Souvenirs d’un officier prussien (1870-1871)

Souvenirs d’un officier prussien (1870-1871)
La Revue de Paris6 (p. 189-205).

SOUVENIRS
D’UN OFFICIER PRUSSIEN
(1870-1871)



Parmi les souvenirs de la guerre de 1870, parus en Allemagne depuis quelques années, une publication récente mérite de retenir l’attention : c’est le recueil des lettres[1] écrites au cours de la campagne, et adressées à sa femme par un officier de l’armée prussienne, le major Hans de Kretschman, qui fut attaché pendant la guerre à l’état-major du IIIe corps et devint par la suite général de division.

Ces lettres ont été publiées par la fille de l’auteur, madame Lily Braun, une des personnalités marquantes du parti socialiste allemand. Elles ont provoqué, en Allemagne, dès leur apparition, les plus violentes polémiques. L’auteur raconte les faits dont il a été le témoin ou les événements auxquels il a pris part. Les impressions, jetées presque chaque jour sur le papier, souvent à la fin d’une rude journée, sont celles qu’il a réellement ressenties ; les appréciations qu’il porte sur certaines personnalités, ayant joué un rôle pendant la campagne et entourées depuis la guerre d’une fausse auréole, sont souvent peu flatteuses.

Le major de Kretschman réalise d’une façon absolue le type du soldat prussien : « amour aveugle poussé jusqu’à l’abnégation pour le Roi et pour la patrie ; foi absolue en un Dieu qui se présente plus sous les traits d’Odin que sous ceux du père du Christ ; strict sentiment du devoir, qui réprime d’une façon souvent brutale tout autre sentiment ; intransigeance étroite qui désapprouve toute manière de voir qui n’est pas la sienne ; amour fidèle, poussé jusqu’au dévouement, pour sa femme et pour son enfant ; rigoureux sentiment de l’honneur qui ne connaît d’autre loi que la loi morale ; fierté inflexible, devant laquelle s’effacent tous les autres traits du caractère[2] ». Ajoutez la haine qu’il porte à tout ce qui est Français, et le profond mépris qu’il a pour la France, pour ses habitants, pour ses hommes politiques, pour son gouvernement.

Le père de Hans de Kretschman était un officier de la garde prussienne, qui, au mépris des préjugés aristocratiques de son temps, n’avait pas hésité à épouser une jeune fille de la bourgeoisie berlinoise. Une fois admis à la retraite, il s’était retiré dans une propriété qu’il possédait aux environs de Berlin et avait laissé, après sa mort, survenue en 1845, une veuve et cinq enfants dans une situation de fortune peu brillante[3]. Hans était né à Charlottenburg le 21 août 1832 ; il était donc à peine âgé de quatorze ans à la mort de son père. Il avait eu beaucoup à souffrir du caractère violent et brutal de celui-ci. Sa mère, veuve et sans fortune, s’imposa la tâche ardue de donner à ses enfants une éducation convenable : pour faire de ses fils des « hommes d’action », elle n’hésita pas à se montrer à leur égard ferme et sévère.

Hans de Kretschman, après de bonnes études dans les collèges de Brieg et de Guben, entra à dix-sept ans au régiment des Grenadiers de la Garde No8 ; il y resta trois ans et demi. « Il n’avait qu’une réelle passion : les chevaux. Malgré la supériorité militaire qu’il reconnaissait à l’infanterie, il devait regretter jusque dans sa vieillesse que sa situation de fortune ne lui eût pas permis de servir dans la cavalerie… Pourtant, aussitôt que ses ressources le lui permirent, il fit, comme jeune officier, l’acquisition d’un cheval ; le soin qu’il apporta dans son choix et ses connaissances hippologiques ne tardèrent pas à lui donner dans l’armée une certaine notoriété. Son esprit et son talent de brillant causeur lui valurent rapidement une situation en vue dans la société. Ses brillantes qualités l’imposaient en très peu de temps à son entourage ; il savait porter la gaîté jusque dans les milieux les plus ennuyeux[4] ».

En 1863, Kretschman, nommé capitaine, fut affecté au 2e régiment d’infanterie de Magdebourg No27, à Halberstadt. Il y épousa, l’année suivante, la fille du conseiller provincial Baron de Gustedt. Le vieux conseiller, issu d’une famille fixée en Saxe depuis des siècles, se souciait fort peu de marier sa fille avec un pauvre capitaine d’infanterie : deux fois, il refusa son consentement ; pourtant, il se laissa fléchir à la troisième démarche. En 1865, peu de temps après la naissance de sa fille Lily, Kretschman fut nommé professeur à l’École militaire de Neisse. Lorsque la guerre éclata entre la Prusse et l’Autriche, il reprit sa place au régiment No27 et fit la campagne de 1866 comme commandant de compagnie. Atteint d’un coup de feu à la jambe le jour de Sadowa, il fut laissé pour mort sur le champ de bataille : le soir, après la victoire, il fut retrouvé par quelques soldats de sa compagnie et transporté à l’ambulance. Il fut longtemps à se remettre de cette blessure, dont il devait, d’ailleurs, souffrir toute sa vie.

