LIVERPOOL.


On entre dans le « Canada dock » lentement, mais sûrement.

Enfin, les passerelles sont glissées et fixées, le débarquement se fait joyeusement et sans encombre.

Comme tous mes compagnons de voyage, je suis heureux de fouler de nouveau le sol britannique.

Liverpool, dont la population est de 850 000 âmes, n’a rien de bien remarquable dans ses édifices, si l’on en excepte l’hôtel de ville, les musées, quelques hôtels-palais et la place St-Georges.

Ce qui fait la beauté de cette reine du commerce, c’est son havre immense où flottent les pavillons de tous les pays, où se dressent une forêt de mâts de navires.

25 000 vaisseaux avec un tonnage de 12 000 000 fréquentent ce port, qui est parfaitement outillé et dont le revenu annuel est de $7 000 000.

Une promenade en tramway sur le chemin de fer élevé qui longe ce havre gigantesque, vous fait jouir d’un panorama inoubliable, jusqu’à l’endroit favori appelé Seasand, plage maritime où les promeneurs viennent se délasser des fatigues de la vie agitée des grandes villes, en foulant d’un pas distrait les sables dorés et ensoleillés, et en respirant à pleins poumons un air salin et parfumé.

Liverpool, avec ses nombreux bassins et écluses qui l’embellissent, en sillonnant ses quartiers maritimes, pourrait s’appeler à bon droit, la Venise du nord.

De belles et nombreuses statues de la regrettée reine Victoria, témoignent du loyalisme du peuple, et les groupes d’auditeurs, écoutant respectueusement des prédicantes et quakeresses qui prêchent et expliquent la bible en plein air, témoignent du zèle religieux de la population, zèle digne d’une meilleure cause.

Ces orateurs en jupon ne se lassent point ; leur faconde surtout est intarissable.

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Le Walker Art Gallery renferme des œuvres d’art remarquables ; citons : « Après la bataille de Waterloo ; » — « Ruth et Noémi ; » — « Rêverie ; » « Le rêve de Dante ; » — « La fuite en Égypte ; » — « En temps de guerre ; » — « Daniel dans la fosse aux lions ; » — « Ariel ; » — « Fidèle jusqu’à la mort ; » — « Une nuit d’été. »

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Après un court séjour à Liverpool, je pars pour Londres, traversant l’Angleterre du nord au sud.

De vastes pâturages, où paissent de nombreux troupeaux de races améliorées, de riches domaines, remarquables par leur étendue et leur culture soignée, depuis des siècles la propriété des lords, nous rappellent que la fière Albion est aristocratique jusque dans ses terres et ses concessions territoriales.

Le sol est accidenté, mais très fertile, orné de plantations, coupé de routes superbes, bordées de grands arbres séculaires, sillonné de haies verdoyantes.

Les habitations rurales, à part quelques châteaux seigneuriaux, sont généralement modestes et champêtres.

Les villes que nous voyons sur notre passage, apparaissent florissantes par leur industrie, leurs manufactures et leur commerce.

Les plus remarquables sont : Manchester avec son merveilleux canal à navires reliant cette grande et commerçante cité avec Liverpool, en utilisant le cours de la Mersey, et Birmingham, célèbre par ses manufactures et ses armureries.