Sandoz & Fischbacher (p. xvi).


xvi

Diamant des Larmes


Un soir mélancolique où j’avais demandé
L’aumône d’un rayon au toit qui vous abrite,
Bercé par la pitié dans vos regards écrite
Je vous ouvris mon cœur de sanglots obsédé.

Foyer désert, chevet de larmes inondé,
Dégoûts, désirs de mort, cris de l’âme maudite,
Noir poème de pleurs d’où la joie est proscrite,
Tout jaillit de mon sein comme un flot débordé.

Tel je parlai. — Soudain, sous un jet de lumière,
Une larme émailla votre humide paupière
Plus vive qu’un brillant au grand jour observé.

Le temps de ce tableau n’a point terni les charmes
Et depuis trois hivers j’ai toujours conservé
Dans l’écrin de mon cœur ce diamant des larmes.