Sonnet (Corneille, I)

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Sonnet (Corneille, I)
Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 44).

IX

Sonnet.

Suivant Thomas Corneille, notre poëte a écrit sa comédie de Mélite pour employer ce sonnet, « qu’il avoit fait pour une demoiselle qu’il aimoit. » Voyez ce que nous avons dit à ce sujet dans la Notice de Mélite (tome I, p. 126 et suivantes). Ce sonnet, imprimé pour la première fois en 1632, à la suite de Clitandre, à une époque où Mélite, déjà représentée depuis plusieurs années, n’avait pas encore paru, figure à la scène IV de l’acte II de cette comédie : voyez tome I, p. 171, vers 481-494.


Après l’œil de Mélite il n’est rien d’admirable ;
Il n’est rien de solide après ma loyauté :
Mon feu, comme son teint, se rend incomparable,
Et je suis en amour ce qu’elle est en beauté.

Quoi que puisse à mes sens offrir la nouveauté, 5
Mon cœur à tous ses traits demeure invulnérable ;
Et quoiqu’elle ait[1] au sien la même cruauté,
Ma foi pour ses rigueurs n’en est pas moins durable.

C’est donc avec raison que mon extrême ardeur
Trouve chez cette belle une extrême froideur, 10
Et que sans être aimé, je brûle pour Mélite ;

Car de ce que les Dieux, nous envoyant au jour,
Donnèrent pour nous deux d’amour et de mérite,
Elle a tout le mérite, et moi j’ai tout l’amour.


  1. Dans Mélite on lit : « et bien qu’elle ait, » pour : « et quoiqu’elle ait. »