Après la signature de la paix autro-prussienne, il fut envoyé comme professeur à l’École militaire de Postdam. À peine un an avant la guerre franco-allemande, promu au grade supérieur, il entra à l’État-major général et fut désigné comme directeur de l’École militaire de Neisse. Ce soldat cultivé, qui s’occupait à la fois d’art, de littérature et de politique, était, en outre, un admirateur passionné de la nature et possédait des connaissances très étendues dans le domaine des sciences naturelles. Sa fille nous dit : « Je me souviens encore de la façon dont il cherchait, dans le jardin de la maison, à éveiller en moi le sentiment de la nature… Il était lui-même capable d’apprécier en artiste ou comme un enfant les jeux de lumière, les formations de nuages, les simples petites fleurs des champs ; il examinait avec une vive attention la vie des animaux, depuis la fourmi jusqu’au cheval, son plus fidèle ami à quatre pieds[5]. »

La guerre franco-allemande survint. Affecté à l’état-major du IIIe corps (Général Constantin d’Alvensleben II), Kretschman prit part à toutes les opérations de la IIe armée.

Sa première lettre est datée du 24 juillet 1870, du jour même où l’état-major du IIIe corps quitte Berlin ; pendant dix mois, la série de ses lettres va se continuer ininterrompue. Ce n’est pas la manière dont les événements de guerre sont présentés et commentés qui constitue l’intérêt primordial de cette correspondance : c’est surtout les appréciations personnelles sur les hommes et sur les choses.

À l’état-major du IIIe corps, Kretschman a dans ses attributions la préparation des dispositifs de marche et de combat, l’organisation militaire, les nouvelles politiques. Il insiste à plusieurs reprises sur le surcroît de travail et sur la somme de fatigues qu’impose à l’officier d’état-major la période des mouvements de concentration. « Notre existence actuelle, écrit-il, est très agréable ; seulement, on n’a pas beaucoup de repos. Comme les ordres n’arrivent du haut commandement que dans la nuit, c’est la nuit seulement que nous pouvons travailler et expédier les ordres ; résultat, on se couche à trois heures pour se lever à cinq. J’apprendrai à dormir le jour ; j’y arriverai, tu penses bien. » Au cours de cette période de concentration, l’enthousiasme des populations et des troupes allemandes est extraordinaire :

Le dévouement des habitants est vraiment admirable. Leur bonne volonté, mise à contribution sans interruption depuis huit jours, est toujours la même… À mon avis, de telles dispositions, qui les animent tous au même point, sont les symptômes d’un sentiment national, dont l’expression se retrouve dans l’enthousiasme des troupes ; celles-ci brûlent du désir de se mesurer avec les troupes françaises. Il n’est pas possible que ce pays, ou plutôt que ce gouvernement de menteurs, prêt à toutes les compromissions, puisse régir le monde ; il ne mérite pas le trône, et j’ai la conviction que Dieu mettra un terme à ces agissements. Les voies qui y conduisent seront peut-être très rudes pour nous, mais elles nous conduiront au but, et nous aurons travaillé pour la civilisation[6] !

Les troupes sont animées d’un excellent esprit malgré les fatigues qui leur sont imposées :

Les marches dans ce pays accidenté, par une chaleur excessive, par un temps lourd et sans un brin d’humidité, ont été fatigantes à l’excès, aussi notre corps d’armée, qui, depuis quatre jours, est obligé de faire des étapes de plus de trois lieues[7], a-t-il subi de grosses pertes. Rien qu’avant-hier sept morts et un grand nombre d’hommes tombés par suite de coup de chaleur. Le pays est merveilleux, mais à voir grimper les pauvres diables, haletant sous le poids du sac, l’admiration pour le paysage disparaît pour faire place à la pitié [8].

Les opérations entrent dans la période active. La nouvelle de la victoire de Wissembourg parvient au quartier général du IIIe corps :

La victoire du Prince Royal semble sans importance ; il a, en effet, attaqué avec des effectifs très supérieurs en nombre l’ennemi dont la force n’était que d’une division, environ 12 000 hommes. Pourtant, Wissembourg est une petite place forte ; il y a longtemps que les lignes de là-bas jouent un rôle dans l’histoire sous le nom de lignes de Wissembourg…[9].

Le 6 août, le IIIe corps prend une part active à la bataille de Spicheren. À peine la nouvelle d’un combat est-elle parvenue à Neunkirchen, au quartier général d’Alvensleben, que celui-ci, accompagné de son état-major, se fait transporter à Sarrebrück par train spécial. Kretschman considère, à juste titre d’ailleurs, l’intervention du IIIe corps dans cette journée comme décisive, bien que cette manière de voir ait été plus tard contestée par le général von Gœben, commandant du VIIIe corps. Comme tous les auteurs de mémoires, Kretschman attribue le rôle principal aux troupes avec lesquelles il a combattu. Le même état d’esprit se manifeste à diverses reprises, au cours de cette correspondance.

