peut en dire. Les autres se sont bravement soustraits au joug et nous tirons dessus : voilà la chasse.

Lorsque l’usage universel de la traction mécanique aura rendu le beau cheval échevelé aux pampas, steppes et forêts de l’origine, ou, si l’on veut, de la sortie de l’Arche, cette « conquête » de l’homme (vous le voyez, Buffon dit « conquête ») sera-t-elle récompensée de ses services immémoriaux par la paix dans la liberté ? Laisserons-nous le coursier, fidèle ami, courir joyeusement au soleil, paître l’avoine folle et se reproduire à la saison nouvelle ? Poser la question c’est la résoudre, comme on dit en style parlementaire. On chassera le cheval. Pourquoi ? Parce qu’il ne subira plus la tyrannie humaine, parce qu’il sera inutile et prendra de la place sur la terre, d’ailleurs aux trois quarts inhabitée. J’espère bien alors qu’il se défendra contre la bête féroce et ingrate que lui symbolise le charretier et qu’il démontrera de la sorte l’erreur de la classification zoologique des bêtes, en domestiques et sauvages. Ah ! sauvages vous-même, qui répondez déjà par l’hippophagie avouée et étalée à ce présent du progrès, l’automobilisme !

Au fond, et si l’on disait toute la vérité, personne n’aime la chasse. Ce n’est pas vrai qu’il soit amusant d’occire ce qui vole, ce qui se terre et jouit de la vie, dans les plaines, les monts et les bois. Celui qui ramasse une pauvre perdrix, à la douce plume encore chaude, a beau s’infatuer de joie : il se sent lâche et se mire, stupide, dans les yeux du chien complice. Il n’est bon chrétien qui n’ait la carnassière honteuse. Napoléon à qui on ne peut pas reprocher, je crois, d’avoir été sobre de sang, répugnait à ce sport d’oisifs qui déshonore les automnes du ciel de France et rougit le tapis d’or de leurs feuilles. Ces Austerlitz de faisans et ces Iénas de lapins, rabattus aux sons du cor, sur l’air du roi Dagobert, lui semblaient mornes et sans gloire, en ceci que l’ennemi n’y opposait d’autre stratégie défensive qu’une fuite indigne du nom de retraite. Au bout de cinq ou six coups de pure étiquette, d’ailleurs sans résultat, il repassait le tube à Cambacérès, qui en qualité de légiste, aimait le gibier sans défense. En fait de chasse, l’Empereur ne goûtait que la chasse à l’homme, la bonne, celle dont il fut le Nemrod.

Vous ne m’ôterez pas facilement de l’idée que les chasses présidentielles, au retour protocolaire, apparaissent aux Washington de la Nôtre comme des corvées du métier pseudo-royal qu’ils exercent. La tradition, si puissante dans notre peuple, fou de son histoire, leur impose quelques devoirs représentatifs où ils jouent leur popularité ; celui d’être un beau fusil marche de pair dans la fonction avec celui d’être un beau verre. Il faut feindre, mon Président, et tuer les grives dans les vignes, il vient des rois à Rambouillet.

Je n’ai pas à dire, ce semble, qu’entre Mithridate, qui passa sept ans à la chasse sans se débotter, et l’humble philosophe que je suis, la différence en vénerie est considérable. Je ne crois pas à la blague de la chasse. Les lièvres le savent, du reste. Ils ne se dérangent pas quand je coupe à travers champs pour aller chercher du tabac dans le village, et ils continuent à se peigner les moustaches. L’un d’eux, profond observateur et supérieur à Buffon en zoologie comparée, a vécu neuf ans dans mon jardin. Il m’avait fait l’honneur de l’élire pour habitacle. Tous les matins, il venait se ravitailler dans la poubelle, et il vivait paisible, au fond d’un vieux tonneau d’irrigation enfoncé dans le sol, que je lui louais sans redevance. Il y est mort, en avril dernier, de vieillesse, j’espère.

— Et voilà justement comment je suis chasseur, conclus-je.

— On l’est de toutes les manières, sourit Vincent Bonnaud, et le mouflon est précisément votre affaire. Je me rappelle… mais non vous ne voudrez pas me croire. C’était à Sartène — une ville qu’il faut au moins avoir vue quand on n’a pas la chance d’y naître, et où vous seriez reçu à bras ouverts — donc à Sartène, un matin, je suis réveillé par un coup frappé à ma fenêtre. Une voix, à moi bien connue, me crie de la rue : — Le mouflon ! L’éveil m’était donné par un bandit de mes amis, à qui on n’en fait pas accroire et qui ne rate qu’un gendarme sur sept, à trois cents pas, quand il le manque. Mais un gendarme, ce n’est pas un mouflon, ça se voit. Je saute sur ma carabine et j’emmène un chien qui passait. Je ne m’étais muni que d’une seule cartouche. Pourquoi deux, n’est-ce pas, puisqu’il n’y avait qu’un mouflon ! Arrivé devant la caverne du prédiluvien je me couche à plat ventre pour étudier ses mœurs dans son intérieur ; du reste, je suis Corse, je ne tue pas en chambre. J’ordonne au chien de débusquer la bête. Loin de m’obéir, il s’assied à l’entrée de l’antre et se met à rire de la queue. Ce chien de rencontre était un chien de berger, il sympathisait. Si je l’en avais cru, le mouflon serait un mouton, et j’étais sûr du contraire. Pour m’en assurer, je fais feu de ma cartouche, et le mouflon s’enfuit. Pline dit qu’ils ont peur du tonnerre. C’était le premier que je manquais, mais systématiquement, ai-je besoin de vous l’apprendre ?

