Sonnets Gaillards et Priapiques/Je songeois que Philis, des enfers revenue,

Sonnets gaillards et priapiquesBibliothèque internationale d’édition (p. 25).


Je songeois que Philis, des enfers revenüe,[1]
Belle comme elle estoit à la clarté du jour
Vouloit que son fantôme encore fit l’amour,
Et que comme Ixion j’embrassasse une nüe.

Son ombre dans mon lit se glisse toute nue,
Et me dit, cher Amant, me voicy de retour,
Je n’ay fait qu’embellir en ce triste séjour
Où, depuis ton depart, le sort m’a retenüe.

Je viens pour rebaiser le plus beau des Amans,
Je viens pour remourir en tes embrassemens ;
Alors qu’en cette Idole eut abusé ma flame,

Elle me dit, à dieu, je m’en vais chez les morts,
Comme tu t’es vanté d’avoir foutu mon corps,
Tu te pourras vanter d’avoir foutu mon ame.




  1. (Publié dans le Parnasse Satyrique, 1623)