Les discussions, soulevées sur la question : à qui revient l’honneur de la victoire de Spicheren ? produisent sur Kretschman une impression plutôt fâcheuse ; il revient en plusieurs endroits sur cet incident :

Le souvenir de la bonne contenance du IIIe corps, au combat de Spicheren, a été effacé par suite des mensonges qui se sont propagés au VIIIe corps. Le général Gœben a écrit ou fait écrire aux journaux (chez nous, ces procédés sont interdits). Il a reçu, à ce propos, du Roi un ordre du cabinet, dont le contenu nous a été communiqué : il ne devrait pas oublier que, sans la prompte intervention du général d’Alvensleben, il eut été battu. Des discussions de cette nature sont bien tristes. Lorsque le 6 août, je me portai à cheval auprès du général de Kamecke pour lui demander où en était le combat, il me répondit : Je n’ai plus de division ; les quelques troupes qui sont là-bas, c’est tout ce qui me reste. Aujourd’hui, tout cela est contesté[10].

Les premiers revers ont, au dire de Kretschman, jeté la démoralisation dans les rangs des Français. La marche de Sarrebrück jusqu’aux environs de Metz lui offre le spectacle d’un mouvement exécuté précipitamment par une armée démoralisée. Partout, des tranchées, des maisons crénelées, les indices extérieurs de la volonté de se battre, et jamais cette volonté n’est mise à exécution. Dans sa haine des Français, Kretschman ajoute : « Des bataillons s’éloignent devant nos patrouilles de uhlans[11] ». À cette prétendue démoralisation, il oppose l’enthousiasme grandissant des troupes allemandes :

Quand, à travers les villes françaises, on entend chanter Je suis Prussien ou la Wacht am Rhein par les compagnies décimées marchant au pas, conduites par un officier de réserve, parce que les autres sont morts ou blessés — et cela, après de longs jours passés au bivouac sous la pluie, et bien que chacun ait laissé sur le champ de bataille qui un ami, qui un compatriote — sais-tu qu’à ce moment là le cœur vous bat plus fort ! [12]

On sait le rôle joué par la IIe armée allemande au cours des grandes batailles sous Metz, journées sanglantes dont le résultat fut de rendre impossible au Maréchal Bazaine la retraite sur Châlons. Le 16 août, le IIIe corps eut à supporter seul, pendant la plus grande partie de la journée, tout l’effort de l’ennemi, mais il eut aussi à subir des pertes énormes ; le 18, il fut maintenu en réserve et ne prit part à l’action qu’assez tard dans la soirée. À plusieurs reprises, Kretschman revient sur la bataille du 16 août, sur les incidents qu’il a pu noter, sur les conséquences des victoires de Rezonville et de Saint-Privat. Il attribue tout le mérite de la journée au général d’Alvensleben qui, sans une minute d’hésitation, attaqua des forces trois fois supérieures à celles dont il disposait.

Il porte sur la cavalerie des appréciations qui ne sont pas toujours à l’honneur de cette arme. Il raconte comment le colonel de Voigts-Rhetz, chef d’état-major du IIIe corps, et lui-même furent obligés de dire à des chefs de corps de cavalerie « des choses qu’on ne devrait pas avoir à dire à un officier ». Évoquant le souvenir de la charge de la brigade Bredow (7e cuirassiers et 16e uhlans), un de ces faits d’armes devenus presque légendaires en Allemagne, il montre le Général, qui devait mener la charge, hésitant au moins un quart d’heure et ne se décidant à partir que sur cette invitation un peu brutale du colonel de Voigts-Rhetz : « Enfin ! Monsieur le Général, vous avez l’ordre formel de charger la batterie qui est là-bas : vous n’avez pas à vous occuper des pertes[13] ».

Quelques jours après les victoires de Rezonville et de Saint-Privat, il apprécie en ces termes les conséquences des journées du 16 et du 18 août :

Nous étions trop près de Metz pour qu’une poursuite fût possible. L’armée française est enfermée dans Metz : elle cherchera peut-être à percer en un point quelconque. Pourtant cela deviendra chaque jour plus difficile, car chaque jour nous nous fortifions. Pendant ce temps, le Prince Royal, qui dispose de plus de 200 000 hommes, peut avoir donné à la question une solution définitive. Nos victoires, c’est-à-dire celles du IIIe corps, ne font pas sans doute, dans leur exposé, le même effet que celle de Wörth, mais elles ont bien une importance qu’il ne faut pas laisser déprécier : à Spicheren comme à Vionville, nous avons combattu contre des forces deux ou trois fois supérieures, tandis que, jusque-là, les rôles étaient renversés. La victoire de Vionville est, dans son exécution, comme dans ses conséquences, un triomphe pour nos armes…[14]