Je regardais Vincent Bonnaud et je commençais à comprendre. Le prince Roland avait là un idéal secrétaire avec qui il ne devait pas s’embêter.

— Cette remarque de Pline est un renseignement certain, le mouflon a peur du tonnerre, donc puisqu’il fuyait, c’en était un, et non pas un mouton ni une chèvre. Lorsque nous serons là-bas, en Corse, vous constaterez vous-même que sa femelle, la mouflonne, n’est pas plus brave. Elle avait immédiatement suivi le mâle et ils culbutaient tous les deux de roc en roc sur leurs cornes spirales, à perte de vue. Je n’avais plus qu’à recueillir les mouflonets à la mamelle et à les emporter à Sartène pour les élever au biberon. J’avais du ruban rose dans ma poche…

Et comme il s’arrêtait :

— Allez, allez, fis-je, je sens que je le ferai, le voyage en Corse, et je n’y veux d’autre guide et compagnon que vous. Continuez pour l’amour de Dieu, de sa mère et de tous les saints. Que fîtes-vous du ruban rose ?

— Une faveur autour du cou du mouflonet et je laissai les mouflonettes dans la caverne.

— Aux soins sans doute de votre admirable chien de berger ?

— Évidemment. Et puis j’avais mon plan. J’étais sûr de revoir un jour ou l’autre les mouflonettes grandies, embellies et disposes à la conservation de l’espèce. Un Corse digne de ce nom ne laisse pas s’éteindre les idiosyncrases de l’île natale, et il y en a trois, tous les guides sont formels et unanimes, le mouflon, la vendetta et l’homme de bronze. Némorin…

— Qui, Némorin ?

— …revint avec moi à Sartène au bout de son ruban rose, et devint l’idole de la ville et l’enfant de la maison. Il y jouait le rôle familier des panthères, en Perse. Je le nourrissais de sucre qu’il prenait à même la betterave. Seulement son poil se raréfiait de jour en jour et la laine commençait à le remplacer aux jointures, enfin il se darwinisait dans la civilisation. Au printemps il ne me fut plus possible de le contenir, il voulait s’en aller piquer des têtes de pierre en pierre. Devant son reflet dans les glaces il bêlait à la liberté ! Un jour il me brisa mon Saint-Gobain. Je le remis sur le chemin de la montagne. À la fin de l’automne il reparut à la tête d’une smalah de petits. Il était père de famille. Il avait épousé naïvement ses deux sœurs, nouvelle preuve de son identité primitive et sauvage, et telle est l’histoire du mouflon de Sartène.

Lorsqu’on rencontre dans cette triste vie un homme ayant eu de pareilles aventures et qui vous les conte sans broncher, comme Alphonse Allais ou Schéhérazade, il n’y a qu’une chose à faire, une seule, s’attacher à jamais à cet homme et ne le quitter qu’au tombeau. Je m’étais levé et mes deux mains étaient tombées dans les siennes.

— Quand partons-nous, dis-je simplement ?

— Le plus beau moment de la Corse, c’est le printemps. Il est passé, reste l’automne.

— À l’automne donc. Mais en attendant je vous somme de me remplacer un oncle que j’ai perdu sans le connaître et que j’avais à Smyrne, l’année dernière. À bientôt donc, mon oncle Vincent Bonnaud et pour toujours.

« Septembre 1887.

« Mon cher neveu, l’automne en est venu, et avec lui ou elle, car il est des deux genres, l’heure sonne de voir et de chanter (apportez votre lyre), l’animal fabuleux et inclassé qui est l’un des trois attraits de la Corse. Les petits-fils de Némorin vous espèrent. Le prince Roland se réjouit de l’occasion que les Muses lui offrent d’escalader nos Alpes d’émeraudes et d’or en votre compagnie et il me charge de vous le dire. Vous n’avez à vous munir que de votre pipe favorite. Votre oncle éternel. — V. B. »

Et le 20 septembre, je m’embarquais pour l’île parfumée, sur La Manouia, à Marseille.