A. Lemerre (p. 25-27).


EMBARQUEMENT D’AMIS

Quai de la Joliette.



Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…

C’est midi !

L’air est pur, le flot rayonne

Attiédi.

À quai, le vapeur demeure

Sans bouger,

Prêt à partir tout à l’heure

Pour Alger.


Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…

Prestement

Qu’on descende !… Plus personne !…

Autrement

Tu peux, ô retardataire,

T’infliger

Un départ involontaire

Pour Alger !


Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…

Plus d’adieux !

Plus de larmes qu’on soupçonne

Dans les yeux !

Une dernière accolade

Pour changer…

Et qu’on ne soit pas malade

En Alger !


Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…

Tout est prêt.

Quels bons baisers l’on se donne !

Quel regret !

Comme on voudrait — tant on s’aime ! —

Prolonger

L’instant du départ suprême

Pour Alger !


Ding ! ding ! ding ! La cloche sonne…

N, i, ni !

« Adieu, cher ! Adieu, mignonne ! »

C’est fini !

Vite, chacun dégringole,

Et, léger,

Le vapeur s’ébranle et vole

Vers Alger.


Mer tranquille et bon voyage,

Gens heureux

Qui voguez loin du rivage

Vaporeux,

Et demain, la course faite

Sans danger,

Allez, sous un ciel en fête,

Voir Alger !