Pendant les deux mois que dure le blocus de Metz, chaque jour Kretschman adresse à sa femme ses impressions. Il traite les sujets les plus variés ; tantôt il relate les opérations militaires, vaines tentatives de sortie qui marquent les derniers sursauts de l’agonie de l’armée du Rhin ; tantôt, en de pittoresques tableaux, il dépeint l’investissement de jour en jour plus étroit, les troupes allemandes se consumant dans l’ennui et dans l’inaction, dans l’attente de la reddition sans cesse reculée. En d’autres pages, Kretschman raconte son installation plus que sommaire pour un officier d’état-major, sa vie en commun avec ses camarades au quartier général du IIIe corps, son existence journalière peu active et sans gloire au bivouac de Vernéville, tandis que d’autres troupes allemandes, non immobilisées devant Metz celles-là, moissonnent de nouveaux lauriers. Des commentaires souvent durs reflètent l’impression du moment. À l’adresse des Français, se multiplient, les termes injurieux.

La nature semble s’être complue à rendre plus atroces les conditions du drame. À des chaleurs excessives succède le mauvais temps ; des pluies torrentielles transforment les camps en bourbiers. Tandis que l’armée du Rhin, fidèle aux habitudes rapportées d’Algérie, meurt de faim au bivouac sous la petite tente et est décimée par les maladies, les troupes allemandes d’investissement, cantonnées dans les villages, ne souffrent guère moins des intempéries. L’humeur des chefs s’en ressent. Kretschman lui-même, qui souvent reproche aux Français des actes de sauvagerie et des excès de toute nature, se laisse aller à des accès d’indignation peu conformes à ses sentiments humanitaires :

La population des bords de la Meuse commence à devenir bien encombrante. Il est absolument impossible de sortir seul à cheval : partout les gens vous accueillent à coups de fusil. Hélas ! cela provoquera des représailles. Des gens, qui n’appartiennent à aucun corps de troupe portant l’uniforme, sont de vulgaires assassins s’ils vous reçoivent à coups de fusil. Il n’y a pas autre chose à faire que d’incendier toute localité d’où seront partis des coups de feu. Voilà comment à la guerre tout prend les proportions les plus fâcheuses[15] !

Le rappel du commandant de la Ire armée, ce « polichinelle » de Steinmetz comme il l’appelle, le comble de joie :

Hier, on a prié Steinmetz de se retirer chez lui. On aurait dû, dès le 6 août, l’expédier à Posen. Il est devenu l’être complètement fou, auquel on a malheureusement laissé le droit de commettre beaucoup trop de sottises. Il a eu avec le Roi et avec le Prince Frédéric-Charles les scènes les plus pénibles ; il invoque sans cesse ses lauriers de Nachod et de Skalitz, et se figure que chacun, en le voyant, doit s’incliner respectueusement. Il s’est permis d’incroyables abus de pouvoir…[16]

Jugement sur les aumôniers militaires :

Mon opinion sur les aumôniers militaires n’est pas très bonne. Au lieu des trois réglementaires, qui suffisent parfaitement pour un corps d’armée, nous en avons six dans une seule division. Ils y viennent de leur plein gré, dit-on, mais quand, comme moi, on a réellement affaire avec eux, on reconnaît malheureusement le vrai motif pour lequel ils viennent. Jamais jusqu’à présent un ecclésiastique n’a exprimé un désir pour les autres, mais toujours pour lui tout seul. Il n’y a pas le moindre effort à faire pour se rendre compte que l’argent joue un grand rôle dans leur service volontaire. La guerre donne décidément de tristes exemples des proportions que peut atteindre l’égoïsme humain[17].

Jugement sur Bazaine :

…Au début, il lui eût peut être été possible de percer au prix de grands sacrifices. Maintenant, nous avons construit tout un cercle de retranchements, nous avons de grosses pièces et tous les vides sont bouchés depuis l’arrivée des troupes de remplacement. Actuellement, il est trop tard pour sortir. Bazaine n’ordonne d’ailleurs ces combats que pour motiver la capitulation… Pourtant, je ne crois pas à la capitulation : va, Bazaine lui-même ne se laissera pas mourir de faim. — Du reste, il a adressé au Prince Frédéric-Charles une lettre fort aimable : il répète beaucoup ma pauvre patrie, ma pauvre France, et déclare ne pas être du tout décidé à reconnaître les gredins de Paris. Raison de plus pour se tenir tranquille. S’il reste à Metz jusqu’à la paix, il met une armée à la disposition du nouveau régime, et devient, par ce fait, un personnage indispensable[18]

Malgré toutes les souffrances endurées, la résistance des Français se prolonge ; elle finit par exciter l’admiration des Allemands eux-mêmes :

Cette résistance est admirable. Huit semaines de mauvaise nourriture, des bivouacs sans paille dans un pied de boue, des combats ! J’en arrive à me demander si nos hommes en auraient fait autant[19].

