Ernest Flammarion, Eugène Fasquelle (p. 5-6).



PRÉFACE
DE
LA PREMIÈRE ÉDITION


Nous achetâmes, il y a deux ans, chez M. Charavay, une liasse de papiers, — ne sachant guère ce que nous achetions. Dans cette liasse se trouvaient pêle-mêle des documents, des notes, des extraits, des fragments, l’ébauche d’une étude sur Sophie Arnould, des mémoires inachevés de la chanteuse, attribués par le manuscrit à Sophie elle-même, enfin des copies de lettres de Sophie.

Une lecture attentive de ces dernières amena la conviction dans notre esprit : ces lettres étaient incontestablement de Sophie ; mais si nous n’avions pas de doute, le public avait le droit d’en avoir. Il fallait les preuves. Les catalogues d’autographes nous les fournirent immédiatement. Des copies que nous possédions, nous rencontrions des extraits, publiés d’après les originaux, dans les catalogues de vente de lettres du 3 février et du 14 mai 1845, du 16 avril 1846, du 10 mars 1847, du 2 mars 1854. Plus tard, une lettre dont nous faisions l’acquisition, chez M. Laverdet, se trouvait être le double, exactement textuel, d’une de nos copies ; plus tard encore, une lettre de Sophie, relative à la machine infernale de la rue Saint-Nicaise, que voulait bien nous communiquer M. Chambry, présentait la reproduction littérale d’une autre de nos copies. L’authenticité était donc établie et parfaite : c’étaient vingt-deux lettres inédites de Sophie à M. et à Mme Belanger, sauvées et retrouvées.

Les Mémoires de Sophie, — ils ne vont malheureusement, ces Mémoires, que de sa naissance à son enlèvement, — ont pour nous la même authenticités-historique. Il ne leur manque que la preuve des lettres, la preuve autographe. Mais c’est le tour et l’esprit de Sophie Arnould, et son ton et son accent. Cette voix même un peu enflée, ces parures de roman qu’elle donne à sa jeunesse, ce rehaussement de sa famille, cette allure moins libre et se guindant