Soleils d’Hiver/7
EMBARQUEMENT D’AMIS
ing ! ding ! ding ! La cloche sonne…
C’est midi !
L’air est pur, le flot rayonne
Attiédi.
À quai, le vapeur demeure
Sans bouger,
Prêt à partir tout à l’heure
Pour Alger.
Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…
Prestement
Qu’on descende !… Plus personne !…
Autrement
Tu peux, ô retardataire,
T’infliger
Un départ involontaire
Pour Alger !
Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…
Plus d’adieux !
Plus de larmes qu’on soupçonne
Dans les yeux !
Une dernière accolade
Pour changer…
Et qu’on ne soit pas malade
En Alger !
Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…
Tout est prêt.
Quels bons baisers l’on se donne !
Quel regret !
Comme on voudrait — tant on s’aime ! —
Prolonger
L’instant du départ suprême
Pour Alger !
Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…
N, i, ni !
« Adieu, cher ! Adieu, mignonne ! »
C’est fini !
Vite, chacun dégringole,
Et, léger,
Le vapeur s’ébranle et vole
Vers Alger.
Mer tranquille et bon voyage,
Gens heureux
Qui voguez loin du rivage
Vaporeux,
Et demain, la course faite
Sans danger,
Allez, sous un ciel en fête,
Voir Alger !