Enfin, le drame s’achève : Metz capitule. La IIe armée, désormais disponible, va se porter à marches forcées vers la Loire, contre les armées improvisées par le gouvernement de la Défense nationale. Avant de quitter Metz, Kretschman a un dernier souvenir pour les vaincus.

Ils ont fait plus que l’on ne pouvait attendre même des troupes les plus braves. L’armée a supporté sans faiblesse les plus terribles privations. S’ils avaient eu à leur tête un chef tant soit peu intelligent, les Français se seraient frayé un passage à travers nos lignes. Au lieu de cela, ils ont tiré le canon tous les jours, sans faire la moindre impression. Ils ont conduit leurs femmes sur les remparts pour leur montrer un semblant de guerre — et rien de plus[20] !

Le 29 octobre, Kretschman assiste à la reddition :

La journée d’aujourd’hui restera la plus grande de la campagne, une des plus grandes peut-être de l’histoire du monde ; elle a été pourtant profondément triste. Il pleuvait à torrents. Un peintre aurait appris à connaître toutes les nuances de la douleur et du désespoir. Le premier chef de corps, — un beau colonel, — me remit son rapport d’un air digne : pas un muscle de son visage ne bougea. Pourtant, de temps en temps, une larme tombait de ses yeux au regard fixe ; ses hommes prirent congé de lui en sanglotant. L’attachement des soldats pour leurs officiers était impressionnant ; ils leur embrassaient les mains. Un capitaine d’artillerie restera inoubliable pour moi, tant que je vivrai. Il chancelait sur son cheval ; je pensai qu’il était ivre, mais, lorsqu’il s’approcha, je reconnus qu’il était sous le coup d’une terrible émotion. Je cherchai à le calmer en évitant de lui adresser des paroles de nature à le blesser, « Vous me paraissez être un soldat de cœur, me dit-il très tranquillement. Dites-moi franchement, pouvions-nous encore nous battre ? — Oui, lui répondis-je, mais vraisemblablement sans espoir de succès. — Voyez-vous, me dit-il en pâlissant, dans ces conditions, autant mourir tout de suite. » Cet homme m’a produit une profonde impression[21].

Le 30 octobre, le IIIe corps se met en mouvement par Commercy, Ligny, Bar-sur-Aube, Troyes, Sens ; à maintes reprises, l’auteur s’extasie sur la beauté des régions parcourues en cette fin d’automne. De Sens, le IIIe corps gagne Pithiviers. Le 24 novembre, pour la première fois, il se heurte, au combat de Neuville, à l’armée de la Loire ; quelques jours plus tard, il prend une part active à l’affaire de Beaune-la-Rolande (28 nov.). Nouvelle période d’activité pour Kretschman : la nuit travail de bureau, le jour longues séances à cheval. À ce moment, l’armée de la Loire, sous d’Aurelle de Paladines, lutte désespérément contre l’armée du Prince Frédéric-Charles et contre celle du Grand-duc de Mecklembourg, dans l’espoir de tendre la main à la garnison de Paris. Soumises à des privations de toutes sortes, les troupes françaises sont, malgré leur bravoure, obligées de reculer.

Orléans est occupé par les Prussiens.

Quelles journées ! Un froid rigoureux, quatorze et seize heures à cheval, un morceau de pain sec pour toute nourriture et la mort tout près de nous ; toutes les horreurs de la guerre sous leurs aspects les plus variés. Mais Dieu veillait sur nous avec bonté : il nous a donné la victoire et il nous a laissé la vie[22] !

Le IIIe corps se lance à la poursuite des Français. Après une résistance opiniâtre, les débris de la Ire armée de la Loire réussissent à franchir la Loire à Châteauneuf et à Gien, dont elles font sauter les ponts. Alvensleben est rappelé avec ses troupes à Orléans. Ces marches et ces contremarches ne sont pas du goût de Kretschman qui critique assez amèrement les indécisions du haut commandement.

Depuis Metz, nous en avons vu de raides comme marches et combats et comme faim. Rien que depuis Metz, les combats suivants : Neuville, bataille de Beaune, combats de Boiscommun, Santeau, Chillieurs-aux-Bois, Loury, Vaumainbert et Saint-Loup — c’est déjà bien suffisant. Les trois journées des 2, 3 et 4 décembre, j’ai vécu de pain sec. Orléans nous refit un peu ; nous y avons séjourné un jour, — nous l’avons d’ailleurs rattrapé en faisant en une seule journée six lieues et demie pour gagner très vite cet ignoble les Bordes. Puis le combat de Gien, et maintenant, en route de nouveau pour Orléans. J’avais bien prévu que l’on nous ferait revenir en arrière, car cette promenade, la gauche en tête, était par trop insensée. Il est toujours pénible d’imposer de si inutiles allées et venues à nos braves troupiers[23] !

L’armée du Prince Frédéric-Charles va avoir à lutter contre la 2e armée de la Loire, aux ordres du général Chanzy. Le 12 décembre, le quartier général du IIIe corps s’établit à Meung : il devait y rester jusqu’aux premiers jours de janvier 1871.

Appréciation sur les troupes bavaroises :

Tu te ferais difficilement une idée des Bavarois. Par groupe de trois à six, ils encombrent les routes ; ils ont abandonné leurs régiments, en partie jeté leurs armes, et, affublés de toutes les couvertures possibles et impossibles, ils s’en retournent chez eux, pillant tout sur leur passage. Sur 30 000 hommes, il en reste encore 5 000 à Thann. Les officiers quittent l’armée sous prétexte de maladies.

Le Grand-duc a télégraphié : Les Bavarois sont un poids-mort inutile ; ils me font plus de mal qu’ils ne me rendent de services. Au cours d’un combat, le Grand-duc, s’adressant au Général Thann, s’est exprimé ainsi : Allez-vous-en avec toute votre racaille ! Cela fait une très fâcheuse impression. On ne reconnaît plus les officiers. Actuellement, toute la bande se dirige sur Orléans pour se refaire quelque peu[24].

L’armée de Chanzy, après avoir essayé pendant quelques jours de faire tête sur les bords de la Loire, s’était retirée dans les environs de Vendôme. Ce renseignement était parvenu, d’une façon assez imprécise, au commandement allemand. Le 15 au matin, le général d’Alvensleben confia au général Hartmann un détachement de toutes armes (6 bataillons d’infanterie, 8 escadrons, 3 batteries dont 1 à cheval), avec mission de se porter sur Vendôme et d’attaquer l’ennemi en flanc là où il le rencontrerait. L’intention du haut commandement était de ne livrer bataille que le 16 ; aussi, le chef du détachement avait-il reçu l’ordre d’éviter de se laisser entraîner à un combat sérieux. Alvensleben n’avait, paraît-il, pas grande confiance dans le général Hartmann, « qui, déjà en 1866, s’était promené sous les lauriers sans en cueillir une feuille[25] », aussi lui adjoignit-il le major de Kretschman avec des pouvoirs très étendus. Le général Hartmann, trop heureux, à ce que raconte Kretschman, de se reposer sur son adjoint, lui laissa l’entière direction du combat qui eut, d’ailleurs, une issue heureuse et entraina comme conséquence l’occupation de Vendôme. Hartmann n’hésita pas, bien entendu, à s’attribuer tout l’honneur de la victoire ; ce sans-gêne vexa profondément le major de Kretschman[26].

Après les combats sur le Loir, le prince Frédéric-Charles tient ses troupes concentrées autour d’Orléans ; elles étaient épuisées, car elles avaient aussi eu cruellement à souffrir des rigueurs de la température. La IIe armée allemande ne reprend son mouvement vers l’ouest que le 4 janvier 1871.

Kretschman, à cette époque, n’espère pas encore la paix. La chute de Paris ne doit pas, à son avis, changer grand’chose aux affaires, car Gambetta n’a rien à perdre ; plus il reste au pouvoir, plus il acquiert de popularité. Kretschman considère la convocation d’une Assemblée nationale comme nécessaire ; elle fera connaître si elle accepte définitivement la République et si elle est décidée à continuer la guerre ou à faire la paix :

Il faudrait que cette Assemblée nationale fût installée dans des conditions analogues à celles de la prison des Moabites : tous les prisonniers entendent et voient le prédicateur, mais ils ne se voient pas entre eux. Quand six Français sont ensemble, il y en a toujours un qui surenchérit sur les autres en phrases emphatiques ; quand ils sont seuls, c’est bien différent. J’en reviens toujours là : c’est une nation de fous et de singes, aussi malicieuse et astucieuse que ceux-ci, prête à se laisser aller aux plus ignobles actes de sauvagerie, pourvu qu’il n’y ait à cela aucun danger pour elle[27] !

C’est là un exemple des boutades habituelles à Kretschman. Il n’est pas plus aimable pour l’Angleterre :

Les efforts faits par les Français avec l’appui de l’Angleterre, m’en imposent franchement. Sans l’Angleterre, nous aurions déjà la paix ; la France n’aurait jamais pu armer ses troupes de nouvelle formation. L’Angleterre a puisé dans ses propres réserves de guerre, et je me fais cette idée qu’à l’heure actuelle les ministres anglais sont les gens les plus riches du monde. Il faudra plus tard anéantir cette puissance, et pour cela il n’est pas besoin de guerre. Nous aurons une flotte ; l’Amérique n’attend qu’une occasion pour se débarrasser de l’Angleterre, et, depuis la Crimée, la Russie a un petit compte à régler avec elle. Ce peuple qui, aussi loin que la terre s’étend, arme d’un poignard, contre remboursement, le bras de n’importe quel assassin, ce peuple pour lequel tout crime contre l’État, contre l’Église ou contre la Civilisation est considéré comme juste pourvu qu’il rapporte de l’argent, ce peuple ne mérite pas de tenir une place dans le conseil de l’Europe. Quelle peur s’empara de cette nation à la pensée d’avoir à faire vis-à-vis de la Russie preuve de courage et même simplement de bonne contenance, mais aussi quelle joie lorsqu’on s’aperçut qu’on pouvait bien s’en passer[28] !

À la reprise de la poursuite de l’armée de la Loire, le IIIe corps suit le sort de la IIe armée. Il assiste aux combats autour du Mans et occupe une première fois cette ville du 13 au 23 janvier 1871.

Quelles terribles journées nous venons de vivre ! Un froid épouvantable, des chemins couverts de verglas, une nourriture médiocre, un terrain où l’on ne peut utiliser ni cavalerie ni artillerie, et, pendant sept jours sans discontinuer, des combats à outrance, comme le voulaient les Français[29].

Le corps d’Alvensleben poursuit un peu au delà du Mans l’armée de Chanzy en retraite sur la Mayenne, mais sans dépasser Coulans (15 kilomètres à l’ouest du Mans), où lui parvient la nouvelle de l’armistice. Rappelé au Mans, il y reste en attendant la conclusion de la paix, jusque dans les premiers jours de mars. Bien qu’il ait été un des corps les plus éprouvés au cours de la campagne, il fait partie des troupes allemandes maintenues en territoire français jusqu’au payement d’une partie de l’indemnité.

Jugement sur la Commune :

La France pourra nous faire le grave reproche d’être la cause de l’anarchie sans cesse grandissante. Nous aurions dû occuper régulièrement Paris, qui, après tout, était une ville conquise, faire pendre ou fusiller quelques douzaines de gens, écraser chaque maison sous le poids d’un grand nombre de soldats à loger, et, une fois la ville domptée, la remettre aux Français. Chez nous, la guerre était devenue fastidieuse à tout le monde : aussi on y brisa court en une bonne fois. Le haut commandement fit tout au plus vite pour se tirer d’affaire, et il laissa tout en mauvaise posture…[30]

Révolte de ce cœur de soldat devant l’attitude peu digne des généraux, des états-majors et des officiers qui, à peine la guerre terminée, n’ont rien de plus pressé que d’abandonner leurs troupes et de rentrer chez eux au plus vite :

Tous les états-majors se sont empressés de rentrer chez eux ; nous allons voir maintenant comment nous allons nous tirer d’affaire. Cette attitude, je ne trouve qu’un mot pour la qualifier : elle est indigne… Bien plus, on ne s’est pas préoccupé une seule fois en haut lieu de désigner les troupes destinées à rester et celles destinées à être rapatriées. Il semble que toute direction ait disparu. Tout le monde se fait consteller de décorations, mais personne ne s’inquiète des troupes, qui ont bien le droit pourtant de connaître le rôle qu’on leur réserve. Je finis par croire que l’on dressera des recrues pour faire une entrée à Berlin ; de cette manière, toutes les fêtes, données en raison des victoires de l’armée, pourront avoir lieu sans le concours de celle-ci… Voilà une frivolité sans pareille : mener à Berlin une joyeuse et plantureuse existence, et oublier que cette armée, réduite à un médiocre ordinaire, est une armée victorieuse ! La place des princes est au milieu de leurs troupes et non pas à Berlin, où ils ne peuvent se rendre compte de l’état de l’armée. Si aujourd’hui, pour son bon plaisir, Alvensleben voulait prendre un congé, on considérerait cela comme un oubli de son devoir. La situation des princes est la même, et l’on trouve très mal à l’armée qu’ils soient rentrés chez eux à toute vitesse, avec de vagues congés, pour ne plus avoir à revenir…[31]

Quelques mois après la guerre, le major de Kretschman fut affecté à l’état-major du XIVe corps, à Karlsruhe. Devenu, au commencement de 1874, chef de section à l’état-major général, à Berlin, il fut promu la même année lieutenant-colonel et détaché à Posen comme chef d’état-major du Ve corps. Colonel du régiment de fusiliers no 35, à Brandebourg, il prit trois ans plus tard, en 1883, le commandement de la brigade mecklembourgeoise, à Schwerin. En 1886, lors de la création des inspections de landwehr dans les provinces orientales de l’empire, il fut chargé de celle de Bromberg : il trouva le moyen de s’y occuper activement, car ce fut précisément pendant son séjour dans cette ville, que les relations diplomatiques entre l’Allemagne et la Russie se tendirent à un point tel que l’on crût la guerre inévitable.

Lors des manœuvres impériales de 1887 en Poméranie, — les dernières auxquelles assista le vieil empereur Guillaume Ier, — le général de Kretschman reçut le commandement d’un parti ; dans le parti opposé, le prince Guillaume[32] commandait un régiment, celui des Grenadiers Roi Frédéric-Guillaume IV. Soldat avant tout, Kretschman ne vit dans son adversaire ni le prince, ni l’héritier du trône : au cours d’un combat, une attaque, imprudemment engagée par le prince impérial, échoua, et l’avantage resta au parti commandé par le général de Kretschman. L’Empereur Guillaume Ier, qui avait su apprécier les hautes qualités militaires de celui-ci, le nomma, peu de temps après, au commandement de la division de Münster.

En 1889, de nouvelles manœuvres eurent lieu en Westphalie sous la direction, cette fois, de l’empereur Guillaume II. Soldat dans l’âme et défenseur acharné des vieilles traditions militaires, le général de Krestschman critiqua d’une façon particulièrement acerbe certaines innovations, entre autres le déploiement de grosses masses de cavalerie. Est-ce à cela ou à toute autre cause qu’il faut attribuer la défaveur dont il devint brusquement l’objet ? L’année suivante, il ne fut pas inscrit sur la liste de proposition pour commandant de corps d’armée : de dépit, il demanda sa retraite « pour raisons de santé » et se retira à Berlin. Il employa son activité à écrire des livres à l’usage des soldats, qu’il aimait beaucoup malgré son apparente rudesse, et à publier d’intéressants articles de Revues. Il avait aussi conservé des relations de correspondance avec un certain nombre de camarades. Il prit une part active aux polémiques soulevées par l’apparition de l’ouvrage du grand état-major prussien sur la guerre franco-allemande. Il protesta avec la dernière énergie contre les assertions du grand état-major, au sujet du rôle joué par le IIIe corps.

En 1896, à l’occasion du 25e anniversaire du rétablissement de l’Empire, il reçut la décoration de l’Aigle Rouge de 1re classe « en souvenir de l’activité féconde en résultats dont il avait fait preuve, au cours de la campagne, comme officier attaché à l’état-major du IIIe corps ». Cette récompense tardive fut une consolation aux soucis d’ordre intime qui affligeaient ses dernières années : son cœur de soldat prussien avait souffert cruellement de l’entrée de sa fille dans les rangs du parti socialiste. Le 31 mars 1899, il mourut à peu près oublié. Il fut enterré, le jour de Pâques, dans le cimetière de la garnison, au milieu des casernes et des terrains d’exercices. Il avait exprimé lui-même le désir d’être enterré simplement ; il se serait cependant refusé à croire que cette cérémonie serait aussi simple. « À peine un petit groupe d’amis fidèles et de camarades assista au convoi ; de vieux soldats du 35e, son ancien régiment, portèrent le cercueil. Aucun piquet d’honneur dans la chapelle, aucune musique, aucun représentant de l’Empereur. On oublia même d’adresser à la veuve le télégramme habituel de condoléances[33]. »

Pierre Desrangs.
  1. Kriegsbriefe aus den Jahren 1870-71 von Hans v. Kretschman, ouvrage publié par Lily Braun, née de Kretschman. G. Reimer, éd., Berlin, 1903.
  2. Kriegsbriefe von H. v. Kretschman, Introduction, p. I.
  3. Introduction, p. IV.
  4. Introduction, p. v.
  5. Introduction, p. XXXVIII.
  6. Lettre 5, Wöllstein, 1er août 1870.
  7. Lieue d’Allemagne, 7 532 mètres.
  8. Lettre 7, Baumholder, 4 août.
  9. Lettre 8, Saint Wendel, 5 août.
  10. Lettre 15, Jouaville, 25 août.
  11. Lettre 10, Faulquemont, 12 août.
  12. Ibid.
  13. Lettre 15, Jouaville, 25 août.
  14. Lettre 15, Jouaville, 25 août.
  15. Lettre 19, Etain, 29 août.
  16. Lettre 34, Vernéville, 19 septembre.
  17. Lettre 40, Vernéville, 22 septembre.
  18. Lettre 42, Vernéville, 24 septembre.
  19. Lettre 73, Vernéville, 22 octobre.
  20. Lettre 81, Vernéville, 28 octobre.
  21. Lettre 82, Vernéville, 29 octobre.
  22. Lettre 115, Orléans, 6 décembre.
  23. Lettre 118, Châteauneuf, 10 décembre.
  24. Lettre 120, Meung, 12 décembre.
  25. Lettre 123, Mer, 17 décembre.
  26. Ibid.
  27. Lettre 128, Meung, 22 décembre.
  28. Lettre 131, Meung, 25 décembre.
  29. Lettre 146, Le Mans, 13 janvier 1871.
  30. Lettre 215, Troyes, 29 mars.
  31. Lettre 216, Troyes, 31 mars.
  32. L’Empereur d’Allemagne actuel.
  33. Les renseignements biographiques qui précèdent sont extraits de l’Introduction écrite par madame Lily Braun.